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L’hypocrisie de la coalition de guerre contre le groupe terroriste État islamique

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(CRC)—Nombreux sont désormais les spécialistes du Proche et Moyen-Orient qui dénoncent l’hypocrisie de la coalition d’Obama pour faire la guerre contre l’État islamique (EI) alors que dans cette coalition se trouvent de nombreux pays qui ont financé et armé ce groupe terroriste.

Ainsi, Samir Ghattas, directeur du Centre d’études stratégiques et politiques du Moyen–Orient dans une récente entrevue au journal Al Ahram, publication proche du gouvernement égyptien, affirmait que le Qatar et la Turquie financent des groupes terroristes, et pourtant, ils « ont été invités à contribuer à la campagne anti-terroriste. Nous croyons que les États-Unis ont un plan B qui consiste à promouvoir une lutte entre Sunnites et Chiites. »

Quant à Maurizio Molinari, correspondant à Jérusalem pour le quotidien italien La Stampa, il écrit que l’ancien ambassadeur israélien au Caire, Zvi Mazel, a expliqué que l’État islamique en Irak et au Levant (l’EIIL) [aujourd’hui appelé État islamique—ndlr] avait fait ses débuts dans les années 1950, au moment où le Qatar était encore sous protectorat britannique :

Lorsque le président égyptien Gamal Abdel Nasser avait expulsé les dirigeants des Frères musulmans, ils s’étaient réfugiés au Qatar, où ils construisirent une alliance avec les tribus locales et développèrent un fondamentalisme hostile à la version saoudienne. En fait, tandis que la tribu Saudi ibn Saud appelle au développement du fondamentalisme dans un seul pays, en l’occurrence l’Arabie, la tribu Al Thani au Qatar cherche à l’exporter, sous la forme d’une fraternité musulmane semblable à celle qui a distingué Osama bin Laden et qui cherche à renverser les régimes existants dans le monde arabe.

Il est étonnant, ajoute Molinari, que même si des sources du renseignement américain ont documenté le rôle du Qatar, celui-ci reste un allié de Washington, à tel point qu’on lui a vendu récemment pour 11 milliards de dollars d’armes diverses.

Ici, au Québec, le spécialiste du Moyen-Orient, Rachad Antonius accordait une courte entrevue au Journal Métro, édition de Montréal du 26 septembre, dans laquelle Antonius élabore sur certains aspects de la guerre contre le terrorisme, mettant l’accent sur le groupe État Islamique. Bien qu’Antonius fasse plusieurs erreurs dans son analyse, il adresse l’hypocrisie de la politique de guerre américaine, relatant le fait que «  (…) Washington a donné un appui tacite à ce réseau (État Islamique), en fermant les yeux quand la Turquie et les monarchies du Golfe finançaient des groupes intégristes dans l’espoir qu’ils viennent à bout du régime de Bachar el-Assad, en Syrie. »

Sans toutefois reconnaître le véritable rôle de l’Empire britannique et l’Arabie Saoudite dans le contrôle du terrorisme, qualifiant l’EI d’ « espèce de monstre, hors de contrôle  », et perpétuant le mythe que l’EI n’obtiendrait leur fonds que par la vente du pétrole sur le marché noir, Antonius adresse toutefois le lien idéologique qui lie l’ÉI à l’Arabie Saoudite : « Il faut également s’attaquer à leur idéologie, qui est par ailleurs très semblable à celle propagée par l’Arabie saoudite. État islamique n’a pas inventé la décapitation : « nos alliés » de Riyad s’en servent depuis déjà longtemps ! Qu’on ne vienne pas accuser les groupes terroristes d’être barbares quand les « alliés » avec lesquels on s’acoquine pour y faire face le sont tout autant. » Antonius faisait ainsi référence au fait que la décapitation est une peine judiciaire caractéristique d’un seul pays dans le monde, l’Arabie Saoudite.

Le rôle de l’Arabie Saoudite dans le soutien à l’EI et comme exécutant du 11 septembre, 2001 pour le compte de l’Empire britannique.

Le rôle de l’Arabie saoudite est particulièrement important, puisque Riad a été l’un des principaux soutiens de l’EI tout au long de sa longue existence – d’abord l’État islamique d’Irak, ensuite al-Qaïda en Irak, puis l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et maintenant l’État islamique.

L’un des articles les plus révélateurs est celui de Patrick Cockburn, extrait de son dernier livre The Jihadi return. Intitulé « Pourquoi la guerre au terrorisme de Washington a échoué : la sous-estimée connexion saoudienne  », l’article blâme la politique poussée de l’avant par Barack Obama pour la croissance de l’EIIL. Cockburn écrit :

Il y a des éléments extraordinaires dans l’actuelle politique américaine en Irak et en Syrie qui n’attire, chose surprenante, que très peu d’attention. En Irak, les États-Unis effectuent des frappes aériennes et envoient des conseillers et entraîneurs pour aider à repousser l’avancée de l’EIIL sur la capitale kurde Erbil... Mais en Syrie, la politique de Washington est exactement inverse : là, le principal opposant de l’EIIL est le gouvernement syrien et les kurdes syriens dans leurs enclaves du nord du pays. Tous deux sont attaqués par l’EIIL, qui s’est emparé d’un tiers du pays environ, incluant la plus grande partie de ses installations de production de gaz et de pétrole. Mais la politique des États-Unis, des pays européens, de l’Arabie saoudite et autres pays du golfe est de renverser le Président Bachar el-Assad, ce qui est justement la politique de l’EIIL et autres djihadistes en Syrie.

Aux États-Unis, le LAROUCHEPAC et plusieurs membres du Congrès américain mènent une campagne afin de rendre public 28 pages d’un rapport sur les attentats du 11 septembre 2001, publié en 2003, exposant le rôle de l’Arabie Saoudite dans la création de ces attentats. La publication de ces 28 pages est cruciale afin que le monde puisse finalement comprendre qui sont les vrais ennemis du développement des nations souveraines, et briser avec la logique de guerre qui domine depuis 2001 et qui nous rapproche d’un conflit mondial de jour en jour.

La seule alternative demeure une nouvelle architecture de sécurité globale et « inclusive » et un plan de développement révolutionnaire pour les Proche et Moyen-Orients. [JPL-GG et la documentation du site www.solidariteetprogres.org ].