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Monsieur Obama, si vous êtes réellement contre le terrorisme, alors déclassifiez les 28 pages !

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Obama, ici lors de l’inauguration du National Memorial Museum à New York érigé en souvenir des victimes de l’attentat du 11 septembre. Crédit : Reuters

Solidarité&Progrès—De nombreux médias ont assisté hier à Washington, quelques heures après l’attentat de Paris, à la conférence de presse organisée par les députés américains Walter Jones (républicain de l’Etat de Caroline du Nord) et Stephen Lynch (démocrate du Massachusetts), pour exiger de l’administration Obama la déclassification immédiate des 28 pages du rapport de la Commission d’enquête conjointe du Congrès, documentant le rôle de l’Arabie saoudite dans les attentats du 11 septembre 2001.

Le principal invité à cette conférence de presse, prévue depuis quelque temps déjà, était l’ancien sénateur démocrate Bob Graham, qui avait co-dirigé la Commission d’enquête conjointe du Congrès, et qui s’est battu sans relâche depuis 12 ans pour la publication de la totalité du rapport, incluant les 28 pages censurées à l’origine par George W. Bush et aujourd’hui par Barack Obama. (Rappelons que deux jours à peine avant l’attentat contre les locaux de Charlie Hebdo à Paris, le magazine Paris Match avait publié un article sur ces mêmes 28 pages et les efforts de responsables américains pour obtenir leur publication.)

En plus de ces trois responsables politiques, se trouvaient également parmi les intervenants Terry Strada, co-présidente de l’association 9/11 Families and Survivors United for Justice Against Terrorism (Familles et survivants unis du 11 septembre pour la justice contre le terrorisme) ; Sylvia Carver, sœur d’une victime de l’attentat du 11 septembre au Pentagone ; et Abraham Scott, mari d’une autre victime au Pentagone.

Les députés Jones et Lynch ont également annoncé avoir déposé la veille à la Chambre des représentants, soit le 6 janvier, une nouvelle proposition de loi demandant au Président Obama de faire le nécessaire pour la publication des 28 pages.

Dans ses remarques, le sénateur Graham a insisté sur le fait que le refus d’Obama de lever le sceau du secret sur ces 28 pages constitue d’abord un déni de justice et d’accès à la vérité pour les victimes, les familles des victimes et l’ensemble du peuple américain, et a pour effet d’affaiblir la sécurité nationale des Etats-Unis. Le sénateur a démontré que le prétexte de la sécurité nationale avancé par Obama pour justifier la censure ne tient pas la route, et a rappelé comment le Président Lincoln avait tenu au cours de la Guerre civile à informer la population américaine de chaque message qu’il faisait parvenir au département d’Etat, en particulier sur le rôle de la Grande-Bretagne et son soutien aux rebelles confédérés :

Prenons un exemple de la Guerre civile. Les Britanniques avaient signé un accord de neutralité avec les Etats-Unis, s’engageant à ne pas s’ingérer dans la Guerre civile. On a trouvé, par la suite, que leurs arsenaux avaient construit des navires militaires pour le compte des Confédérés. Après la guerre, les Etats-Unis n’ont pas oublié ; ils n’ont pas ignoré les effets négatifs de la perfidie britannique. Au contraire, ils ont persisté et obtenu une reconnaissance de ce que les Britanniques avaient fait, et obtenu quelque compensation pour les conséquences de leurs actes. Quelle différence dans la manière dont ce pays concevait son rôle en tant que défenseur valeureux de la justice pour ses citoyens, par rapport à ce que nous voyons aujourd’hui !

Graham a ensuite conclu son intervention en se référant à l’attentat qui venait d’avoir lieu, quelques heures plus tôt, dans les locaux de Charlie Hebdo, à Paris :

Je vais insister aujourd’hui sur le fait que la non-publication [de ces 28 pages] constitue bel et bien une menace à la sécurité nationale, et nous venons d’en avoir un autre exemple, aujourd’hui, à Paris.

Voici quelques faits : Les Saoudiens savent ce qu’ils ont fait. Il s’agit de personnes qui ne sont pas inconscientes des conséquences des actions de leur gouvernement. Ensuite, les Saoudiens savent que nous savons ce qu’ils ont fait ! Quelqu’un au sein de notre gouvernement a lu ces 28 pages, quelqu’un au sein de notre gouvernement a lu tous les autres documents qui ont été censurés jusqu’ici. Et les Saoudiens le savent.

Que pensez-vous de ce que serait leur position, s’ils savaient ce qu’ils ont fait, et savaient que les Etats-Unis savaient ce qu’ils ont fait, observant que les Etats-Unis ont adopté une attitude de passivité, voire même d’hostilité, contre l’idée de laisser ces faits parvenir jusqu’au public ? Que ferait le gouvernement saoudien dans ces circonstances, qui sont précisément celles que nous avons vues, depuis plus d’une décennie ?

Et bien, ils ont maintenu, et même accru leur soutien à l’une des formes les plus extrêmes de l’Islam, la Wahhabisme, à travers le monde, en particulier au Moyen-Orient. Ensuite, ils ont soutenu la ferveur religieuse, par des moyens financiers ou autres, des institutions qui ont propagé ces formes extrêmes d’Islam. Ces institutions comprennent des mosquées, des madrassas, et des moyens militaires. Al Qaïda était une créature de l’Arabie saoudite ; les groupes régionaux tels que al-Shabaab sont dans une large mesure des créatures de l’Arabie saoudite ; et aujourd’hui, lJe vais insister aujourd’hui sur le fait que la non-publication [de ces 28 pages] constitue bel et bien une menace à la sécurité nationale, et nous venons d’en avoir un autre exemple, aujourd’hui, à Paris.

Voici quelques faits : Les Saoudiens savent ce qu’ils ont fait. Il s’agit de personnes qui ne sont pas inconscientes des conséquences des actions de leur gouvernement. Ensuite, les Saoudiens savent que nous savons ce qu’ils ont fait ! Quelqu’un au sein de notre gouvernement a lu ces 28 pages, quelqu’un au sein de notre gouvernement a lu tous les autres documents qui ont été censurés jusqu’ici. Et les Saoudiens le savent.

Que pensez-vous de ce que serait leur position, s’ils savaient ce qu’ils ont fait, et savaient que les Etats-Unis savaient ce qu’ils ont fait, observant que les Etats-Unis ont adopté une attitude de passivité, voire même d’hostilité, contre l’idée de laisser ces faits parvenir jusqu’au public ? Que ferait le gouvernement saoudien dans ces circonstances, qui sont précisément celles que nous avons vues, depuis plus d’une décennie ?

Et bien, ils ont maintenu, et même accru leur soutien à l’une des formes les plus extrêmes de l’Islam, la Wahhabisme, à travers le monde, en particulier au Moyen-Orient. Ensuite, ils ont soutenu la ferveur religieuse, par des moyens financiers ou autres, des institutions qui ont propagé ces formes extrêmes d’Islam. Ces institutions comprennent des mosquées, des madrassas, et des moyens militaires. Al Qaïda était une créature de l’Arabie saoudite ; les groupes régionaux tels que al-Shabaab sont dans une large mesure des créatures de l’Arabie saoudite ; et aujourd’hui, l’Etat islamique (EI) est leur dernière créature ! (...)

Ainsi, la conséquence de notre passivité à l’égard de l’Arabie saoudite est que nous avons toléré cette succession d’institutions, violentes, extrêmes, et extrêmement dangereuses pour le Moyen-Orient, et une menace pour le monde, comme nous l’avons vu ce matin à Paris.

’Etat islamique (EI) est leur dernière créature ! (...)

Quant aux députés Jones et Lynch, ils ont rappelé qu’ils ont écrit personnellement au Président Obama, exhibant la copie de la lettre envoyée en avril dernier à ce sujet, et rappelé qu’Obama avait lui-même déclaré aux familles des victimes qu’il allait autoriser la publication des 28 pages. Ils n’ont toujours pas reçu, à ce jour, une réponse à leur lettre.

De nombreux médias ont assisté à la conférence de presse, dont des représentants de CNN, Fox News, US News and World Report, Newsweek, Daily Beast, the New York Times, ABC, NBC, Huffington Post, et la National Review, ainsi que plusieurs sites consacrés aux attentats du 11 septembre, dont 28pages.org et hr428.org.

Déjà mercredi soir, plusieurs médias avaient couvert la conférence de presse, certains faisant le lien avec l’attentat contre le bureau de Charlie Hebdo à Paris.

Il est clair que si Barak Obama souhaite vraiment, comme il l’a déclaré hier, «  être solidaire avec la France  » (qu’il a décrite comme l’un des plus anciens et des plus proches alliés des Etats-Unis), suite à « une attaque lâche et maléfique » contre « la liberté d’expression et la liberté de la presse », il doit mettre fin à sa lâcheté et faire en sorte que le contenu de ces 28 pages soit publié aujourd’hui même.

Vidéo de la conférence de presse (en anglais) :