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L’intervention de l’Institut Schiller à Londres en défense du Yémen

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Solidarité&Progrès—Organisée par des mouvements de droits civiques et anti-guerre, c’est les 21-22 août qu’a eu lieu à Londres la première grande conférence internationale contre la guerre au Yémen. L’objectif de la conférence était de rompre le silence assourdissant qui empêche l’opinion publique de se rendre pleinement compte de la nature génocidaire de ce conflit. La conférence a démontré à quel point le peuple yéménite est menacé d’extermination physique et culturelle par le Royaume saoudien, le tout avec la bénédiction américaine, britannique et française.

Parmi les orateurs, Ulf Sandmark, le responsable suédois de l’Institut Schiller. Ce dernier fut quasiment le seul à élever le débat en proposant, au-delà de la dénonciation des horreurs de cette guerre, une intégration géoéconomique du Yémen à la dynamique globale amorcée par la politique de Nouvelle Route de la soie chinoise et les BRICS.

Ci-dessous la transcription de l’intervention de Ulf Sandmark.

En finir avec la guerre géopolitique au Yémen

Permettez-moi d’abord de remercier les organisateurs de cette conférence. Je la considère comme un jalon capable d’aider le Yémen à affirmer sa souveraineté, et ce d’autant plus qu’elle coïncide avec la stupéfiante manifestation d’hier à Sanaa, qui a rassemblé quatre millions de personnes. Je reste très impressionné du courage des Yéménites quand ils se risquent à manifester ainsi sous la menace directe des bombardements anglo-américano-saoudiens.

C’est la manifestation la plus héroïque de sa souveraineté que la nation yéménite ait exprimée depuis que ses nouveaux Conseils et Parlement élu ont été mis en place. Elle rend visible aux yeux de tous que ce peuple s’est dressé contre la plus sauvage des agressions. En manifestant ainsi, il s’est d’ores-et-déjà libéré à ses propres yeux.

Le Yémen peut désormais se joindre à la révolution en cours menée par les BRICS et leurs alliés toujours plus nombreux. Plus de la moitié de la population mondiale s’est libérée elle-même en esprit de la domination globale économique et militaire de l’Occident. Les BRICS ont entrepris de rendre obsolète le vieil ordre mondial anglo-américain. Ils ont commencé à bâtir le monde à un rythme effréné. Ils mènent à bien des projets d’infrastructures visionnaires qui avaient déjà été mis à l’ordre du jour par le mouvement des non-alignés dans les années soixante et lors de la conférence de Bandung, avec pour pièces maîtresses la Nouvelle route de la soie, qui relie le continent eurasien, et la Route maritime, qui va de la Chine au nouveau canal de Suez, en passant par le Yémen.

Les BRICS ne traînent pas. Ils créent leurs propres institutions financières, leurs propres organes de sûreté, systèmes d’infrastructure, centres industriels, science et technologies. Cela signifie que les mouvements de paix ont innové dans l’art d’arrêter les guerres géopolitiques, comme celle contre le Yémen. Nous pourrions faire en sorte que l’Europe et les États-Unis rejoignent le projet de Nouvelle route de la soie. Cela ferait de l’Europe et des États-Unis des alliés des BRICS ; or, des alliés ne se font pas la guerre. On peut court-circuiter les fauteurs de guerre, et les rendre impuissants. Et ces mégaprojets peuvent en même temps redonner du travail à nos jeunes, car il faut bien construire les machines et autres commodités qui leurs sont nécessaires.

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Ce dossier est disponible en arabe, en anglais et en chinois. Commander.

Nous en avons parlé hier lors de l’atelier : je suis venu ici contribuer à fonder une coalition internationale pour en finir avec la guerre contre le Yémen. L’idée de mon organisme, l’Institut Schiller fondé par Helga Zepp-LaRouche, qui est international, est d’élargir les moyens d’action en faveur de la paix avec une politique de développement économique. Construire la Nouvelle route de la soie est le plus grand projet de paix jamais lancé dans le monde : un projet bâti en reliant les nations physiquement, par des voies ferrées, des autoroutes, des canaux et toutes sortes d’infrastructures, et culturellement par des échanges d’idées entre les peuples.

Nous voulons mettre fin aux guerres géopolitiques en les remplaçant par un nouveau paradigme de relations mondiales qui succède à un monde qui agonise sous la domination anglo-américaine et les bulles financières. C’est ce nouveau paradigme qu’exprime le concept « gagnant-gagnant » du président chinois Xi : une coopération pacifique enracinée dans un renouveau de la sagesse de Confucius. Ces routes de la soie ouvrent un dialogue des civilisations renouvelé, point culminant de la philosophie, de l’art et de la science, un dialogue au sein duquel le Yémen « Terre de la Sagesse » retrouve naturellement sa place.

Ce n’est que ces derniers mois que l’on a arraché le Japon et les Philippines aux serres des fauteurs de guerres qui voulaient déclencher une confrontation nucléaire en mer de Chine Méridionale. Le Japon a entamé une collaboration avec les BRICS dans les méga-projets de Russie extrême-orientale, de l’Inde et de l’Indonésie. La Turquie se laisse convaincre par la Russie de stabiliser ses relations avec l’Égypte, Israël, le Caucase – la partie turcophone de l’Asie Centrale – et probablement la Syrie. Et – très important – la Russie vient de faire barrage à une nouvelle résolution saoudienne anti-Yémen à l’ONU. La Grèce et plusieurs pays de l’est de l’Europe s’orientent en faveur de la Nouvelle route de la soie et des BRICS, tout comme la quasi-totalité de l’Afrique et de l’Amérique du Sud. Même ici, à Londres, la City souhaite prendre part aux échanges de monnaie chinoise ; c’est pour cela qu’il y a ici quelques résistances contre les va-t-en-guerre qui nous mettent en danger de guerre nucléaire.

Cette carte du « pont terrestre mondial » nous montre qu’il est prévu de joindre tous les continents. La liaison sous le détroit de Béring constituera un lien direct entre la Russie et les États-Unis qui cimentera leur coopération pacifique, et reliera les Amériques à la Nouvelle route de la soie. Celle-ci et la liaison avec l’Afrique constitueront un « pont terrestre mondial ». Et le continent africain sera ainsi relié à l’Eurasie par l’Égypte, par l’Espagne et par la Sicile, et au Yémen par Djibouti, ce qui revêt une importance particulière pour le Yémen.

On doit cette carte à l’Institut Schiller, qui l’a dressée à partir des différents projets de développement auxquels il a collaboré au cours des quarante dernières années. Elle est intégrée au rapport spécial intitulé « La Nouvelle route de la soie devient le Pont Terrestre Mondial ». Nous avons publié cette année une version enrichie et en Arabe de ce rapport.

Un remarquable combat

Sans espoir, il n’y a pas de futur. Un plan de reconstruction du Yémen est l’incarnation concrète de l’espoir de voir enfin réalisé le potentiel du peuple yéménite, de la renaissance de sa capacité de production, de sa science et de son riche patrimoine. Au Yémen, l’Institut Schiller est en lien avec des combattants extraordinaires, dont l’activité se déploie au mépris des bombardements anglo-américano-saoudiens. Ils ont fondé le Comité du Yémen pour la coordination avec les BRICS. Avec courage, ils se réunissent tous les mardis dans la capitale Sanaa pour étudier et développer les plans de reconstruction du pays.

Leur responsable, Fouad Al-Ghaffari, a souhaité saluer la conférence de l’Institut Schiller à Berlin dans un message vidéo réalisé voici tout juste deux mois. Cette vidéo est un témoignage extrêmement émouvant de courage et d’optimisme dans le combat pour les valeurs les plus élevées de l’humanité. J’aimerais terminer ma présentation en vous montrant cette vidéo, pour que vous voyiez ce qui est fait au nom de l’espoir et de la dignité au Yémen.

Fouad Al-Ghaffari, au Yémen

Ulf Sandmark, le responsable suédois de l’Institut Schiller, propose une intégration géoéconomique du Yémen à la dynamique globale amorcée par la politique de Nouvelle Route de la soie chinoise et les BRICS.