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La va-t-en guerre Merkel dénoncée par les ténors de la classe politique allemande
8 décembre 2014
Karel Vereycken
Obama et Merkel, complice dans les provocations anti-russes« De nouveau la guerre en Europe ? Pas en notre nom ! » C’est avec ce titre choquant que Die Zeit, un des hebdomadaires les plus prestigieux [1] que compte l’Allemagne, a publié vendredi le 5 décembre un appel lancé par Horst Teltschik, un membre éminent de la CDU et ancien conseiller du chancelier Kohl à l’époque de la réunification allemande, et signé par une soixantaine de personnalités allemandes de premier plan. Cet appel vient en écho à la mise au point dramatique de Vladimir Poutine devant la Douma le 4 décembre. Le Président de la Fédération russe, tout en se montrant ouvert à une coopération avec les États-Unis et l’UE pour sortir de l’impasse, avait rappelé dans des termes on ne peut plus clairs que les provocations occidentales en Ukraine peuvent conduire le monde au bord d’une guerre mondiale.
Depuis plusieurs semaines, il est apparu que la chancelière allemande Angela Merkel a complètement rejoint le parti de la guerre qui règne à la City et Wall Street. Cette orientation transparaît de ses déclarations lors du sommet de l’APEC à Pékin et dans la décision allemande de prendre la tête de la Force de déploiement rapide de l’OTAN qui organisera des manœuvres en Europe de l’Est. De nouveau la guerre en Europe ? Die Zeit, Personne ne veut la guerre. Mais l’Amérique du Nord, l’Union européenne et la Russie se précipitent inévitablement vers la guerre si elles ne mettent pas un terme à la spirale désastreuse de menaces et de contre-menaces. Tous les Européens, y compris la Russie, ont la responsabilité de la paix et de la sécurité. Seulement ceux qui ne perdent pas de vue ce but, évitent des actions fatales. (…) En ce moment de grand danger pour le continent, l’Allemagne a une responsabilité spéciale pour le maintien de la paix. Sans la volonté de réconciliation du peuple de Russie, sans la clairvoyance de Mikaël Gorbatchev, sans le soutien de nos alliés occidentaux, et sans l’action prudente du gouvernement fédéral [allemand], la division de l’Europe n’aurait pas été surmonté. Permettre l’unification allemande d’avoir lieu de façon pacifique, était un geste majeur, forgé par la sagesse des puissances victorieuses. Ce fut une décision de proportions historiques. Une fois surmontée cette division de l’Europe, une paix et une sécurité permanente de Vancouver à Vladivostok aurait dû se développer, comme cela fut convenu entre les 35 chefs d’Etat et de gouvernements des membres de l’OSCE en novembre 1990, dans la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe ». (…) Cet objectif d’une politique post-guerre n’a pas été atteint jusqu’à ce jour. Les peuples d’Europe devront de nouveau vivre dans la peur. Nous, les soussignés, appelons le gouvernement fédéral allemand à assumer pleinement sa responsabilité pour la paix en Europe. Nous avons besoin d’une nouvelle politique de « détente » en Europe. Celle-ci ne sera possible que sur la base d’une sécurité égale pour tous et avec des partenaires mutuellement respectés. Le gouvernement allemand ne fera pas cavalier seul, s’il continu à appeler, dans l’impasse actuelle, au calme et au dialogue avec la Russie. Le besoin de sécurité est aussi légitime pour les Russes qu’il l’est pour les Allemands, les Polonais, les Baltes et les Ukrainiens. On ne doit pas pousser la Russie hors de l’Europe. (…) Depuis le Congrès de Vienne en 1814, la Russie est un acteur global reconnu en Europe. Tous ceux qui ont essayé de changer cela ont échoué avec fracas, le dernier étant le mégalomaniaque Hitler qui, en 1941, avait cherché, avec des intentions criminelles, à subjuguer la Russie. Nous en appelons aux membres du Parlement allemand, mandatés par le peuple comme responsables politiques chargés de traiter la gravité de la situation (…) En accusant l’ennemi de tous les maux, ils ont exacerbé les tensions à un moment où il aurait fallu lancer des signaux de désescalade. Nous en appelons également aux médias, et à leur obligation d’offrir une information sans a prioris d’une façon plus convaincante que récemment. Des éditorialistes et des commentateurs de premier plan diabolisent des pays entiers sans prendre en compte leur histoire. Tout journaliste de politique internationale doté de la moindre expérience comprend la crainte russe depuis l’offre formulée par l’OTAN à la Géorgie et à l’Ukraine de rejoindre l’alliance. Le sujet n’est pas Poutine. Les dirigeants des États arrivent et partent. Ce qui est en jeu, c’est l’Europe. (…) Le 3 octobre 1990, c’est-à-dire le jour de la réunification allemande, le Président allemand Richard von Weizäcker déclarait : « La guerre froide est finie et la liberté et la démocratie adviendront bientôt dans tous les pays… C’est un défi. On peut y arriver, mais on peut aussi échouer. Nous avons le choix d’unir l’Europe ou de retomber dans des exemples historiques douloureux de conflits nationalistes. » Jusqu’à la crise ukrainienne, nous pensions qu’en Europe, nous étions sur la bonne voie. Aujourd’hui, un quart de siècle plus tard, les mots de Richard von Weizäcker n’ont fait que gagner en pertinence. Parmi les signataires :
[1] Die Zeit (Le Temps) est un hebdomadaire allemand d’information et d’analyse politique qui paraît le jeudi. Les directeurs de publication sont actuellement l’ancien Bundeskanzler Helmut Schmidt (depuis 1983) et Joseph Joffe. [1] Die Zeit (Le Temps) est un hebdomadaire allemand d’information et d’analyse politique qui paraît le jeudi. Les directeurs de publication sont actuellement l’ancien Bundeskanzler Helmut Schmidt (depuis 1983) et Joseph Joffe. |