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Terrorisme : mettons fin à l’impunité des banques !

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Solidarité&Progrès—En annonçant lundi sa décision de suspendre pour une durée de 30 jours les droits de transfert, par la banque HSBC, de fonds vers l’étranger (souvent des fonds non-déclarés détenus dans les paradis fiscaux off-shore), le gouvernement argentin a montré la voie sur les mesures à prendre pour lutter contre le financement du terrorisme international par les grandes banques de la City et de Wall Street.

En France, après les attaques terroristes contre Charlie Hebdo, Jacques Cheminade a appelé à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les sources de financement du terrorisme. Car c’est là qu’il faut frapper.

Pour ce qui concerne le blanchiment des fonds au profit d’organisations terroristes internationales, une activité souvent associée au trafic d’armes et au blanchiment de l’argent de la drogue, HSBC est en effet un cas emblématique.

Nous présentons ici cet aspect tel, qu’il a été développé par Jeff Steinberg, rédacteur de l’hebdomadaire Executive Intelligence Review (EIR) et spécialiste des questions de renseignement, dans une émission du 9 janvier sur le site LPACTV. (La partie de cette émission traitant du rôle de l’Arabie saoudite a déjà été présentée dans un article précédent.)

Jeff Steinberg :

Avant d’entrer dans la question de l’Arabie saoudite en tant que telle, je voudrais introduire l’aspect lié au rôle joué par Wall Street.

Il y a un an et demi environ, la sous-commission d’enquête permanente du Sénat avait publié un rapport de 300 pages retraçant le rôle joué par une seule banque, une banque du Commonwealth britannique, dans le blanchiment de l’argent de la drogue à destination des États-Unis, ainsi que le financement du terrorisme international en partenariat avec des banques saoudiennes.

Le rapport visait en particulier la banque HSBC, établie au cours des Guerres de l’opium de l’Empire britannique contre la Chine au XIXe siècle, et connue pendant plusieurs décennies sous le nom Hongkong and Shanghai Banking Corp. Cette banque a joué un rôle central dans l’histoire du trafic de drogue en général, et a servi ouvertement de chambre de compensation pour le trafic de drogue durant de nombreuses décennies.

Le rapport du Sénat est exhaustif et bien documenté. Lorsqu’il fut présenté au département (américain) de la Justice, celui-ci a refusé d’engager des poursuites contre la banque. La politique adoptée par les deux derniers présidents, sous la présidence Bush-Cheney d’abord puis celle de Barack Obama, est qu’en raison de la grande fragilité de Wall Sreet et de la City de Londres, la moindre procédure judiciaire contre un Jamie Dimon ou tout autre dirigeant d’une banque de Wall Street provoquerait des « dommages collatéraux » susceptibles de faire sombrer l’ensemble du système financier.

A une question posée par EIR lors d’une conférence de presse, consistant à savoir ce qu’il faut faire à propos des preuves du financement massif du trafic de drogue et du terrorisme jihadiste/salafiste par cette banque, le Sénateur Carl Levin, aujourd’hui à la retraite, avait répondu que le travail des politiques était d’enquêter et de transférer l’information au département de la Justice. Cependant, a-t-il ajouté, pour le dire franchement, l’une des possibilités serait de retirer à la banque sa licence, son droit à opérer aux États-Unis, et ce tant qu’elle persiste dans la criminalité.

Le département de la Justice, de même que le gouvernement Obama, Wall Street et la City avaient une opinion bien différente à ce sujet : HSBC est l’un des joyaux du système financier de l’Empire britannique et de sa capacité à blanchir l’argent de la drogue, qu’on ne peut distinguer du financement du terrorisme international. C’est ce que l’on peut voir dans les documents montrant comment HSBC avait pour partenaire des banques saoudiennes faisant partie d’un réseau de financement d’al Qaïda. La politique du gouvernement Obama a été : « Laissons faire, car le système est si fragile que tout pourrait exploser. »

Eh bien ! Ce système mérite qu’on le laisse exploser, à condition d’avoir fait le nécessaire pour mettre à l’abri l’épargne populaire en rétablissant, ici aux États-Unis, la loi Glass-Steagall.

Nous sommes arrivés au point où le danger de guerre, et il ne s’agit pas d’une guerre locale ou régionale, mais d’une guerre mondiale, se transformerait rapidement en guerre d’extinction thermonucléaire. Car les cibles sont la Russie et la Chine. La motivation pour une telle guerre est uniquement l’état de banqueroute actuelle du système financier transatlantique de Londres et de Wall Street.

La chute du gouvernement grec il y a quelques semaines menace de détruire l’accord prévalant au sein de la Troïka et conduira probablement à la sortie de la Grèce de l’euro : une situation décrite comme un « moment Lehman Brothers/Bear Stearns » en Europe. En d’autres termes : le détonateur de l’effondrement du système dans son ensemble.

De la même manière, ici aux États-Unis, le seul fait que les Saoudiens et les Britanniques cherchent à éliminer la compétition dans le secteur de l’énergie, en faisant chuter les prix du pétrole en-dessous des coûts de production dans la plus grande partie du monde, est en train de générer des ondes de choc au sein de l’establishment financier, car le prix de pétrole a servi de fondement à l’empilement d’une montagne de dettes, de contrats dérivés, de dettes titrisées, etc., totalisant plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars.

Ainsi, le système est extraordinairement fragile et la seule manière dont il pourrait survivre serait soit de forcer la Chine et la Russie à capituler complètement et à s’ouvrir au pillage, ou bien d’aller en guerre. Sous le brouillard de la guerre, beaucoup de titres financiers pourront être restructurés sans avoir à remplacer les gens au pouvoir.

(…)

Wall Sreet et les Saoudiens, avec les Britanniques, ont reçu sans arrêt de la part du gouvernement américain depuis 14 ans des signaux leur disant qu’ils peuvent agir dans l’impunité, une situation que le sénateur Graham a opposée [dans la conférence de presse du 7 janvier sur les 28 pages], à la nécessité d’une présidence s’élevant au niveau de Lincoln, quelqu’un pour qui la justice et la vérité sont les deux éléments clé du système constitutionnel américain.

Ainsi, la question de l’impunité concerne autant le rôle de l’Arabie saoudite dans les préparatifs des attentats du 11 septembre, que celui du financement de l’argent sale associé au trafic de drogue, d’armes et au terrorisme. Cette impunité a été accordée à de nombreuses reprises par les autorités américaines à des responsables saoudiens et des dirigeant de la banque HSBC. Le ministre de Justice d’Obama Eric Holder a refusé de retirer à HSBC sa licence d’opérer aux États-Unis au lendemain de la publication du rapport du Sénat le 17 juillet 2012...

Les liens d’HSBC avec le financement du terrorisme

Cet extrait est repris d’un article publié par S&P le 1er août 2012, concernant le rapport du Sénat du 17 juillet 2012 intitulé « U.S. Vulnerabilities to Money Laundering, Drugs, and Terrorist Financing : HSBC Case History  » (« Vulnérabilités des Etats-Unis au blanchiment d’argent, à la drogue et au financement du terrorisme : le cas d’HSBC »).

Le troisième problème concerne le fait qu’HSBC opère dans des régions du monde où le terrorisme constitue un défi majeur et montre un empressement inquiétant pour faire des affaires avec des banques liées au financement du terrorisme.

Un exemple en est donné par la banque Al Rajhi, la première banque privée d’Arabie saoudite. Après les attentats du 11 septembre, il a été prouvé que le principal fondateur de cette banque était un bienfaiteur d’Al-Qaïda et qu’il fournissait des comptes à des clients suspects.

En 2005, le groupe HSBC demanda à ses filiales de rompre avec cette banque, faisant toutefois une exception pour HSBC Moyen-Orient. Quatre mois plus tard, sans aucune explication, il faisait volte-face, laissant à chaque filiale le droit de décider de faire ou non des affaires avec la Al Rajhi Bank.

HBUS choisit alors de fermer ses comptes chez Al Rajhi. Au cours des deux années suivantes, cependant, ses propres directeurs et ceux d’autres filiales HSBC firent pression pour qu’elle rétablisse ses liens avec la Al Rajhi Bank, et en 2006, après que celle-ci eut menacé de retirer ses billes d’HSBC si HBUS ne rétablissait pas ses comptes en dollars US, HSBC a cédé.

Au cours des quatre années suivantes, HBUS a fourni à Al Rajhi bank près de 1 milliard de dollars US, ne s’arrêtant que lorsque HSBC prit la décision globale de mettre totalement fin aux transactions de billets de banques.