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Kucinich : l’OTAN entraîne les néo-nazis de Secteur droit en Ukraine

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(Solidarité&Progrès)—Le 9 mars, lors d’un entretien avec l’agence de presse russe RIA Novosti, l’ex- député américain Dennis Kucinich, deux fois candidat à la nomination démocrate aux Etats-Unis, a mis le monde en garde contre l’offensive de l’OTAN, une organisation qu’il qualifie de « cauchemar anachronique ».

Tout d’abord, chacun sait qu’une junte a permis, par un coup d’Etat, à des nationalistes et des néo-nazis d’accéder au pouvoir. Une des premières mesures décidées fut une attaque contre les droits linguistiques. Et la population qui parle le russe s’est soudainement rendu compte que la langue russe était sous attaque. Évidemment, cela a créé une riposte.

Lorsqu’il s’agit d’un pays où tant de personnes parlent le russe comme première langue, cette décision a plongé beaucoup de gens dans la peur. Qui protégera le droit des gens de disposer de leur identité culturelle ? Voilà ce qui est en jeu ici. Et c’est pour cela que les gens de Crimée ont voté, pas seulement pour faire formellement partie de la Fédération russe, mais également pour protéger leur identité culturelle.

Une question plus fondamentale est également en jeu. Pendant que nous parlons, l’OTAN entraîne les miliciens de Secteur droit. On les intègre actuellement dans l’armée et on les entraîne à l’utilisation des armes lourdes, et cela ne pourra que servir leur déploiement dans un affrontement très violent. Ceci est très mauvais. Et ce qui est choquant, c’est qu’on parle de néo-nazis. (…)

Je crois qu’aux Etats-Unis, on ne comprend pas réellement ce que veut dire la prise de pouvoir par des néo-nazis. Car toute personne familière avec l’histoire de la deuxième guerre mondiale sait que la Russie a perdu 30 millions de personnes. Toute personne familière avec la bataille de Moscou sait que deux millions de Russes ont donné leur vie pour défendre la ville. Et le mémorial qu’on peut voir sur la route entre Cheremetièvo et Moscou rappelle ce sacrifice.

Les Russes n’ont pas donné leurs vies pour que 70 ans plus tard des néo-nazis puissent revenir au pouvoir, des néo-nazis formés par l’OTAN, dans le cadre d’une tentative de s’étendre jusqu’à la frontière russe en Ukraine. Ce n’est tout simplement pas acceptable. Et ce manque de compréhension historique est au cœur de l’incapacité de comprendre la réponse russe aux événements récents.

Je rappelle que j’étais une des premières personnes en Occident à analyser rigoureusement le soi-disant Accord d’association avec l’UE qu’on voulait forcer Ianoukovitch à signer. Et j’ai indiqué qu’il s’agissait en réalité d’un accord militaire déguisé en accord commercial permettant à l’OTAN de s’étendre jusqu’à la frontière russe. Evidemment, cela était le rêve de l’OTAN et une justification de son existence. Le seul problème est que cela est, historiquement, hors contexte. L’OTAN n’a pas vraiment de raison légitime pour continuer à exister. Elle essaie donc d’en créer une, en participant à une série d’événements qui ont capté l’attention mondiale. (…)

Le peuple d’Ukraine avait des griefs légitimes contre son gouvernement. Et beaucoup de gens étaient sincères. Le chômage, les bas salaires, les conditions de vie ont été terribles pour les gens. Dans ces conditions, évidemment, les Ukrainiens allaient se rassembler dans un endroit où ils se sont retrouvés dans le passé pour s’exprimer sur ce qui se passe dans le pays.

Cependant, ce qui se passé maintenant, c’est que ces néo-nazis violents ont réussi à surfer avec succès sur ce moment historique. Ils en ont profité pour mettre la main sur un certain nombre de postes dans le gouvernement, y compris ceux qui sont très sensibles et liés à la sécurité nationale. Évidemment, la Russie se préoccupe de ceci. Chaque pays a son intérêt propre. (…)

Je suis en désaccord avec mon ami le sénateur McCain. Car, pendant qu’on parle, Secteur droit accède à des armes lourdes et à l’entraînement par l’OTAN. C’est très dangereux. Et le gouvernement, plutôt la junte de Kiev, s’est mise en tête d’intégrer Secteur droit dans la Garde nationale pour gérer la sécurité intérieure.

Mais il s’agit des éléments les plus violents, ceux qui ont précipité la violence de rue. Une fois de plus, cela évoque le spectre de l’Allemagne nazie et la deuxième Guerre mondiale. On doit faire attention à ne pas jeter de l’huile sur le feu car les peuples russophones, en particulier ceux de l’est Ukrainien, voient la montée des néo-nazis et se sentent menacés dans leur identité culturelle. (…)

Question : Et qu’elle est l’obstacle majeur ?

L’OTAN. C’est un cauchemar anachronique. L’OTAN devrait être dissoute. C’est devenu un ’’racket de protection’’. C’est ce que faisait la mafia américaine dans les années 1930.

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