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Seule la séparation des banques et le retour à la souveraineté économique et monétaire permettra d’assurer la survie de l’humanité

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Par Helga Zepp-LaRouche
Présidente du Mouvement des droits civiques solidarité (Büso) en Allemagne


Le sommet de l’Union européenne des 8 et 9 décembre a réussi à produire un résultat encore plus monstrueux que la politique de l’Union européenne n’avait pu faire jusqu’à présent. Il n’a rien fait pour réduire le danger d’effondrement de l’Euro ou la faillite des banques. La règle d’or, un contrôle supranational des budgets par la Commission européenne, des sanctions plus dures contre ceux qui violent les limites des déficits, « plus d’Europe », perte de souveraineté et de démocratie, politiques d’austérité et un futur sans espoir pour des millions des gens : voilà le résultat désastreux de la stratégie de Merkozy.

La menace d’un effondrement du système financier transatlantique reste tout à fait d’actualité. La seule chance pour les nations et les peuples d’Europe est de retrouver leur souveraineté sur les monnaies et les économies, et de procéder à la séparation des banques. Nous devons suivre l’exemple de la loi Glass-Steagall de Roosevelt et séparer les banques de dépôts des banques d’affaires et des compagnies d’assurance. Les banques de dépôts devront être placées sous protection d’Etat et bénéficier d’un accès à des lignes de crédits, alors que les flux de capitaux allant aux plans de renflouement des banques, à la spéculation sur produits dérivés, aux banques d’affaires, aux hedge funds, aux SPV (fonds conçus pour émettre des titres), et aux banques de l’ombre, seront soit annulés, soit suspendus.

L’argument selon lequel ces mesures provoqueraient la perte de l’ensemble des « produits financiers créatifs » que détiennent les investisseurs doit être rejeté, car cet argent est déjà perdu : le système est en faillite ! Si les institutions où ces titres sont déposés sont en faillite, alors ils n’ont plus aucune valeur et toute tentative de repousser les limites de leur survie à plus tard, en jouant sur d’autres astuces, des effets de levier ou d’autres méthodes de multiplication miraculeuse de l’argent, ne provoqueront qu’une hyperinflation qui détruira l’épargne de toute une vie rassemblée par la population européenne. Une catastrophe sociale et le chaos seraient la conséquence inévitable de telles politiques.

Les arguments avancés par les banquiers et par ceux qui soutiennent les politiques actuelles de l’Union européenne selon lesquels la crise actuelle n’est pas bancaire, mais uniquement une crise de la dette souveraine, ont pour but non seulement de détourner l’attention sur le fait que ce sont les renflouements des banques qui ont provoqué cet endettement, mais de rationaliser pourquoi la spéculation financière doit être sauvegardée.

Les médicaments prescrits cependant – réduction du déficit budgétaire et imposition de la règle d’or dans les Constitutions – sont les plus à mêmes de tuer le patient aussi vite que possible. Les politiques d’austérité du Chancelier Brüning ont créé les conditions sociales bien connues dans lesquelles les nazis ont pu saisir le pouvoir.

Le cas malheureux de la Grèce montre les conséquences de ces politiques d’austérité brutales imposées par la Troïka (le FMI, la Banque centrale européenne et la Commission européenne) : des compagnies pharmaceutiques ont arrêté la production des médicaments pour ceux qui sont sérieusement malades, parce que les hôpitaux ne peuvent plus payer les factures ; les familles font de plus en plus appels aux villages SOS enfants, parce qu’ils n’arrivent plus à les nourrir. Des millions de gens, surtout des jeunes sont au chômage et n’ont aucun espoir dans le futur, en particulier dans les pays du Sud de l’Europe.

On ne comprend pas non plus où Merkozy trouve de l’optimisme pour croire que les pays se rangeront aux conditionnalités du vieux Pacte de stabilité, alors que la situation économique est bien pire aujourd’hui, et que la plupart des pays sont en banqueroute.
Le fait que les parlements abandonnent leur contrôle du budget à une Union européenne sans âme, ayant désormais le droit de surveiller les budgets et d’y apporter des corrections – c’est à dire, des coupes – tendra à rendre les élections superflues, car la répartition des sièges au Parlement ne déterminera plus la politique économique de la nation, mais des technocrates que personne n’a élu et qui ne rendent compte à personne. L’application des sanctions automatiques à ceux qui violent les règles, ainsi que les punitions de la Cour de justice européenne créeront un climat où la rage et le désespoir, déjà considérables parmi les peuples, atteindront des sommets.

Et quelle confiance peuvent avoir, les citoyens, dans des gouvernements qui violent constamment les règles qu’ils ont pourtant eux-mêmes édictés – des gouvernements convaincus du point de vue axiomatique que des traités ne peuvent être passés que dans le dos des citoyens et qui ont recours à des sophismes juridiques afin de tenter de sauver un système où tout est permis tant que les si sensibles marchés financiers ne deviennent pas nerveux ?

Puisque le Traité de Lisbonne ne peut être ratifié que par l’ensemble des pays membres et que la Grande Bretagne ne compte pas adhérer au nouveau traité, un Traité intergouvernemental a été rédigé à la hâte, agissant à l’extérieur du traité existant, et qui change l’article 126 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), sans changer le traité de Lisbonne lui-même !

Seul aspect positif de ce Sommet de Bruxelles : le refus du Premier ministre britannique, David Cameron de soumettre son pays au diktat de la Commission européenne ce qui accroit la possibilité que la pression exercée par les eurosceptiques de son gouvernement aboutisse au départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne.

Les véritables raisons derrière le boycott par Cameron du nouveau traité, sont tout sauf glorieuses. Outre la défense revendiquée des intérêts de la City de Londres qui refuse toute taxe sur la spéculation et l’application des critères de Bâle III, la véritable raison est la volonté de la City de se préserver de l’effondrement imminent de l’Euro.

Quelles que soient ses raisons, le départ de la “perfide Albion” permettrait de réparer l’erreur commise par Georges Pompidou en laissant entrer la Grande-Bretagne, en dépit de l’interdit de Charles de Gaulle, une erreur que l’ensemble de l’Europe continentale a payé très cher depuis. Une fois qu’un pays aura tourné le dos au monstre qu’est devenu l’Union européenne, la digue sera rompue et les autres pays trouveront le courage de tirer leurs propres conclusions sur le fait que les intérêts vitaux de leurs populations ne sont plus protégés en restant dans l’Union européenne.

La première chose à reconnaitre est que l’Euro fut une erreur dès le début, qui ne pouvait pas fonctionner et qui s’est irrévocablement effondré. Un système de séparation des banques doit être appliqué, en conjonction avec un retour aux monnaies nationales, car seule une autorité souveraine pourra adopter des mesures justes en matière économique pour chaque pays. Des taux de change fixes devront être établis entre les différentes monnaies afin de protéger la coopération à long terme sur des projets internationaux et d’interdire la spéculation entre les monnaies. Plutôt que de participer à un jeu d’encerclement hautement volatile de la Russie et de la Chine, comme l’OTAN et l’Union européenne l’ont fait depuis l’effondrement de l’Union soviétique, et plutôt que se taire sur les projets évidents de guerre contre la Syrie et l’Iran dont les conséquences apocalyptiques devraient être claires à tout un chacun, l’Allemagne devrait opter pour une politique étrangère qui soit dans ses intérêts.

Tant que la Russie, la Chine, l’Inde et d’autres nations asiatiques resteront relativement stables économiquement, et ne seront pas balayées par les effets d’un effondrement global, ces pays représenteront des marchés énormes pour l’Allemagne et pour d’autres nations européennes, ainsi que des perspectives très alléchantes, à un terme de 50 à 100 ans, surtout pour nos petites et moyennes entreprises. L’Allemagne doit revenir à la politique industrielle qu’elle a eu dans la reconstruction après 1945, une politique orientée vers le progrès scientifique et technique, et vers des hautes densités de flux énergétiques.

Plutôt que de tolérer passivement les tentatives évidentes de déstabilisation de la présidence future de Poutine par des révolutions colorées à la Soros et Gorbatchev, aidant ainsi à forger à la Russie l’image d’ennemi, nécessaire au lancement d’une IIIe Guerre mondiale, l’Allemagne devrait s’occuper de ses propres approvisionnements en matières premières et de sa sécurité énergétique, et coopérer avec les autres nations asiatiques au développement de l’Extrême Orient et de la région arctique.

Le développement de l’Extrême-Orient russe et des régions intérieures de la Chine ont urgemment besoin des capacités technologiques des petites et moyennes entreprises allemandes de hautes technologiques– les fameuses Mittlestand – ainsi que pour réduire la pauvreté scandaleuse dans laquelle vit 70 % de la population indienne. Ces nations ont pourtant lancé des programmes de vols spatiaux avec l’esprit pionnier qui était autrefois celui qu’avait les Allemands, et d’autres projets scientifiques qui leur permettront de mieux comprendre et maitriser les lois de l’univers.

Il est grand temps de nous attaquer ensemble à ces grands problèmes dont la recherche des solutions uni l’humanité. La structure impériale que l’Union européenne est devenue – perçue de plus en plus par les peuples comme un mécanisme d’oppression qui contribue non pas à la paix, mais au contraire aux tensions entre les peuples et à l’hostilité contre l’Allemagne – doit être abolie.

L’union fiscale envisagée est en violation des principes énoncés par la Cour constitutionnelle allemande dans sa décision dite de Lisbonne. C’est pourquoi, nous demandons qu’un référendum soit organisé pour déterminer si l’Allemagne doit rester ou quitter l’Union européenne et l’Euro, et si elle doit ou non revenir au mark allemand (Deutsche Mark). Le temps nous est compté. Le danger d’un effondrement bancaire et d’une guerre exige que nous agissions avec rapidité. La possibilité pour l’Europe d’éviter cette catastrophe existentielle dépend de l’adoption immédiate d’un système de séparation des banques et du rétablissement de la souveraineté de chaque pays sur sa monnaie et son économie. Nous devons instamment, mobiliser les pouvoirs culturels et spirituels qui nous permettront de devenir une fois de plus un peuple de penseurs, de poètes et d’inventeurs.

Rejoignez le Büso, contribuant à mettre cette solution en pratique.