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COP21 - Thomas Wysmuller : Il n’y a pas de « danger climatique » planétaire

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Thomas Wysmuller est un climatologue américain formé à l’Université de New York. Il a notamment travaillé pour le service météorologique des Pays-Bas et pour la NASA. Il a accordé cet entretien à l’hebdomadaire camerounais L’Intégration.

Depuis combien de temps vous effectuez des recherches sur le phénomène du changement climatique de notre planète et qu’avez-vous à fournir comme preuve pour convaincre nos lecteurs du sérieux et de la rigueur de vos travaux ?

J’ai toujours été passionné par la météorologie ; j’ai fait mes études sur ce sujet et j’ai travaillé comme prévisionniste météo à Amsterdam pour le Bureau royal hollandais de météorologie. Puis j’ai travaillé à la NASA avant, durant et après que nous ayons réussi à envoyer l’homme sur la Lune. Pendant mon affectation auprès du manufacturier de moteurs d’avion Pratt and Whitney, j’ai aidé à développer des mathématiques qui sont encore utilisées par la plupart des climatologistes de la planète. A la fin des années 90, j’ai commencé à faire des conférences sur la formation de l’ère glaciaire, qui sont reflétées dans mon texte la face plus froide du réchauffement climatique. Je continue de faire ces conférences aujourd’hui, et je fais également partie du groupe TRCS (The Right Climate Stuff) de la NASA qui est basé au centre spatial Johnson à Houston au Texas.

Au cours d’une conférence que vous avez donnée récemment à New York, vous déclarez que après le Sommet de Paris sur le changement climatique, la planète terre va retourner à l’âge de la pierre. Pouvez-vous le démontrer à nos lecteurs ?

Pour remettre les choses dans le contexte, j’ai affirmé que si, à la conférence COP 21 de Paris, chaque proposition, chaque changement et chaque item concernant la destruction de la production d’énergie étaient adoptés, alors nous retournerions à l’âge de pierre. Cela signifierait que l’électricité produite à faible coût avec le charbon serait interdite en Afrique. Les nations du Tiers monde seraient limitées à l’énergie solaire et aux éoliennes qui ne peuvent pas prendre en charge la part du service public. L’Afrique, l’Amérique du sud et l’Amérique centrale ne pourront jamais développer des réseaux électriques à l’échelle continentale, et ne pourront pas non plus développer leurs propres ressources naturelles. Je pourrais élaborer, mais je pense que vous comprenez ce que je veux dire.

Dans le même élan, vous tirez aussi la sonnette d’alarme que le Sommet de Paris cache l’agenda des grandes puissances et de certaines figures de notoriété, relatif à la réduction de la population de la terre. Là aussi, on veut avoir les arguments qui vous poussent à une telle déclaration !

Lorsqu’on refuse l’énergie électrique à bon marché à ceux qui en ont le plus besoin, cela signifie que les maladies vont continuer de ravager le Tiers monde, que l’eau potable va continuer de manquer et que les réseaux de distribution d’eau vont continuer d’être inférieurs à ceux de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

Bien sûr, il y a des personnes à COP21 qui se trompent en toute bonne foi et qui croient qu’ils font un travail utile. Mais d’autres veulent garder le Tiers monde pauvre et dépendant de l’assistance du monde soi-disant développé.

Même notre président (un piètre choix selon moi) a déclaré : « Au bout du compte, si vous pensez à cette jeunesse dont tout le monde parle en Afrique, si chacun atteignait des niveaux de vies plus élevés au point où tous auraient une auto, un système de climatisation et une grande maison, alors la planète bouillerait – à moins de trouver de nouveaux moyens de produire l’énergie. »

Ceci n’est tout simplement pas vrai. La planète ne « bouillera » jamais, à moins que de nouvelles lois en physique ne soient découvertes. Par contre, empêcher le développement de l’Afrique causera bien plus de morts, en empêchant « des niveaux de vies plus élevés ».

Et nous ne devrions pas attendre que quelqu’un découvre « de nouveaux moyens de produire l’énergie ». Qu’arrivera-t-il si nous n’en trouvons pas ? Est-ce que vous et votre postérité devrez vous complaire dans la pauvreté ?

IL NE FAUT PAS prendre la déclaration de notre président comme étant ce que le peuple Américain souhaite pour votre pays.

Quant à moi, j’aimerais que tout africain en âge de conduire une automobile puisse 1- avoir une ou deux automobiles, 2- avoir un réseau routier décent pour les utiliser, 3- avoir un système de climatisation, 4- avoir une grande maison ou un appartement élégant, 5-avoir un emploi pour produire, vendre ou distribuer des choses comme des systèmes de climatisation, des automobiles, de l’équipement agricole, ou pour enseigner à d’autres comment faire tout cela et toutes les autres choses qui rendent la vie plaisante et qui permettent d’avoir un mode de vie dont les gens puissent être fiers.

Pourquoi vous déclarez que « le réchauffement climatique n’est pas une affaire qui concerne l’Afrique ? »

Pour commencer : l’atmosphère de la planète ne s’est pas réchauffée depuis presque deux décennies, et c’est vrai pour l’Afrique aussi.

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Figure 1. Aucun réchauffement planétaire depuis 18 ans et 9 mois. Si on regarde le total des émissions de CO2 produit par l’homme depuis 1750, on constate qu’un tiers des émissions ne fait son apparition que dans les derniers 18 ans et 9 mois. Cependant, les mesures de température les plus fiables de la haute troposphère tropicale, où selon la théorie de réchauffement climatique il devrait y avoir une zone d’air chaud en raison de l’accroissement des températures à la surface des océans et de l’augmentation de la convection tropicale - c’est-à-dire celles fournies par les satellites - ne montrent aucune indication de réchauffement climatique durant cette période. Rien ne soutient la thèse que les émissions anthropogéniques de CO2 causent des changements soudain et dangereux dans le climat planétaire.

Source : Roy Spencer, Remote Sensing Systems, Global Temperature Anomaly Troposphere/Stratosphere (TTS) data

Il m’arrive de poser la question suivante : Prenez n’importe quel jour de l’année, n’importe quelle saison. Ajoutez-y deux degrés. Remarquez-vous une différence quelconque ? Profitez de la vie. Sauvez les milliards de dollars que votre gouvernement veut dépenser ou divertir sur cette folie.

Une petite partie de ces mêmes milliards peuvent aider à développer un réseau électrique pour toute l’Afrique, et fournir une électricité au charbon à faible coût, fiable et propre pour tous. Les augmentations de CO2 bénéficieraient à toute la planète, en permettant une croissance plus rapide des plantes et des récoltes, tandis que le CO, les particules de Carbone, et les agents réellement polluants pourraient être contrôlés par des techniques d’ingénierie moderne. Un physicien ou un météorologiste compétent vous dirait que les régions équatoriales de la Terre vont réfléchir la plus grande partie de l’augmentation de la chaleur vers l’espace- les régions plus froides vont se réchauffer, mais pas au point de causer une importante diminution des glaces. Des indications récentes pointent vers le fait que la surface de neige et de glace de l’Antarctique augmente au point de faire baisser les niveaux des océans à l’échelle mondiale de 0.23 millimètres par année.

Donc, le réchauffement climatique n’est vraiment pas une question qui concerne l’Afrique. Par contre l’appauvrissement économique l’est certainement !

Doit-on craindre de voir le retour de la colonisation principalement en Afrique ?

Sous le colonialisme « proprement dit », vous saviez de qui vous vouliez être libéré. Néanmoins, la « subjugation économique » est probablement encore plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était pendant votre expérience coloniale. Empêcher l’Afrique d’utiliser ses propres ressources naturelles, l’empêcher d’avoir une source d’énergie fiable, l’empêcher d’avoir une infrastructure de transport décente pour transporter des biens sur tout le continent, ou même d’avoir une source d’énergie électrique fiable pour produire ces biens, constitue une véritable oppression. NE VOUS LAISSEZ PAS FAIRE !!!

Les organisateurs du sommet de Paris pensent que la montée du djihadisme et des guerres en Afrique est relatif au réchauffement climatique. Qu’en dites-vous ?

Les troubles récents dans le monde et les attaques de Paris alimentent ce type de pensée. En vérité, la pauvreté et le manque de nourriture et d’eau « alimentent » le djihadisme. Il en résulte des tentatives de déstabilisation dirigées contre des gouvernements qui n’arrivent pas à résoudre ces maux sociaux. Si une électricité fiable pouvait générer l’énergie pour les usines de dessalement et fournir l’eau pour l’agriculture et l’industrie, la destruction des régimes en place promue par les djihadistes serait beaucoup moins attrayante.

Quel rapport peut-il exister entre le réchauffement des océans et l’émission du gaz carbonique ?

En se réchauffant, les océans libèrent les molécules plus lourdes de CO2 qui y sont dissoutes. En fait les océans sont responsables de la plus grande partie de l’augmentation des émissions de CO2 dans l’atmosphère à chaque année, alors que la production humaine ne compte que pour 4%, dont la moitié est réabsorbée ou bien par les plantes ou par les océans à chaque année !!!

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Figure 2. Les augmentations annuelles du taux de CO2 dans l’air (la courbe verte) changent d’une année à l’autre, non par rapport aux émissions industrielles, mais par rapport aux variations de la température mondiale à la surface des océans (la courbe bleu). La courbe rouge donne la variation annuelle de la température mondiale de l’air à la surface de la terre.

Source : O. Humlum, K. Stordahl, J.E. Solheim, Global and Planetary Change,100, 51, (2013).

Quel comportement ou conseil pouvez-vous donner aux chefs d’États africains qui ont déjà pris rendez-vous avec le sommet de Paris ? Doivent-ils refuser de signer le protocole visant à imposer une politique climatique dans le monde ?

Il faut aller au sommet de Paris. N’ABANDONNEZ PAS le droit de votre nation d’explorer votre territoire pour des ressources naturelles, les extraire, les utiliser et les développer. Examinez toute assistance technique offerte, mais faites que vos meilleures scientifiques, ceux ayant la plus haute intégrité, analysent les offres, et n’acceptez que celles qui:1- donnent à votre nation des capacités qu’elle n’a pas présentement, 2- contribuent à votre propre indépendance énergétique, 3- garantissent des emplois sérieux, 4-améliorent l’infrastructure de votre nation, et 5- vous permettent d’accroître la compétitivité de votre nation dans tous les aspects du commerce mondial.

Il y aurait beaucoup à ajouter à ces cinq choses, mais s’ils prennent cela en compte, vos chefs d’États auront prouvé qu’ils méritent leur poste.

Finalement, oui, vous devriez absolument refuser de signer le protocole tel qu’il m’a été décrit. Signer garantirait une médiocrité permanente pour ces nations africaines qui, par escroquerie, en sont venues à supporter ce protocole.

Et quel message envoyez- vous aux populations africaines qui, il n’y a pas longtemps entendaient Barack Obama leur dire que c’est dangereux pour la planète que chaque maison soit électrifiée ?

Dites à Barack Obama de vivre en ayant l’électricité à la Maison blanche coupée 20 fois par jour, de vendre l’avion présidentiel « Air Force One » et de se débarrasser des automobiles qu’il conduit pour aller jouer au golf chaque semaine. S’il refuse de se plier à ce régime, alors considérez que peut-être vous ne voulez pas que toutes les maisons aient l’électricité, et peut-être déciderez vous que seule la sienne devrait être dans cette catégorie.

Le phénomène de réchauffement de la planète terre n’est pourtant pas un mythe. Et vous dites que c’est plutôt bon pour créer des emplois et d’autres avantages ?

Ces 10000 dernières années, les températures ont varié à l’intérieur d’une bande de 2 degrés Celsius ! Il y a 300 ans la Terre se refroidissait, et depuis cent ans elle a recommencé à se réchauffer. Mais on parle toujours d’une variation de moins de 2 degrés Celsius et nous ne sommes pas du tout du côté haut de cette bande de 2 degrés.

Si on ajoute du CO2 atmosphérique, les plantes croissent davantage et ont besoin de moins d’eau pour le faire. Les images satellites pour la région du Sahel en Afrique montrent du verdissement 20 ans après que les satellites aient été mis en place.

S’il y a un mythe quelconque, c’est de prendre simplement les 100 dernières années de changement de température et d’insister que cela continuera de monter à tout jamais. Plus de 100 modèles climatiques ont échoué à projeter de façon précise les températures de l’atmosphère terrestre - et tous sauf trois se sont trompés en émettant des prévisions plus hautes en raison des suppositions sur l’augmentation du CO2 et sur ces conséquences qui étaient incluses dans les suppositions du modélisateur.

Les emplois viendront dans la mesure où on ne suivra pas les restrictions du développement des ressources qui sont proposées et que certaines personnes voudraient imposer sur votre pays en se réjouissant de votre asservissement persistant. Je ne suis pas l’une d’elles !!!

A l’allure où les choses vont, certains scientifiques craignent une recrudescence des inondations, des cyclones et autres catastrophes naturelles. Quel commentaires en faites-vous ?

Ces scientifiques dont vous parlez ne vivent pas dans le monde réel. Je ne peux pas m’excuser pour leur ignorance, mais on peut espérer qu’ils le feront.

Il y a un concept qui s’appelle Énergie cyclonique accumulée, et elle fait l’objet de mesure à l’échelle de la planète. Il s’agit de prendre les composantes d’énergie des tempêtes – vitesse des vents, durée des tempêtes mesurées à des intervalles de 6 heures, ainsi que la surface couverte. Cette tendance statistique est suivie de près, et durant les 15 dernières années, la tendance est à la baisse, et d’une façon marquée, quoique le CO2 se soit élevé durant cette période.

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Figure 3.L’énergie cyclonique accumulée (ACE), une mesure des composantes énergétiques des tempêtes, a eu tendance à diminuer depuis les 15 dernières années, alors que les émissions de CO2 ont augmenté.

Source : National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)

Les ouragans, les cyclones, les typhons, etc. restent dans leur dimension historique, bien qu’en nombre ils ne soient pas plus rares, quoique cette dernière observation soit probablement causée par de meilleures satellites pour suivre ces systèmes. Dans les régions où il y a une grande précision pour suivre les tempêtes, comme les États-Unis, le nombre des tornades dans toutes les catégories ont ou bien diminué ou alors elles sont fixes. Aucune ne montre d’augmentation.

Il faut se souvenir que les catastrophes dont on parle sont liées à la température et non au climat, et le climat est le résultat de changements à très long terme dans les moyennes de plusieurs facteurs météorologiques, et le CO2 n’est pas le principal facteur impliqué.

Qu’est-ce qui peut expliquer qu’à deux semaines du Sommet de Paris, les résultats de vos travaux et vos observations ne soient pas connus à travers le monde ? Y a t-il des gens qui ne veulent pas que votre voix soit entendue ?

Il y a de nombreux scientifiques hautement considérés et possédant une réputation mondiale qui partagent mon point de vue et ont des opinions similaires. Je fais des conférences et des présentations partout dans le monde, et ces conclusions auxquelles je suis arrivé avec d’autres sont en fait très bien connues.

Je suis persuadé que certains « ne veulent pas que ma voix soit entendue », mais ce sont des réactions de peur ; peur d’être exposé comme incompétent et d’avoir défendu des politiques qui vont nuire aux gens et aux nations qu’ils prétendent aider.

Pouvez-vous nous dire pourquoi vous n’êtes pas effrayé de vous opposer aux personnalités influentes (incluant même le Pape) et aux puissantes nations qui promeuvent cet agenda du changement climatique ? Ils nous disent qu’il y a un danger ! Essayez-vous de nous dire que le droit de chaque nation au développement, la nécessité de créer des emplois, et le besoin que la science sont plus importants que la peur ?

Absolument !!! Et il n’y a pas de « danger climatique » ; par contre, le manque de développement, la pauvreté et le manque d’opportunité économique sont de réels dangers pour votre pays et le monde !

Quant à la peur, elle a peu d’influence sur la thèse que je défends, parce qu’elle est basée sur la science, des données exactes et une approche structurelle pour résoudre des problèmes que j’ai apprise durant mon séjour à la NASA. Avec les années, j’ai appliqué mon expérience en météorologie, en mathématique et en sciences de la terre à mes présentations, et j’ai acquis une compréhension du climat et de la formation des âges glaciaires.

Je crois que mon conseil au monde en voie de développement va leur permettre de se développer !!! de s’élever au niveau de développement qui permet le meilleur mode de vie, de santé publique et de prospérité qui puisse espérer et alors d’en faire profiter toute l’humanité.

Lorsque l’intelligence et l’intellect de votre nation se concentrent sur l’idée de devenir un partenaire à part égale dans le monde, les autres nations du monde vont être heureuses de voir que vous joignez le progrès économique généralisé, et non seulement j’attend ce moment avec impatience, mais je compte travailler dur à convaincre d’autres personnes de vous aider à atteindre ce but.

Je vous remercie de votre effort pour communiquer mon point de vue aux dirigeants de votre pays et à votre lectorat. Des décisions politiques basées sur une science saine et des informations correctes sont la recette pour des accomplissements nationaux, et je vous souhaite d’atteindre le succès.

Interview réalisée à New York par Célestin Ngoa Balla