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Syrie : Poutine en voie de gagner son pari contre Obama

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Solidarité&Progrès—Le président Obama a été obligé, au moins en apparence, de faire volteface sur la Syrie la semaine dernière, en ordonnant au secrétaire à la Défense Ash Carter d’entamer un dialogue direct avec son homologue russe Shoighu. Cette concession a épouvanté certains responsables de l’administration Obama, dont notamment l’ambassadrice aux Nations unies Samantha Power, mais il a été salué par le secrétaire d’Etat John Kerry et des chefs militaires qui préconisent depuis des semaines un partenariat avec la Russie dans la guerre contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak (Daech).

En fait, le dos au mur, Barack Obama a été forcé de revoir sa posture après que le président Poutine a sérieusement renforcé le dispositif militaire syrien afin de créer les conditions pour vaincre Daech. Le déploiement russe comprend l’envoi d’avions de combat, d’artillerie et de chars en plus de la construction d’une base aérienne et d’une nouvelle installation navale près de Lattaquié dans le nord-ouest sur la Méditerranée.

Pendant des semaines, l’Administration Obama avait tenté de bloquer le pont aérien, allant même jusqu’à faire pression sur ses alliés de l’OTAN pour qu’ils interdisent aux avions russes le survol de leur territoire, mais le gouvernement irakien a refusé, permettant ainsi aux Russes l’utilisation du corridor au-dessus de l’Iran et de l’Irak.

Jusqu’à présent, l’Administration Obama s’est alignée avec les Etats sunnites du Moyen-Orient qui promeuvent depuis des décennies la montée d’al Qaïda, de l’EI et du Front al Nousra, à commencer par l’Arabie saoudite, en vue d’installer un régime salafiste à Damas. Poutine a désormais créé les conditions pour rompre cette entente odieuse.

Échec retentissant du programme américain d’entraînement de Syriens

Lors d’une audition de la Commission des forces armées du Sénat le 16 septembre, les sénateurs étaient interloqués par les aveux du général Lloyd Austin, le chef du Commandement central de l’armée américaine (Centcom), chargé de l’Asie du Sud-Ouest. Dans le cadre du programme d’entraînement et d’équipement du Pentagone mis en place l’année dernière, 5400 Syriens de l’opposition devaient être entraînés et équipés pour combattre l’Etat islamique et ses divers alliés.

Mais questionné sur le sujet, le général Austin a dû reconnaître que seulement « 4 ou 5 » sont effectivement opérationnels sur le terrain aujourd’hui. A la fin juillet, 54 Syriens étaient sortis du programme du Pentagone, mais suite à une attaque d’un groupe proche d’al Nousra, il n’en reste plus qu’une poignée !

La sous-secrétaire à la Défense Christine Wormuth a aussi reconnu qu’il n’y a qu’une centaine de combattants potentiels inscrits à ce programme.

Un représentant du Centcom a précisé plus tard que quatre combattants de plus formés par les Etats-Unis avaient regagné la Syrie depuis la Turquie, pour se joindre aux cinq autres. Sur les 54 de fin juillet, a-t-il dit, 32 ont quitté le programme, 11 ne sont même pas en Syrie, un a été tué et un autre capturé. Il n’est pas clair dans quelles mains leurs équipements modernes ont atterri.

Précisons que le Pentagone a déjà investi 41 millions de dollars dans ce programme, sur les 500 millions alloués par le Congrès. La sénatrice Claire McCaskill trouve incroyable que le Pentagone sollicite 600 millions de plus, alors que le nombre de combattants qu’il a donné peut être compté « sur nos doigts de la main et de pied ». Le sénateur Jeff Sessions a reconnu qu’il s’agit d’un « échec total », alors que son collègue Kelly Ayotte l’a traité de « blague ».

Mais c’est toute la stratégie d’Obama en Asie du Sud-Ouest qui est un fiasco, un fiasco meurtrier. On devrait en apprendre plus dans le cadre de l’enquête que le Pentagone a ouverte sur la manipulation de renseignements dans les plus hautes sphères du Centcom, en particulier en ce qui concerne les capacités des forces de sécurité irakiennes et le succès des bombardements en Irak et en Syrie.