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Quand le narratif de l’inflation « transitoire » prend l’eau

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S&P—Alors que les grandes banques centrales persistent à prétendre que l’inflation se résorbera bientôt, deux experts américains bien informés viennent les contredire : Raphael Bostic, président de la Réserve fédérale d’Atlanta, et Larry Summers, secrétaire au Trésor de l’administration Clinton.

— Raphael Bostic a déclaré le 12 octobre que lui et ses collaborateurs cesseront de qualifier de « transitoire » l’inflation, due selon lui à la pandémie. Bien que « les indicateurs ne suggèrent pas que les attentes en termes d’inflation à long terme soient dangereusement irréalistes, des pressions épisodiques pourraient durer suffisamment longtemps » pour renverser ces attentes, a-t-il mis en garde.

Traduit du jargon bancaire, cela signifie que l’inflation est hors de contrôle. En conséquence, Bostic a appelé à un resserrement monétaire, c’est-à-dire à réduire la quantité d’actifs achetés mensuellement par le Comité Open Market de la Fed.

— Quant à Larry Summers, il a lancé cet avertissement le 13 octobre : « Nous risquons, plus que je ne l’ai jamais vu à aucun autre moment de ma carrière, de perdre le contrôle de l’inflation aux États-Unis. Nous en sommes encore plus près en Grande-Bretagne et je pense que nous courons un certain risque en Europe. »

Selon Bloomberg, il compara la génération actuelle de dirigeants de banques centrales, qui se présentent comme « socialement responsables » et donc minimisent le risque d’inflation, aux présidents de la Fed des années 1970, Arthur Burns et G. William Miller, qui sonnaient l’alarme dès que la hausse annuelle des prix dépassait les 10 %.

Ainsi, les dirigeants d’aujourd’hui ne préparent pas les investisseurs aux mesures difficiles que les responsables politiques devront vraisemblablement prendre pour maîtriser l’inflation, qui pourraient s’avérer « très choquantes et douloureuses pour les marchés financiers ».

Le dilemme posé par Summers ne trouvera aucune solution dans le système actuel, comme le savent nos lecteurs. Toute mesure monétaire classique visant à freiner l’inflation provoquerait l’effondrement de l’ensemble du système avec des faillites en chaîne.

En effet, ces deux dernières années, depuis que la Réserve fédérale a pris en charge le marché des prêts à 24 heures (marché « repo ») le 17 septembre 2019, le système est devenu « accro » aux liquidités fournies par les banques centrales. Selon des statistiques récemment publiées par la Fed, analysées par Pam et Russ Martens sur Wallstreetonparade.com, les injections d’urgence de liquidités à l’époque étaient justifiées par « un problème de contreparties en produits dérivés, probablement déclenché par la crise de Deutsche Bank », c’est-à-dire par une potentielle crise systémique.

Les Martens calculent qu’entre septembre 2019 et le 14 mars 2020, la Fed a injecté au total plus de 9000 milliards de dollars de prêts repo dans les banques. Cette perfusion s’accompagna de mesures de Quantitative Easing (assouplissement quantitatif) et d’autres instruments de prêt à taux d’intérêt de zéro pourcent, voire négatifs. Les banques et hedge funds utilisent ces liquidités pour spéculer sur des produits dérivés liés à l’énergie et aux matières premières et marchandises. En conséquence, l’inflation se répercute sur les prix de gros et le consommateur. La tentative de l’oligarchie de sauver le système au moyen d’une bulle verte ne fait qu’accélérer la dynamique.