|
Syrie : Vladimir Poutine bouscule l’agenda international
15 septembre 2015
Solidarité&Progrès—L’intervention décisive du Président russe pour éviter une escalade des conflits et du terrorisme en Asie du sud-ouest a fait basculer la situation stratégique internationale, prenant complètement au dépourvu le président Obama. Tout en renforçant les moyens militaires des forces armées syriennes, le président russe a appelé à une coalition internationale pour faire du combat contre Daesh en Irak et en Syrie une priorité. Il a fait remarquer par la même occasion que la vague de réfugiés est constituée avant tout de Syriens fuyant les décapitations barbares et autres atrocités commises par Daesh, dont la destruction de monuments culturels et historiques irremplaçables. La priorité de Washington, par contre, reste le renversement du régime du président Bachar al-Assad pour des raisons géopolitiques, quitte à soutenir les forces bestiales financées par les Saoudiens. Nul ne conteste que la campagne de raids aériens que les États-Unis prétendent conduire contre Daesh ne donne aucun résultat. Poutine présentera sans doute sa proposition lors des débats à l’Assemblée générale de l’ONU. Des représentants européens ont déjà fait preuve d’une ouverture à son appel. Tel n’est pas le cas du président Obama, qui a été visiblement déstabilisé par l’initiative russe. Si certains à Washington, notamment dans le monde du renseignement et de la défense, ont salué l’implication de la Russie eu égard au renforcement alarmant des forces djihadistes, Obama lui-même a claironné que Washington ne permettra en aucun cas que Bachar al-Assad reste au pouvoir. Le secrétaire d’Etat John Kerry a averti que face à une coalition internationale, les « sponsors de Daesh » réagiraient en lui fournissant plus d’armes et d’argent. Bien qu’il ne l’ait pas dit, on sait que les « sponsors » en question sont des organisations wahhabistes saoudiennes. Or, comme le faisait remarquer l’économiste américain Lyndon LaRouche, Poutine a mis Obama au pied du mur et celui-ci devra céder. Vladimir Poutine n’est pas un politicien opportuniste, mais un « penseur stratégique », a également souligné LaRouche. Il était à Beijing pour consolider les relations bilatérales avec la Chine, juste avant d’y assister au défilé militaire du 3 septembre. Ensuite, lors du Forum économique de l’Est, qui s’est tenu du 3 au 5 septembre à Vladivostok et qui a débouché sur de nombreux nouveaux accords russo-chinois, Poutine a insisté sur les tâches communes de la Russie et la Chine. Avec son initiative en Syrie, le Président russe s’est livré à une prise de judo, juste avant l’ouverture de l’Assemblée générale de l’ONU où se réunissent les dirigeants du monde pour discuter de la paix et du développement. La question est donc posée de savoir qui est prêt à combattre cet ennemi mortel de la civilisation incarné par Daesh. La réponse européenne Le drame des réfugiés, venant s’ajouter à la crainte d’actions terroristes sur leur propre sol, oblige les dirigeants européens à revoir, du moins partiellement, leur soutien au chaos déclenché par l’Occident en Asie du sud-ouest.
Toutefois, la situation exige une rupture totale des grandes puissances européennes avec la politique de « changement de régime » poursuivie par Washington, qui vise en fin de compte la Russie et la Chine, et une coopération intense avec les BRICS pour assurer le développement économique des régions que fuient actuellement les populations. |