News / Brèves
Back to previous selection / Retour à la sélection précédente

Explosion du pipeline Nord Stream : des députés allemands demandent l’ouverture d’une enquête

Printable version / Version imprimable

S&P—Les révélations du journaliste américain Seymour Hersh, que nous avons rapportées, continuent de provoquer une onde de choc à travers le monde. L’indignation est forte en particulier en Allemagne, pays qui a été touché en première ligne par l’attentat du 26 septembre qui a fait sauter le gazoduc Nord Stream. Des députés du Parlement allemand (Bundestag) ont demandé l’ouverture d’une enquête parlementaire.

Le gouvernement allemand doit faire la lumière

« On soupçonne les États-Unis et la Norvège d’avoir perpétré l’attentat à l’explosif de septembre 2022 contre Nord Stream, a déclaré Markus Frohnmaier, du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), lors de la séance du Bundestag du 10 février, dans le cadre d’une heure d’actualité dont le sujet était les « attaques contre les infrastructures allemandes et européennes ». Frohnmaier a fait référence au rapport du 8 février du journaliste américain Seymour Hersh, dans lequel il démontre, en s’appuyant sur des sources de première main au sein du gouvernement américain, que les charges explosives ont été placées par des plongeurs de la Marine américaine, sous les ordres de la Maison-Blanche.

Le débat a été exigé par l’AfD, et s’est déroulé comme une pause dans la session de débat général. Frohnmaier a critiqué le fait que 137 jours se sont écoulés depuis cet incident de sabotage, et qu’il ne savait toujours pas qui avait perpétré l’attaque sur les gazoducs russo-allemands Nord Stream, parce que le gouvernement allemand n’avait absolument rien fait pour faire la lumière.

Le désintérêt du chancelier Scholz pour une enquête approfondie sur l’incident de sabotage s’inscrit dans le droit fil de son silence antérieur à l’encontre des déclarations explicites du président Joe Biden, mais aussi de Victoria Nuland, sur leur volonté de détruire le gazoduc. Il concorde également avec le fait, rapporté dans l’édition de cette semaine de Die Zeit, que la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a fait pression sur de nombreux gouvernements pour forcer Scholz à donner le feu vert à la livraison de chars Leopard, fabriqués en Allemagne, à l’Ukraine.

Frohnmaier a déclaré que l’on ne peut exclure ni la main américaine ni la main russe dans le sabotage du gazoduc, mais le gouvernement de Berlin doit surtout au Bundestag et à la nation allemande un engagement sérieux pour faire la lumière sur cette attaque contre les intérêts allemands — et s’il s’avérait que les États-Unis sont derrière, la base de la confiance mutuelle au sein de l’alliance de l’Otan serait profondément détruite.

« Le Bundestag a le droit de savoir ce que le gouvernement fédéral sait », a déclaré le compte Twitter officiel du parti AfD, citant le chef de groupe du Bundestag, Tino Chrupalla, qui avait demandé l’heure spéciale, au cours de laquelle ces questions ont pu être soulevées. Un législateur de Die Linke s’est également prononcé avec force en faveur d’une enquête, lors de la session.

Toujours du côté de Die Linke, la députée Sahra Wagenknecht et la journaliste Alice Schwarzer ont publié un manifeste pour la paix, dans lequel elles exigent l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine et appellent à un rassemblement le 25 février à Berlin. Et bien que cet appel vienne de l’extrême gauche, l’ancien conseiller militaire de Merkel (de droite) Erich VAD appelle à manifester avec eux à Berlin.

A lire : La colère des citoyens américains va secouer Washington pour arrêter la guerre.

La Chine demande des explications aux États-Unis

Le vent est en train de tourner. Deux jours après les révélations de Seymour Hersh, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré le 10 février que Washington devait une explication au monde entier. « Nous avons pris note des rapports », a déclaré Mao Ning, répondant à une question de Dragon TV. Elle a ajouté que les deux gazoducs Nord Stream étaient des « infrastructures transnationales vitales » et que leur destruction provoquait un grave impact économique et environnemental. « Si Hersh dit la vérité, ce qu’il a révélé est clairement inacceptable et il faut en répondre. Les États-Unis doivent au monde une explication responsable ».

Une question complémentaire du Beijing Youth Daily a souligné la faible couverture du rapport de Hersh du 8 février par les médias américains soi-disant « libres, professionnels et impartiaux ». Mao a répondu : « Cela prouve seulement que certains médias se soucient peu de la vérité. Ils font semblant de ne pas voir la vérité qui compte vraiment et, le plus souvent, ils essaient de vendre les faux récits plutôt que la vérité ».

On attend encore une réaction du gouvernement et du Parlement français, qui se doivent de prendre des initiatives vis-à-vis d’un acte qui, s’il s’avère en effet avoir été perpétré par la Maison-Blanche, est un acte de guerre non seulement contre la Russie mais contre l’ensemble de l’Europe !

En tous cas, à l’appel du Mouvement pour la Paix, des manifestations auront lieu les 24 et le 25 février sur l’ensemble du territoire, y compris à Paris ; S&P y sera.

ABONNEZ-VOUS ICI au journal Nouvelle Solidarité. Vous aurez également accès à TOUS les dossiers et documents de fonds.