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Helga Zepp-LaRouche en Corée du Sud : une nouvelle ère où l’humanité sera véritablement humaine

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Texte de la présentation d’Helga Zepp-LaRouche, présidente et fondatrice de l’Institut Schiller, à la Conférence académique internationale de la Route de la soie 2015, qui s’est tenue le 21 août 2015 à Gyeongjun, en Corée du Sud, dans le cadre du Gyeongju Silk Road Cultural Festival 2015 (voir affiche de l’évènement ci-dessus).

Le thème de la Conférence était consacré à la mise en place de Centres d’étude et au développement d’une nouvelle discipline de recherche indépendante sur la Route de la soie. Le discours d’Helga Zepp-LaRouche a été lu par Mike Billington.

Lorsque nous parlons de la Route de la soie en tant que vision pour l’avenir, il faudrait qu’elle soit vue comme un synonyme de non seulement un nouvel ordre économique mondial juste, et surtout comme fondement d’un ordre de paix pour le 21e siècle reposant sur des principes économiques et scientifiques différant entièrement du système de mondialisation antérieur, mais aussi comme un nouveau paradigme concernant l’identité de l’espèce humaine comme étant la seule espèce créative connue jusqu’à présent dans l’univers.

Pour ce qui concerne le premier aspect, c’est-à-dire le nouveau système économique, d’incroyables progrès ont été accomplis lors des derniers sommets des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) : une entente a été trouvée concernant l’intégration de Union économique eurasiatique (UEEA) et de la Ceinture économique de la Nouvelle route de la soie avec le système de transport de l’OCS. Cela sera un immense bienfait pour tous les peuples de l’Eurasie. Si nous ajoutons le nouveau système bancaire, composé de la Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure (BAII), la Nouvelle banque de développement (NBD), la Banque de l’OCS, la Banque de l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASARC), le Fonds de la Nouvelle route de la soie, le Fonds de la Route de la soie maritime et le Contingent Reserve Arrangement (CRA), qui sont tous voués à l’investissement dans l’économie réelle et à la lutte contre la spéculation, un ordre économique et financier entièrement nouveau s’est mis en marche, un ordre qui représente, en termes de ressources humaines et naturelles et de potentiel, la locomotive de la future économie mondiale.

Le Président Poutine, tout comme le Président Xi Jinping, ont insisté sur l’idée que les BRICS forment une organisation autonome mais ouverte à la coopération avec tous les autres pays, incluant les États-Unis, les pays européens et asiatiques.

Le Président a qualifié cette politique d’inclusive et de gagnant-gagnant, permettant à tous les pays participants d’en tirer mutuellement des bénéfices. Le Président Poutine a réitéré cette ouverture. Le concept de Nouvelle route de la soie est par conséquent l’initiative stratégique la plus importante, car est elle la seule politique actuellement disponible pour surmonter le concept de géopolitique, qui a servi de base aux deux Guerres mondiales du 20e siècle.

L’idée que des pays, ou un groupe de nations, puissent être entraînées dans une lutte entre elles au nom d’intérêts géopolitiques légitimes doit être remplacée par l’idée qu’il existe un niveau plus élevé de raison, où les conflits historiques, ethniques ou autres disparaissent. L’humanité doit se définir de cette manière pour la première fois de son histoire, c’est-à-dire selon les objectifs communs à toute l’espèce humaine.

Il ne s’agit pas là d’une vision pour un avenir lointain, mais d’un fondement indispensable pour intervenir dès maintenant dans la situation stratégique actuelle. Car il y a le danger immédiat de l’éclatement du système financier transatlantique, bien plus grave que l’effondrement de Lehman Brothers et d’AIG en septembre 2008. Lié à ce problème, il y a l’escalade des tensions entre l’OTAN et la Russie et la Chine, pouvant conduire à un conflit thermonucléaire mondial.

« L’horloge du jugement dernier du krach mondial frappe une minute avant minuit, alors que les banques centrales perdent le contrôle », tel était la Une du quotidien britannique le Daily Telegraph le 18 août, un titre montrant que les analystes financiers reconnaissent que tous les indicateurs sont aujourd’hui dans une situation similaire à celle de septembre 2008, à part le fait que les banques trop grosses pour sombrer sont aujourd’hui 40 % plus grosses, et que leur exposition aux produits dérivés est 80 % plus élevée, et que le soi-disant coffre à outils des banques centrales est vide, puisque les taux d’intérêts sont déjà à près de 0 % et que l’assouplissement quantitatif est en cours depuis plusieurs années, sans que l’économie réelle n’ait réussi à redémarrer.

C’est en raison de cette menace d’effondrement imminent du système financier transatlantique que l’Occident s’apprête à tomber dans ce piège de Thucydide dont on parle tant ces jours-ci, résultant des idées développées avant la Première Guerre mondiale par les auteurs de la géopolitique, Mackinder et Milner. La même impulsion gouverne ceux qui souhaitent voir la Russie comme une puissance régionale seulement, une affirmation absurde à la lumière des capacités nucléaires stratégiques récemment modernisées de ce pays, ou bien ceux qui voient la montée de la Chine comme quelque chose qui doit être contenu.

Le European Leadership Network (ELN), un groupe de réflexion formé d’anciens ministres de la Défense européens et russe, vient de publier une mise en garde concernant les manœuvres en cours de l’OTAN et de la Russie, qui font qu’une guerre en Europe devient plus probable. La Russie se prépare en vue d’une guerre contre l’OTAN, et l’OTAN se prépare à un affrontement contre la Russie, selon les auteurs de l’étude. Une telle guerre ne se limiterait pas cependant à l’Europe, car il est dans la nature même des armes nucléaires qu’une guerre finisse par prendre une dimension thermonucléaire et mondiale une fois qu’elles sont utilisées, chose qui conduirait selon toute probabilité à l’extinction de l’espèce humaine.

Afin d’empêcher cela, il est urgent de mettre la perspective de la Nouvelle route de la soie sur la table des discussions au niveau international, et ce avec d’autant plus d’énergie qu’elle constitue une politique permettant d’éviter la guerre.

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La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre eurasiatique
Dossier spécial de l’EIR détaillant la transition du concept de la Nouvelle route de la soie, proposé au cours des années 90, vers celui d’un processus de développement global, inclusif et équilibré de l’économie mondiale, tel que celui promu aujourd’hui par la Chine et les BRICS.

L’Institut Schiller a présenté l’année dernière un rapport de 370 pages intitulé La Nouvelle route de la soie devient le Pont terrestre mondial, qui pose les bases de l’intégration par l’infrastructure de tous les continents, grâce à un système ferroviaire à grande vitesse, des autoroutes, des canaux de navigation, des tunnels et des ponts, constituant les artères de couloirs de développement. Ce plan complet pour la reconstruction de l’économie mondiale apporterait d’immenses avantages aux pays participants, permettant à chaque partie de la planète de s’impliquer dans une stratégie gagnant-gagnant.

Ceci sera le moyen d’apporter aux régions enclavées de la planète les mêmes avantages dont ont bénéficié jusqu’à maintenant les régions situées le long des côtes et des fleuves. Cette infrastructure sera non seulement la précondition pour le développement de l’industrie et de l’agriculture, mais surtout pour l’accroissement de la productivité des populations concernées. A mesure que progressera l’ouverture de régions jusque là sous-développées, et à mesure que l’industrialisation s’intensifiera, la vitesse et la connectivité des transports deviendra plus importante, et les avantages des systèmes ferroviaires à grande vitesse prendront par conséquent le dessus sur les transports maritimes moins onéreux. Plutôt que de transporter des matériaux bruts et des matières premières sur des périodes couvrant des semaines par voie maritime, où rien ne se passe pendant qu’ils transitent par mer, dans les centres industriels situés le long des voies terrestres et marqués par une division différenciée du travail ainsi que des procédés de transformation complexes, le temps est mis à profit.

Il y a une grande région de notre planète où une solution doit être trouvée de toute urgence : il s’agit de toute évidence de l’Asie du Sud-Ouest et de grandes parties de l’Afrique du nord et du centre. Ces vastes régions ont été entièrement dévastées par des guerres souvent motivés par des mensonges, et où la soi-disant guerre au terrorisme a généré plus de terroristes, suite à chaque assassinat par bombe ou par drone. Si l’ensemble de la région s’étendant du Caucase au golfe Persique et à la mer d’Arabie, de l’Afghanistan à la Méditerranée ainsi qu’aux parties de l’Afrique que nous venons de mentionner, une région bombardée littéralement jusqu’à l’effacement de toute trace de civilisation, devait cesser d’être un terreau fertile au terrorisme, alors elle doit pouvoir bénéficier d’une véritable perspective de développement.

Nous sommes actuellement confrontés à une crise des réfugiés en provenance de l’Asie du Sud-Ouest et de l’Afrique centrale et du nord, qui atteint des proportions inédites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec la migration de l’Europe de l’est vers celle de l’ouest. Douze millions de gens s’étaient alors enfuis. Selon l’ONU, il y a 60 millions de gens en déplacement à l’heure actuelle, la plupart réfugiés dans des pays voisins qui sont pauvres et qui sont entièrement dépassés par la situation, et une grande partie d’entre eux cherche d’une manière ou d’une autre à atteindre l’Europe, où certaines villes et quartiers sont entièrement débordées, et où des explosions sociales et des réactions xénophobes menacent à court terme la stabilité sociale.

A la lumière des récentes révélations de l’ancien directeur du renseignement militaire américain (DIA), le général Michael Flynn, concernant l’émergence de l’État islamique (EI), il faut de toute urgence faire une analyse en profondeur des causes à l’origine de ces crise des réfugiés. Un traitement en profondeur du problème doit ensuite être appliqué.

Déjà en 2012, nous avions présenté à une conférence de l’Institut Schiller à Francfort un plan détaillé pour le développement de cette région dans son ensemble. Si seulement les principaux voisins, c’est-à-dire la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, l’Egypte et, je l’espère, des pays européens comme l’Allemagne, la France, l’Italie, ainsi que les Etats-Unis, pouvaient se mettre d’accord avec les BRICS pour élargir la perspective de développement de la Nouvelle route de la soie à toute l’Asie du Sud-Ouest et à l’Afrique, alors il y aurait une possibilité de voir émerger une meilleure vision de l’avenir dans cette région, qui permettrait de convaincre les jeunes hommes en particulier qu’il vaut mieux étudier pour devenir un scientifique ou un ingénieur, et élever une famille, plutôt que de se joindre à des groupes de djihadistes toujours plus nombreux. La perspective d’un niveau plus élevé de raison intégré dans le concept de Nouvelle route de la soie, est le seul moyen de mettre fin aux hostilités profondes et amères qui se sont propagées entre les différents groupes ethniques et religieux.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un programme de développement intégré, incluant un plan de lutte contre le désert et le développement de nouvelles ressources hydrauliques, l’infrastructure, l’industrie, l’agriculture, de nouvelles villes intelligentes et des centres de recherche scientifique. Si tous les pays qui sont actuellement menacés par le terrorisme émanant de cette région pouvaient collaborer à cet effort de développement, alors le danger serait surmonté.

De la même manière, plutôt que de renforcer les moyens de défense avec Frontex et des navires armés contre les centaines de milliers de réfugiés actuels ou les millions à venir – des réfugiés qui cherchent à fuir la guerre, la famine et la maladie au risque de perdre la vie lors de la traversée de la Méditerranée –, ne serait-il pas plus censé de développer ces régions, sachant que les gens préféreraient rester dans leur pays plutôt que de faire face à un avenir aussi horrible ? Il faut décider dès aujourd’hui quel sera l’avenir de cette région d’ici 50 ou 100 ans : un âge de noirceur au mieux, ou bien l’époque moderne, avec un niveau de vie décent pour tous.

Avec le changement climatique, principalement causé par des influences solaires et galactiques sur notre planète, la ceinture des déserts s’étendant de la côte atlantique de l’Afrique, à travers le Sahara et le Sahel, jusqu’au Proche et Moyen-Orient, à la péninsule Arabique à la Chine, est actuellement dans une phase d’expansion, tout comme le désert du sud-ouest des Etats-Unis et ceux d’Amérique centrale et du Sud. La réponse évidente à ce problème est la production de grandes quantités d’eau douce par des méthodes comme le dessalement de l’eau de mer par le nucléaire, des projets de détournement de rivières au niveau continental, la modification du climat par l’ionisation de la vapeur atmosphérique.

Dans plusieurs pays, des systèmes d’ionisation atmosphérique ont été testés avec succès, permettant d’accroître les précipitations et de modifier les processus associés à la météo. Une mise en application réussie de cette méthode, imitant les processus qui ont lieu naturellement dans notre système solaire et notre galaxie, a été testée sur plusieurs décennies. En coopérant au niveau international pour développer plus avant ces technologies, la désertification des régions mentionnées pourrait être combattue avec des moyens inédits : en gérant les ressources hydrauliques de l’atmosphère !

La coopération dans la recherche et les voyages spatiaux est l’un des domaines les plus prometteurs pour l’avenir de l’humanité. Elle conduira à des découvertes révolutionnaires et nécessaires sur le fonctionnement de notre Système solaire et notre galaxie. Il s’agit là d’une question existentielle, de manière à protéger l’humanité des dangers provenant de l’espace, tels les astéroïdes et corps similaires,. Cela nous permettra également d’ouvrir la voie à l’exploitation de ressources pratiquement illimitées, comme par exemple l’hélium 3 présent sur la Lune, qui constituera le fondement de l’économie de fusion ici même sur Terre. Si l’on considère les énormes progrès accomplis dans la science et la technologie, il est clair que la science spatiale en est actuellement à ses balbutiements.

Au récent sommet des jeunes des BRICS à Kazan, en Russie les 8 et 9 juillet, les participants ont signé un protocole d’entente appelant les pays membres des BRICS à construire une station spatiale conjointe, et de s’engager à créer un système d’instituts de recherche, des parcs d’activités consacrés au développement technologique, ainsi qu’à organiser des expositions sur des sujets liés à la recherche, selon une dépêche publiée par un site Internet russe. Le protocole disait : un travail commun pour la construction d’une station spatiale et l’exploration de l’espace lointain et la mise sur pied de missions habitées peuvent devenir le symbole d’un nouvel ordre mondial fondé sur les valeurs des BRICS.

Bien que le concept de Nouvelle route de la soie se transformant en Pont terrestre mondial permette de compléter l’ère du développement de l’infrastructure sur Terre, son extension en Nouvelle route de la soie de l’espace représente une compréhension de notre planète comme faisant partie de notre galaxie, et nous permettra de comprendre les processus galactiques dont nous faisons partie.

La beauté de notre monde est qu’il contient de nombreuses et riches cultures, qui ont contribué à l’histoire universelle de l’espèce humaine. L’ancienne Route de la soie n’a pas seulement conduit à l’échange de biens comme la porcelaine, le verre et les épices ; elle a permis aussi l’échange des technologies les plus novatrices, conduisant à l’amélioration des niveaux de vie de tous les pays participants. A cela s’est ajouté l’échanges des cultures, des philosophies et d’idées nouvelles, permettant à l’humanité de progresser.

La Route de la soie a permis à chaque culture de notre planète de contribuer de son mieux et de la manière la plus noble aux domaines de la musique, de la poésie, des arts visuels, de la philosophie, et de la science. Grâce à la Nouvelle route de la soie, il y aura un échange des moments forts de chaque culture et civilisation : jeunes et vieux étudieront la période classique grecque, de même que Confucius, la période Goupta, l’ère des Abbassides, la renaissance Andalouse, la période Chosun, la renaissance italienne et les classiques allemands, pour n’en nommer que quelques uns. En apprenant à connaître la culture de l’autre, une compréhension profonde et même un amour des autres cultures se développera, et de cette manière les préjugés, le chauvinisme et l’arriération seront remplacés par l’esprit d’une nouvelle renaissance, émergeant de la connaissance des anciennes cultures tout en s’élargissant et en s’enrichissant par la création de nouvelles œuvres d’art dans tous les domaines.

La Nouvelle route de la soie ouvrira la voie à un paradigme entièrement nouveau pour l’humanité, grâce auquel la qualité qui différencie les êtres humains des autres espèces, son pouvoir de raison créatrice, deviendra quelque chose de normal. Ce qui dans l’histoire a été la caractéristique d’individus exceptionnels, des grands découvreurs, scientifiques, compositeurs et poètes, deviendra une condition de plus en plus naturelle pour de plus en plus de gens, en particulier lorsque chaque enfant aura accès à une éducation universelle mettant l’emphase sur ces trésors. Cette nouvelle renaissance sera la démonstration de la théorie du scientifique russe Vladimir Vernadski, selon laquelle, dans l’évolution de l’univers, la noösphère prendra le dessus sur la biosphère. L’espèce humaine développera son identité en tant qu’espèce véritablement créatrice.

Ainsi, nous avons en tant qu’humanité atteint le plus important carrefour de toute notre histoire. Soit nous organisons nos efforts de manière consciente, en s’appuyant sur le nouveau paradigme que la Nouvelle route de la soie représente, créant ainsi délibérément une nouvelle ère dans l’histoire humaine, soit nous subissons le même destin que les dinosaures. J’ose espérer que cette conférence et le Centre d’étude sur la Nouvelle route de la soie permettront de faire parvenir au monde entier un message profond en ce sens. Merci beaucoup.