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Développement de l’Arctique :
Eldorado ou clé pour la paix mondiale ?

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Alors que les provocations militaires de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de la France contre la Russie et la Chine risquent de nous entraîner vers un conflit généralisé autour de la « poudrière » du Moyen-Orient, l’équipe de jeunes collaborateurs scientifiques, dite du « Basement », de l’économiste américain Lyndon LaRouche, trace ici, avec cette perspective de développement de l’Arctique, les pistes d’une sortie de crise par le haut.
Ces projets se fondent sur certaines initiatives de grands projets communs à l’humanité, aux frontières de la science, proposés par la Russie depuis longtemps, mais remis aujourd’hui à l’ordre du jour.

Dmitri Rogozine, le nouveau vice-premier ministre de la Russie, proposait il y a quelques temps aux Etats-Unis,en reprenant l’esprit de l’Initiative de défense stratégique (IDS) proposée par LaRouche dans les années 1980, une Initiative de défense terrestre (IDT), destinée à protéger la terre non seulement des missiles mais aussi des météorites qui menacent notre existence. Notons à cet égard, avec grand intérêt, le projet qui vient d’être lancé par 14 chercheurs, financé par l’Union européenne, pour détecter et dévier les trajectoires des astéroïdes qui pourraient rentrer en collision avec la Terre.

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Puis, Vladimir Poutine a avancé le projet de ville expérimentale dans l’Arctique, du nom d’ Umka (point rouge sur la carte), que nous évaluons ci-dessous. Projet que l’ancien ministre des Affaires étrangères russe, Igor Ivanov, a récemment repris à son compte, proposant qu’il soit lancé conjointement avec les Etats-Unis. Enfin, Vladimir Popovkine, le directeur de l’agence fédérale spatiale russe, Roskosmos, a proposé en janvier de cette année la construction conjointe avec les Etats-Unis et 9 autres agences spatiales internationales, d’une véritable base lunaire.
Ce genre de main tendue devrait donner une leçon à nos diplomates qui préfèrent suivre, au contraire, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis dans leur escalade militaire au Proche-Orient.

Le domaine par excellence qui permet de surmonter ces défis est l’exploration spatiale. Cependant celle-ci pose des obstacles considérables (températures extrêmes, rayonnements, environnement radiatif) que seule une zone de la planète tend à reproduire : les pôles du globe. Les masses continentales étant plus proches du Pôle Nord, l’Antarctique peut pour le moment être mis de côté. Toute installation humaine conséquente dans l’Arctique exigera une coopération entre Etats (les Etats-Unis et la Russie étant directement concernés, mais aussi l’Europe) et un développement de l’extrême Nord de l’Eurasie et du Grand Nord américain et canadien. L’enjeu stratégique est crucial pour la Chine car à moins d’un développement fulgurant, gourmand en matière premières, la population qui se concentre sur ses côtes ne pourra s’installer à l’intérieur des terres, ce qui créera une situation intenable sur tous les plans.

La France, très présente dans l’Antarctique, notamment avec la station Franco-italienne Concordia qui utilise déjà ce milieu extrême pour tester les conditions spatiales, est en ligne aussi pour jouer un rôle clé dans la région, au niveau de la recherche fondamentale ainsi que du développement de ses capacités industrielles. D’ores et déjà, ses capacités uniques dans le domaine des gaz liquéfiés ont amené la Russie à confier 25 % de l’exploitation de l’énorme gisement gazier de Chtokman, en mer de Barents, à la compagnie Total. La Russie aura aussi besoin d’aide pour ses énormes projets d’exploration/exploitation des hydrocarbures : d’ici 2030, on estime que les besoins se monteront à plus de 40 plateformes et plus de 200 bâtiments spécialisés. La France serait bien placée aussi pour reconstruire la marine hauturière russe dont le budget de modernisation serait de 11 milliards d’euros annuels.

Le véritable enjeu cependant est de sortir d’une triple crise : 1) la contraction de l’économie physique, 2) due à une conception monétariste de l’économie, 3) qui nous mène aujourd’hui à une guerre de tous contre tous. Les pistes tracées ici permettent de redéfinir l’avenir de l’humanité dans le temps long des projets plutôt que dans celui de l’obsession des gains financiers immédiats ; substituer à la guerre des possédants, la paix par le développement mutuel.

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Dmitri Ivanovitch Mendeleïev (1834-1907)

L ’exploration de l’Arctique doit beaucoup au grand savant russe Dimitri Ivanovitch Mendeleïev (1834-1907). Dans un mémorandum envoyé à Sergei Witte en 1901, il plaide pour les financements nécessaires pour tenter l’ouverture d’une route maritime traversant l’Arctique depuis la Norvège jusqu’au détroit de Béring. Il fit tout pour améliorer la rentabilité physique du voyage : en prenant la route centrale, par le chemin le plus court, il réduisit les coûts de moitié ; en prévoyant de transformer le Yermak, premier brise-glace, fonctionnant au charbon, en navire propulsé au fioul, ilpouvait réduire l’équipage à 36 hommes ; il se proposait aussi d’utiliser un mélange d’air liquide et de charbon pour dynamiter les glaciers ; enfin, il voulait aménager le bateau pour le rendre vivable et en gage de sécurité pour toute la troupe, il annonça que ses enfants le rejoindraient au sein de l’équipage !

Mendeleïev, célèbre pour sa découverte du tableau périodique des éléments chimiques, était un génie universel. Son éditeur le décrit comme « un savant, un homme public, un chimiste, un chimiste physique, un métrologiste, un économiste, un ingénieur, un géologue, un météorologiste, un pédagogue… »

C’était aussi un opposant résolu au libre-échange britannique et un sympathisant du protectionnisme de Friedrich List. Lors de sa participation au Centenaire de la République américaine, en 1876, à Philadelphie, il rencontra également les cercles d’Henry Carey, conseiller économique d’Abraham Lincoln.

La science de l’économie du futur Systèmes auto-développants et développement de l’Arctique

par Michelle Fuchs et Sky Shields

L’échec terrible et dangereux des structures économiques et politiques mondiales est désormais évident et l’effondrement qui nous menace est sans nul doute le plus étendu et le plus sévère de toute l’histoire humaine. La mort programmée du système euro risque fort d’entraîner avec lui la communauté de nations du monde transatlantique, les États-Unis y compris. En réponse à cet effondrement, les intérêts financiers responsables de ce système et leurs serviteurs – plus particulièrement l’actuel Président des États-Unis Barack Obama – ont choisi l’option d’un conflit mondial potentiellement thermonucléaire plutôt que l’émergence d’une alternative de paix par le développement économique mutuel incarnée par une alliance trans-pacifique avec la Russie, la Chine et l’Inde.

La menace de guerre demeurera en effet tant que Barack Obama conservera son poste de Président des États-Unis. Son éviction immédiate, au contraire, permettrait la ré-application de la politique de Glass-Steagall de Roosevelt visant à contrôler les intérêts financiers prédateurs de ce système international. De cette manière, les politiques de développement de l’économie physique requises pour nous tirer hors de la faillite et nous porter vers la reprise pourront être lancées.

C’est dans ce contexte qu’il est plus que jamais nécessaire, non seulement de mettre en place ces mesures contrebalançant les politiques impériales de pillage des dernières décennies, mais plus important encore, de comprendre les principes scientifiques physiques sous-jacents à une véritable conception de l’économie physique. Sur quelle base, en effet, détermine-t-on le succès ou l’échec d’une politique économique physique ? Deux propositions émanant de Russie ces dernières semaines nous fournissent justement l’occasion de discuter de ces questions et l’opportunité d’appliquer certains des concepts d’économie physique développés récemment par Lyndon LaRouche dans une série d’écrits. 1

Contraintes de densité de flux énergétique d’un système auto-développant

Pour garantir notre survie, notre système d’économie physique doit tout d’abord évoluer vers des formes d’organisation de plus en plus autonomes et en auto-développement, c’est à dire dont l’évolution dépend plus de relations internes que d’une métrique fixée de l’extérieur. Le caractère auto-développant d’un système l’oblige à maintenir en son sein une plus grande activité, le pousse à la création et à l’utilisation de technologies de plus en plus énergétiquement efficaces et denses.

Or, la proposition russe pour créer une ville expérimentale dans l’Arctique, à 1600 km du pôle Nord, que nous examinerons dans cet article, nous amène à isoler les contraintes d’un tel système auto-développant. Cette ville expérimentale, fermée par les contraintes d’un climat extrême, sera non seulement la clé pour réussir une industrialisation de toute cette zone, y compris de la très riche Sibérie, mais aussi pour la création de villes spatiales, dans le contexte d’un programme d’exploration de la Lune et de Mars. C’est en effet la clé pour une réussite future de notre développement en tant qu’espèce.

Mais avant d’aborder le cœur du sujet, évoquons dans les grandes lignes les principales caractéristiques et contraintes des systèmes auto-développants que sont notre biosphère, les organismes vivants et les sociétés humaines qui la composent.

1) La deuxième loi de la thermodynamique ne s’avère pas valide pour l’univers ni pour les organismes vivants. Cette idée, promue par Clausius et Boltzmann, stipule que par suite d’une déperdition de chaleur provoquée par l’usure, l’univers va inéluctablement vers sa mort thermique, un peu comme une horloge dont le mouvement s’épuiserait. On passerait ainsi de stades d’organisation plus complexes, à un état d’épuisement et de chaos. C’est ce qu’on appelle communément la loi de l’entropie.

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- Diminution des retours

Par densité de flux énergétique, on entend la capacité d’un système énergétique à effectuer un travail. L’histoire de la biosphère est un processus d’autodéveloppement de ce principe, ponctué par des sauts qualitatifs, chaque saut nous amenant à un système énergétique plus performant, c’est-à-dire capable de soutenir une forme de vie à chaque fois plus développée et importante.

Pour LaRouche c’est le contraire qui a lieu. On voit dans l’histoire de l’univers, des organismes vivants et de la société humaine, une tendance à l’accroissement de ce qu’il appelle « la densité de flux énergétique ». Par densité de flux énergétique, on entend la capacité d’un système énergétique à effectuer un travail. L’histoire de notre biosphère nous montre, en effet, un processus d’auto-développement de celle-ci, ponctué par des sauts qualitatifs, chaque saut nous amenant à un système énergétique plus performant, c’est-à-dire capable de soutenir une forme de vie à chaque fois plus développée et importante. L’univers est donc anti-entropique ; les amphibiens ont été dépassés par les reptiles, et ceux-ci ont été dépassés par les mammifères et les hommes.

2) Ce développement anti-entropique de l’ensemble entraîne cependant des processus d’extinctions de masse. Chaque saut qualitatif amène une forme supérieure de vie qui tend à remplacer la précédente. Pourquoi disparaissent-elles ? Car tout système particulier, qui n’évolue pas vers des formes d’existence toujours plus complexes et efficientes, finira toujours par épuiser ses propres ressources, mettant ainsi sa propre existence en péril.

C’est un phénomène bien connu pour la société humaine : tout mode technologique donné ouvre la voie à l’exploitation de certaines ressources : charbon, pétrole, etc. Mais au fur et à mesure que la population augmente, ces ressources sont épuisées et les coûts de plus en plus importants pour se les procurer réduiront le surplus de la société – son énergie libre – jusqu’à l’anéantir, provoquant la chute si l’on ne découvre pas de nouvelles technologies et ressources.

Par conséquent, « faire du sur place », la « croissance zéro » tant prônée par les écolos-malthusiens, est tout simplement impossible, car cela revient à épuiser les ressources disponibles d’un système donné, pris à un moment donné. Même une croissance linéaire conduirait, à terme, à un épuisement. Seuls des sauts qualitatifs vers des niveaux plus élevés de densité de flux énergétique permettront aux systèmes vivants et à la Biosphère d’assurer leur existence.

De plus, il y a une corrélation entre les systèmes vivants et l’univers dans son ensemble. Le critère qui permettra alors de déterminer le risque d’extinction d’une espèce vivante ou bien d’une société humaine, sera la marge de différence entre la densité de flux énergétique correspondant à chaque espèce ou société, prise individuellement, et celle requise par l’ensemble du système ; en sachant que cette dernière, comme en attestent certains changements influant sur notre système solaire au sein de notre galaxie et au delà, s’accroît constamment, avec et indépendamment de l’activité de la biosphère et de notre activité terrestre.

3) Si nous admettons le caractère auto-développant de ce type de système, c’est-à-dire que de lui-même il avance vers des phases de développement de plus en plus complexes, cela rends caduque la conception d’un « temps absolu » qui se conçoit en dehors de tout processus de transformation. Il faut, au contraire, définir un critère de « temps physique » qui, lui, se mesure par les écarts de taux d’accroissement de densité de flux énergétique au sein de l’univers en auto-développement. Exemple : avec les propulseurs chimiques actuels, le voyage vers Mars prendrait 2 à 3 ans ; avec des moteurs à fusion, il prendrait une semaine !

Ces contraintes correspondent à ce que l’on pourrait appeler la structure du temps de l’économie physique. Il en découle qu’une destruction de l’économie n’est pas un simple retour vers un stade « antérieur » et qu’il ne suffit pas de « revenir » au stade précédent l’effondrement pour repartir à nouveau. Bien au contraire, il est nécessaire d’accroître la densité de flux énergétique de plusieurs ordres de grandeur supplémentaires pour faire face à l’accroissement de densité requise par le système durant la période intermédiaire succédant à l’effondrement et durant laquelle aucun progrès ne s’est réalisé. Bref, durant cette période de non développement, nous ne « restons » pas « sur place ».

Dit autrement, le progrès humain ne se mesure pas sur une toile de fond fixe appelée « temps absolu », du type postulé par Newton et portée à des extrêmes absurdes par Laplace. Le progrès humain se mesure sur l’échelle du développement évolutionnaire constant de l’ensemble de l’univers. C’est un temps relatif, défini par des relations entre des processus physiques de développement anti-entropique.

La situation actuelle en Russie nous fournit un excellent cas d’étude pour une sortie de crise pour les autres économies de la planète.

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Épuisement de l’économie physique : le cas de la Russie

Voyons d’abord le processus d’effondrement subi par l’économie russe après la chute du mur. Prenez le cas de l’échec malencontreux de la mission russe Phobos-Grunt en ce début de novembre 2011. Ce satellite, supposé transporter des instruments sur Phobos, la lune de Mars, avait pour objectif de rapporter sur Terre un échantillon de son sol, d’étudier l’atmosphère et l’environnement radioélectrique de Mars, et de réaliser une recherche plus avancée sur la possibilité de vie sur la Planète Rouge. Simultanément, le satellite transportait une gamme d’organismes microscopiques afin de tester l’effet de l’environnement interplanétaire sur des organismes vivants, premier jalon d’un éventuel voyage humain. Cependant, suite au décollage, le moteur à propulsion de la sonde ne s’activa pas et ne put, par conséquent, éjecter l’appareil hors de l’orbite terrestre dans la trajectoire de vol vers Mars. La sonde demeure actuellement dans les limbes, gravitant en orbites de plus en plus rapprochées autour de la Terre, en attendant de retomber dans l’atmosphère terrestre.

Bien que les raisons de cet échec puissent être expliquées par des considérations purement techniques, l’expert militaire russe Vladislav Chourigine préfère identifier la racine du problème plus en amont comme il l’explique au journal Aktualniye Komentarii :

« Durant les 20 dernières années nous avons, de fait, épuisé le vieux matériel informatique et passé peu de temps à le mettre à jour. »
« Durant cette période, des secteurs entiers de l’industrie aérospatiale, tel que le développement de nouveaux matériaux et l’électronique spatiale, ont été ruinés. L’industrie est morte, et maintenant nous allons devoir la créer de A à Z.
 »

« L’électronique spatial a été le problème principal durant de nombreuses années. Nous avons détruit notre propre industrie et pris des décisions à l’encontre de son développement, espérant que nous obtiendrions l’accès à l’électronique de l’Ouest. Nous n’avons rien reçu et nous ne sommes pas autorisés à accéder au marché de l’électronique spatiale actuellement capable de résister aux radiations et autres effets contraignants de l’espace. Personne ne s’empresse de nous en vendre. »

Le cosmonaute et physicien russe âgé de 80 ans, Gueorgui Gretchko, premier humain à jamais avoir fait « une marche spatiale » extravéhiculaire, qui a été récompensé deux fois comme héros de l’Union soviétique, s’est exprimé à ce sujet à Interfax-AVN. Gretchko, rappelons-le est, à l’origine de cette merveilleuse citation : « L’homme est homme, parce qu’il est toujours enclin à aller au delà de l’horizon. Et par là, il étend l’horizon de toute l’humanité. Si un animal a de la nourriture, de la chaleur et un partenaire, il n’a pas besoin de quoi que ce soit de plus que cela. Ainsi, soit nous restons humains et nous allons sur Mars, ou nous serons des animaux. »

Il déclara à Interfax à propos de Phobos : « Notre principale difficulté ? Le directeur de Roskosmos (l’agence spatiale fédérale russe) l’a mentionnée récemment (…) : les personnels employés ont soit plus de 60 ans soit moins de 30. Il n’y a pas de groupe d’âge intermédiaire. (…) Pendant qu’elle tentait désespérément de survivre, une génération entière a été perdue pour l’industrie spatiale. Cette dernière ne pouvait offrir à ces gens, pour la plupart jeunes, énergiques et talentueux, les salaires plus élevés qu’ils cherchaient à l’époque. Aujourd’hui encore les salaires sont encore trop faibles, parfois même en dessous du niveau de la moyenne fédérale ou régionale. (…) Un système aussi sophistiqué que le Phobos-Grunt a été conçu il y a 25 ans. Pensez ce que ces 25 ans représentent pour l’industrie spatiale quand il se produit un tel changement de génération.  »

Ce que Grechko décrit ici est en réalité l’ombre d’une politique insidieuse et délibérée qui fut lancée pour arrêter, à l’époque, une dynamique de progrès humain capable d’accroître la densité de flux énergétique. Car malgré son obsession de bâtir un complexe-militaro-industriel fort au détriment de son économie civile, obsession qui la conduisit vers son effondrement final comme l’avait mis en garde LaRouche en 1983 (2), l’orientation scientifique très forte adoptée par l’Union soviétique après la guerre, lui a permis de former l’une des plus importantes et meilleures forces de cadres scientifiques de la planète. Sous le régime de l’Union soviétique, les Russes lançaient en effet un vaisseau vers Mars et Vénus tous les deux ans, c’est à dire le maximum, étant donnée les contraintes imposées par les positions relatives des planètes. Cependant, avec la dissolution de l’URSS et l’arrivée des politiques de « libre-échange » imposées par François Mitterrand, George Bush, et Margaret Thatcher – dignes représentants de l’oligarchie financière – des conditions de parfait chaos et de pillage criminel de la Russie furent établies, effaçant alors toute perspective de progrès scientifique.

Mais l’effondrement des deux dernières décennies fut bien plus qu’un effondrement financier. Une attaque délibérée a été menée contre la Russie par des intérêts financiers prédateurs opérant depuis la City de Londres et Wall Street, mais aussi depuis l’intérieur du pays, par des intérêts qui avaient été artificiellement créés et qui furent promus à leur position dominante par ceux de l’extérieur. (3)

Le but, en effet, n’était pas uniquement le simple démantèlement économique de la Russie, mais bien la destruction de ce que la culture russe a représenté de meilleur pour toute l’humanité, et précisément ce potentiel de progrès scientifique qu’elle incarnait même sous le système soviétique (4).

Pour la Russie, comme pour le monde, ce fut un effondrement des capacités physiques, culturelles, morales et intellectuelles de la population. Ceci inclut la corruption d’une génération entière qui n’eut apparemment pas d’autres moyens de survie que de participer à une économie criminelle via le pillage massif des matières premières russes soudainement expédiées vers l’Ouest de manière illégale (5).

Les jeunes accédant à l’éducation affluèrent vers des spécialités « business » et services financiers, plutôt que d’être formés pour des emplois vraiment productifs ou scientifiques, tandis que certains ingénieurs et chercheurs de l’aérospatial trouvèrent plus profitable, sous un système de libre-échange, d’utiliser leurs compétences mathématiques pour aider au pillage de l’économie physique via les marchés financiers dérivés. Durant cette révolution criminelle des années 1990, sur près de 30 millions d’enfants, 2 millions étaient, dès 1999, sans domicile, et on estimait qu’un tiers de ceux en âge d’aller à l’école n’y allaient pas. L’usage de drogue explosa (6) et plutôt que de développer leurs capacités créatives, ces jeunes se tournèrent vers la participation à une économie souterraine criminelle.

A la fin des années 1980, dans la partie russe de l’Union soviétique, l’emploi de scientifiques et de travailleurs capables d’offrir des compétences dans les domaines scientifiques, chuta de son niveau le plus haut de 3,2 millions, pour atteindre 1,3 millions en 1997. (7) Dans cette période, l’emploi dans l’industrie a quasiment été réduit de moitié par rapport à son pic de 1988, pour atteindre moins de 11 millions de travailleurs. De nombreux scientifiques très qualifiés durent se tourner vers des « jobs » alimentaires pour continuer à vivre. D’autres, pour qui les occasions de participer à des recherches scientifiques dans le pays se faisaient de plus en plus rares, furent attirés à l’étranger, dans une « fuite des cerveaux » systématique, extrayant les esprits les plus brillants de la Russie vers l’Ouest, où ils pouvaient recevoir des salaires nettement plus élevés, assez souvent dans des travaux n’ayant aucune relation avec leur profession d’origine.(8) L’infâme programme de Georges Soros qui débuta en 1992 (l’année de l’inflation de 2600%) et prévoyait d’allouer des bourses temporaires aux scientifiques russes, alimenta ce processus.

Le principe oligarchique

Une telle politique de destruction économique est le résultat de ce que nous appelons le principe oligarchique. Les intérêts incarnant ce principe, qui opérèrent depuis Londres et Wall Street pour lancer ces attaques, sont les mêmes qui, aujourd’hui, nous conduisent au bord du gouffre.

Ces attaques provoquèrent l’effondrement de ce que Lyndon LaRouche identifie, dans sa science de l’économie physique, comme le potentiel de densité démographique relatif (PDDR). Ce principe doit être distingué de l’effondrement réel de la population qui, cependant, doit nécessairement suivre un tel effondrement de potentiel.

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Fonction typique du PDDR Écroulement du PDDR

Toute réduction de ce que Lyndon LaRouche a identifié comme le Potentiel de densité démographique relatif (PDDR) conduit fatalement à un recul démographique.

Lorsque le potentiel de densité démographique relatif s’effondre, ce n’est qu’une question de temps avant que la densité démographique réelle le suive dans sa course. (…) Ces effets, nous pouvons en avoir un sens à travers l’horrible désastre humain que nous avons vu se propager à travers la Russie depuis l’effondrement de l’Union soviétique ; désastre qui fut partiellement freiné lorsque Poutine, alors Président de la Russie entre 2000 et 2008, défendit la souveraineté de son pays contre ces intérêts criminels qui s’en étaient emparés.

Les dommages engendrés par ce genre d’attaque ne constituent pas un simple « retour en arrière », mesurable sur une échelle de temps absolu. Ils reflètent plutôt un mouvement relatif entre, d’une part, la croissance et le développement anti-entropique continu de l’univers pris dans son ensemble, et d’autre part, l’effondrement entropique caractérisé par le pillage de la Russie post-soviétique à partir des années 1990. Durant cette période, le seuil nécessaire en termes de densité de flux énergétique s’est constamment accru, tandis que la densité de flux énergétique réelle de la Russie (et du monde entier, sous la mondialisation) était, elle, constamment en déclin. Cet écart sert d’approximation préliminaire du gouffre entre la densité démographique potentielle et réelle. En conséquence de quoi, la marge de densité de flux énergétique devant être rattrapée par la Russie s’est accrue de façon vertigineuse. Cet écart est aussi bien – ou même davantage, culturel que physique. La destruction lancée contre les esprits de la population – à travers la destruction de la compétence scientifique et l’introduction de la contre-culture – représente en potentiel l’effondrement le plus sournois.

Il est impossible de pallier à cette marge d’effondrement en intervenant sur le processus uniquement par de vastes stratégies d’investissement trop dispersées. Les ressources physiques encore disponibles doivent au contraire s’investir dans l’activité économique de manière concentrée et à la frontière des connaissances humaines. C’est pourquoi les arguments visant à couper les programmes spatiaux pour soi-disant résoudre les problèmes « ici sur Terre » sont de faux raisonnements, qui négligent ce fait et s’avèrent au final dangereux. La science économique devient « science morte », lorsqu’elle est le fruit d’une lubie politique et idéologique. Toute valeur économique physique est générée à la frontière du progrès scientifique, comme l’atteste le programme Apollo : pour chaque dollar investi il y eu 14 dollars de retombées dans l’économie civile. Dès l’instant où de nouveaux projets pionniers cessent d’être lancés au sein d’un système économique, ce système devient gouverné par une structure logique, fermée, définie par un niveau technologique fixe et, par conséquent, fonctionnant sur une base de ressources limitées. Un tel système est, comme Sadi Carnot l’a montré dans son étude sur les systèmes fermés, intrinsèquement entropique. Tels sont les systèmes à « énergies renouvelables » basés uniquement sur les technologies primitives que sont les puissances solaire ou éolienne, qu’on nous propose aujourd’hui et qui pourtant sont incapables d’atteindre la marge de productivité requise pour assurer ne serait-ce que leur propre reproduction. Tout système fermé de cette sorte est voué à s’effondrer. Seule la transition constante vers des plateformes économiques de développement de plus en plus élevées peut éviter cette circonstance. En ce sens, un univers contenant le processus créatif humain, est fini mais non limité. (9)

C’est pour cette raison que les investissements, à l’image du programme Apollo et de la profusion technologique qu’il engendra à son époque, doivent être tels que nous atteignions une marge d’anti-entropie suffisante pour rétablir le reste du système au niveau d’autrefois. Par conséquent, la nécessité n’est pas ici de retracer exactement les même étapes qui donnèrent initialement à l’Union soviétique sa capacité de vols spatiaux habités, car l’effondrement qui a eu lieu n’est pas un retour « en arrière » vers un état « antérieur ». L’univers s’est lui-même développé entre-temps et il n’est pas du genre à nous attendre quand nous faisons une pause.

Afin de rattraper cette marge d’effondrement, il est donc nécessaire de dépasser le sommet précédent. Plutôt que de nous contenter de regagner une expertise perdue dans le spatial, nous devons déterminer les prochaines étapes nécessaires à la colonisation humaine du système solaire et les entreprendre dès maintenant. Deux propositions avancées par la Russie ont ce potentiel, si elles sont exécutées correctement et en collaboration avec les États-Unis, l’Europe et la Chine. La première, qui sera discutée par ailleurs, est la proposition de remplacer la stratégie britannique belliqueuse d’Obama de défense anti-missiles, par un projet collaboratif connu comme l’Initiative de défense terrestre (IDT). La seconde, qui sera abordée ici, est la collaboration autour du développement économique des régions polaires de la Terre. Mais d’abord, une discussion sur le véritable objectif.

Notre impératif extraterrestre

La destinée de l’Homme réside dans les étoiles, et débute par la colonisation de notre système solaire et de notre galaxie. La Lune sera seulement un tremplin vers un système extra-terrestre, et l’Arctique son précurseur. Les caractéristiques uniques de la Lune en font le lieu idéal, aussi bien d’une base industrielle éloignée de la Terre, que d’une rampe de lancement pour des missions vers Mars. Sa faible gravité et la concentration de certaines terres rares comme le titane sur son sol, faciliteraient certains processus industriels, et la destineraient sans hésitation à être la première station permanente entre la Terre et l’espace interplanétaire. Cependant, les équipes qui feront fonctionner l’avant-poste lunaire devront être capables de survivre à des périodes de temps prolongées dans cet environnement spécifique. Les premières combinaisons spatiales utilisées par les pionniers de l’exploration lunaire étaient suffisantes pour des incursions initiales dans ces territoires inexplorés. Cependant, la vie future hors de l’espace terrestre durant de longues périodes nous imposera de construire des habitations vivables permettant d’accomplir certains travaux sans devoir porter l’équivalent d’un vaisseau spatial mobile sur le dos.

Contrairement à la Terre, dont l’atmosphère protectrice nous est si familière que nous n’y prêtons quasiment plus attention, la Lune n’a pas d’atmosphère, et donc, il y a certaines considérations environnementales réelles à prendre en compte pour construire des villes sur la Lune. Des habitats sous dômes de verre, en surface, seront très probablement impossibles, vu que toute structure à la surface sera sujette aux mêmes météorites microscopiques qui martèlent constamment le régolite lunaire en fine poussière. La Lune nous pose aussi un énorme défi en termes de rayonnement particulaire. La surface de la Lune, en effet, est exposée tant aux rayonnements cosmiques qu’aux éruptions solaires, ainsi qu’à de dangereuses gerbes de particules secondaires. (…) Minimalement, plusieurs mètres de sol lunaire, ou de protection épaisse de ce type, seront nécessaires pour rendre des habitats vivables sur la Lune. L’une des possibilités les plus prometteuses serait la construction de colonies lunaires à l’intérieur de tunnels de lave, une solution qui répond aux deux défis.

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La surface de la Lune est exposée à des rayonnements cosmiques très violents et des éruptions solaires. Dans un premier temps, pour s’en protéger, l’homme sera obligé de s’installer à l’intérieur des cratères et des tunnels de lave.

Fred Hörz, chargé de planétologie expérimentale au centre spatial Johnson (Houston,Texas) de la NASA, fut le premier à suggérer l’habitat possible dans ces tunnels de lave dans son écrit de 1985 :«  Les tunnels de lave : abris potentiels pour les habitations » : « Des cavernes naturelles existent sur la Lune sous la forme de « tunnels de lave », qui sont les conduits de drainage d’anciennes rivières de lave souterraines. Les dimensions internes de ces tunnels mesurent entre des dizaines et des centaines de mètres, et nous nous attendons à ce que leur toit soit d’une épaisseur supérieure à 10 mètres. Par conséquent, l’intérieur des tunnels de lave offre un environnement qui est naturellement protégé des risques liés aux rayonnements et aux impacts de météorites. De plus, il y prévaut une température propice constante de -20°C (10).

Ce sont là des conditions environnementales extrêmement favorables pour l’activité et les opérations industrielles humaines. Des bénéfices opérationnels, technologiques et économiques importants en résulteraient si une base lunaire était construite à l’intérieur d’un tunnel de lave. » (…)

Ce genre de conditions préalables est ce que nous devons avoir à l’esprit, lorsque nous discutons de développement ici sur Terre. Il n’est pas suffisant pour une quelconque politique économique donnée, d’assurer la survie momentanée de notre espèce. Toute politique économique saine pour le présent doit prévoir en elle-même une marge suffisante d’anti-entropie, afin de garantir la survie continue de l’espèce humaine sur un siècle voire même davantage. Ceci signifie que nos véritables objectifs doivent comprendre une capacité à maintenir une civilisation humaine, tant sur la Lune que sur Mars, tout autant que des habitats construits artificiellement et mieux contrôlés dans l’espace interplanétaire. La mise en place d’installations minières sur divers corps planétaires, incluant les astéroïdes incroyablement denses en minéraux, que l’on trouve au sein du système solaire, rendra l’expression « ressources limitées » encore plus insensée qu’elle ne l’est déjà. Et la mise en place d’une étude sur les phénomènes interplanétaires de rayonnement cosmique à hautes énergies à l’échelle du système solaire, apportera finalement à l’humanité une maîtrise plus complète des phénomènes météorologiques et climatiques, ici sur Terre, et qui nous paraissent, aujourd’hui encore, hors de notre portée.

Cette pensée qui veut que le destin de l’homme soit inévitablement dirigé vers les étoiles sera explicite à ce stade-ci du développement humain. Mais ce qui est le plus intéressant est qu’elle l’est déjà implicitement à travers la proposition faite récemment par la Russie de coloniser l’Arctique terrestre. En voici la raison.

L’Arctique, la « fenêtre sur l’espace » de la Terre

L’humanité a, jusqu’à présent, survécu dans un genre de matrice maternelle. Nous sommes nés dans cette Biosphère, disposant de notre corps et y vivant naïvement sans trop savoir comment tout cela opérait. Nous avons survécu grâce à un don dont nous ignorions l’origine, et étions assujettis à des puissances naturelles qui, au départ, nous étaient si incompréhensibles que nous les attribuions à des dieux capricieux. Petit à petit, nous sommes parvenus à comprendre les causes des processus qui produisaient notre alimentation, jusqu’à ce que nous soyons capables d’accroître leur efficience bien au-delà de l’état dans lequel nous les avions trouvé à l’origine, en développant de nouvelles espèces par l’agriculture, l’élevage d’animaux, et par le biais, désormais, de méthodes biologiques encore plus directes. Ce phénomène fut à la fois une application et une amplification de la tendance d’accroissement continu de la densité de flux énergétique qui avait déjà été caractérisée par le développement antérieur de la biosphère. En effet, alors que les mammifères apparurent et surpassèrent les reptiles en efficacité et en autonomie énergétiques, les plantes à fruits, plus denses en énergie que les anciennes espèces de fougères, firent leur apparition. Vue de plus près, cette transformation vers un accroissement de la densité de flux énergétique fut en réalité spécifique à l’ensemble du système biosphérique lors du passage de l’ère Crétacé à l’ère Tertiaire il y a environ 65 millions d’années. Par la suite, l’activité humaine fut le facteur contrôlant l’accroissement de densité du métabolisme des plantes à fruit et autres espèces vivantes. Plus tard, les désastres naturels que l’on pensait incontrôlables auparavant nous sont apparus de plus en plus compréhensibles. Maintenant que nous commençons à observer le Soleil, et au-delà, pour trouver les causes des phénomènes météorologiques ici sur Terre, nous devenons maître de l’environnement que nous habitons.

Alors que la Biosphère se dérobe sous la Noosphère – la sphère de l’activité cognitive humaine – ces processus sont, de fait, de plus en plus assujettis à la puissance de notre action créatrice. Tout ceci dans le but de préparer notre sortie du ventre maternelle de la biosphère terrestre, ce que nous pourrions appeler notre « naissance ». Comme nous l’avons montré en d’autres occasions, notre maîtrise de l’environnement dans lequel nous avons été livrés revient à couper notre cordon ombilical et à commencer à voler de nos propres ailes. En fin de compte, l’humanité est destinée à rendre tout le système solaire, voire même la galaxie et au-delà, habitables. Ce processus commence ici, dans le cercle polaire.

Car, si garder en vie des êtres humains dans un environnement très éloigné de notre Terre maternelle est en effet le but que nous nous fixons, alors, l’idée qui veut que l’Arctique soit « la Fenêtre de la Planète Terre, vers l’Espace », devient encore plus vraie. L’Arctique n’est plus seulement la «  fenêtre cosmique  » à travers laquelle passent des rayonnements de particules extra-terrestres pour y produire les magnifiques aurores boréales que nous connaissons si bien.

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Aurore boréale

C’est aujourd’hui notre fenêtre vers l’espace en tant qu’étape frontière nécessaire au développement de l’humanité dans le système solaire : car c’est ici, en Arctique, que nous développerons les technologies nécessaires pour accomplir notre destinée dans les étoiles.

En Septembre 2010, le Premier ministre russe Vladimir Poutine assista au Second forum international sur l’Arctique de la Société géographique de Russie, intitulé, « l’Arctique, territoire de dialogue ». Il y vit, entre autres choses, les plans que l’architecte russe Valery Rzhevsky a conçu pour l’édification de la ville Umka, aussi nommée « ville des merveilles », située dans les profondeurs du cercle Polaire sur la lointaine île Kotelny dans l’archipel de la Nouvelle-Sibérie.

Plus proche du pôle Nord (1600 km) que de n’importe quelle autre ville russe, cette ville devra au départ accueillir quelque 5000 résidents, parmi lesquels des scientifiques, ingénieurs, et ouvriers qualifiés pour exploiter les mines et opérer les plateformes pétrolières locales. Elle devra nécessairement être entièrement isolée, auto-suffisante, du fait du climat totalement inhospitalier qui prévaut en Arctique.
Une des maquettes de l’architecte russe Valery Rzhevsky pour la ville d’Umka a sur l’île de Kotelny, dans l’archipel de Nouvelle-Sibérie.

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Une des maquettes de l’architecte russe Valery Rzhevsky pour la ville d’Umka sur l’île de Kotelny, dans l’archipel de Nouvelle-Sibérie.

Les ouvriers seront pour cela occupés à extraire et développer les vastes ressources minérales du Cercle arctique. Une étude commune des Services géologiques des États-Unis et des gardes côtes canadiens estime en effet que la zone au Nord du cercle arctique contiendrait 13 % du pétrole, 30 % du gaz naturel, et 20 % des gaz liquides naturels inexploités. D’autres études estiment que l’Arctique recèle près de 9000 gisements miniers.

Le chemin vers l’île est également chargé de richesse. On estime que la Sibérie russe, zone une fois et demi plus étendue que le territoire des États-Unis mais avec seulement 38 millions d’habitants (incluant de grandes villes sur sa côte Pacifique Est et à la périphérie Ouest des montagnes de l’Oural), contiendrait à elle seule 16 % des minerais du monde. On y trouverait 90 % du palladium, 80 % du tantale, 40 % du platine et 36 % dunickel exploitables dans le monde. Tout en extrayant ces ressources minières, les chercheurs d’Umka auront pour mission de sonder les profondeurs encore inexplorées de l’Arctique et ceci pour le plus grand enrichissement des sciences biologiques et physiques.

La véritable beauté d’une telle entreprise est encore plus visible du point de vue extraterrestre comme mentionné plus haut. À cette latitude extrême, des vents forts dominent, et les températures pouvant chuter en dessous des -30°C (identiques à celles que l’on évalue dans les cavernes lunaires) ne grimpent que rarement au delà du point de congélation, et cela même durant l’été.

Ces conditions hostiles nous offrent une excellente opportunité de développer et d’appliquer les technologies dont l’humanité aura besoin pour conquérir les frontières suivantes que sont la Lune et Mars.

Le dôme géant recouvrant une telle ville n’est que le prototype des futurs systèmes que ces explorateurs utiliseront pour se protéger de l’environnement hostile. Le terrain local n’offrant aucun confort de vie minimal possible, ce type de projet partage avec l’exploration spatiale la qualité d’avoir à fournir à l’habitat absolument tous les systèmes permettant le maintien en vie. Les modèles sur lesquels la ville serait basée proviennent notamment de la Station spatiale internationale, qui doit elle-même générer et réguler à cet effet son propre climat tempéré. L’électricité de la ville sera quant à elle fournie par un prototype de centrale nucléaire flottante, que la Russie prévoit d’utiliser plus tard pour le développement global de l’Arctique.11 L’objectif est d’arriver en définitive à concevoir un système totalement auto-suffisant.

Tous les cycles biologiques, jusqu’à la circulation de l’air, aussi bien pour les animaux que pour les plantes, devront être élaborés en détail. Des fertilisants à l’azote pourront être utilisés pour concentrer les nutriments consommés par les plantes. Les cycles d’oxygène et de dioxyde de carbone qui stimulent leur croissance devront être contenus à l’intérieur de la ville-dôme en prenant soin de minimiser le plus possible le contact avec l’environnement extérieur glacial.

De la nourriture adéquate devra être fournie. Sachant qu’une augmentation de la température de l’eau d’un bassin semble accroître significativement le nombre de poissons pouvant y vivre, cette ville dans l’Arctique alimentée en énergie nucléaire sera l’endroit idéal pour expérimenter la pisciculture. Des considérations, en vue de prévenir des tensions psychologiques sur les habitants dues à l’isolement et au confinement, incluant des dispositifs additionnels (par exemple, de loisirs) pour aider les gens à oublier qu’ils sont dans une ville isolée, seront prévus12. Enfin, aucun gaspillage ne sera autorisé dans la ville, étant donné que tout déchet sera destiné à être réduit en cendre dans des installations spécialement construites à cet effet13.

«  Jusqu’à présent, c’est le seul projet au monde de cette ampleur, avec un climat artificiel et un système de maintien de vie incorporé comparable à celui de la Station spatiale. C’est un nouveau monde, non seulement pour l’architecture, mais aussi pour la vie humaine. Nous devrons utiliser des technologies de l’aéronautique et du spatial pour le créer... Il sera conçu pour fonctionner sur n’importe quelle surface, même sur la Lune si nécessaire  », a déclaré Rhevzsky à propos de son projet.
Projet de dirigeable pour le transport de charges lourdes.

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Projet de dirigeable pour le transport de charges lourdes.

Le projet en question est une véritable étape dans l’accroissement de densité de flux énergétique que l’homme a pu générer jusqu’à ce jour. Dans cette région totalement isolée, nous sommes en train de développer une la densité de flux énergétique supérieure à n’importe quelle autre région sur Terre. La consommation d’énergie par tête sera accrue à mesure que la densité d’activité et des êtres humains y vivant seront démultipliés. Cette densité d’investissement va elle-même transformer le potentiel productif de l’espèce humaine de plusieurs ordres de grandeur. Il faudra assurer un potentiel de densité démographique relatif de l’île Kotelny (23 165 km²), au sein de la ville d’Umka, mesurant elle-même 1,2 km de long sur 800 mètres de large pour une population de 5000 habitants, rivalisant avec celui de Hong-Kong et ses 6349 habitants au kilomètre carré.

L’existence même de ce développement sur l’île Kotelny va accroître le potentiel de l’ensemble de l’Arctique. Les plans de la ville d’Umka ont déjà été proposés aux 5 nations ayant une côte sur l’Arctique, et font écho aux plans antérieurs de chacune de ces régions. L’ancien Premier ministre canadien John Diefenbaker14 avait des plans de villes sous-dômes de ce type pour le développement économique du Grand nord canadien.

(…) On peut comparer cette politique de la Russie à celle du Spoutnik quelques décennies plus tôt, qui fut le catalyseur d’une extraordinaire course vers l’exploration spatiale et lança une période durant laquelle la productivité fut certainement la plus grande de toute l’histoire humaine. Cette politique est l’exact opposé de celle menée par les Britanniques qui déclarent généralement certaines régions comme non propices au développement en prétendant défendre le droit des autochtones sur ces territoires et condamnant ainsi, pour ce qui est de la région arctique, les peuples Inuit et le reste du Canada à une arriération autodestructrice – de même qu’on le voit en Afrique et en Inde par ailleurs.

(…) L’un des axes centraux de la conférence intitulée « Développement infrastructurel global en Russie du Nord : de la limitation à l’expansion », qui se déroula dans la ville sibérienne de Iakoutsk au mois d’août 2011, fut le projet de relier le continent eurasiatique au continent Nord-américain via une connexion par voie routière/ferroviaire au niveau du détroit de Béring. La Russie, de son côté, a déjà démontré son engagement pour la réalisation de ce projet. En effet, la Compagnie des chemins de fer russes compte d’ici 2030 étendre les lignes ferroviaires jusqu’à la ville de Uelen à l’extrémité Est de la Sibérie du côté russe du détroit ; cette extension ferroviaire étant parvenue jusqu’à la ville de Iakoutsk en Novembre 2011.

Une telle connexion et intégration par le rail, est le premier pas crucial vers le développement de la Sibérie et de l’Arctique, comme le Dr. Victor Razbegin, actuellement le plus actif à la tête du Conseil pour l’étude des forces productives de la Russie, l’a souligné récemment.

(…) Les projets ferroviaires impliqueront bien plus que la simple pose de rails sur le sol inerte de la Sibérie. Ils comprendront le développement de tout le territoire, visant à l’extraction des ressources et leur transformation subséquente en matériaux de plus haute valeur ajoutée. Un autre aspect du plan russe pour le développement de l’extrême-Est inclut la création de villes entièrement nouvelles dans des zones considérées aujourd’hui comme inhospitalières, et comportant des objectifs scientifiques bien précis.

Ainsi, la Russie aura la capacité de surmonter les effets encourus par l’effondrement de son programme spatial durant des décennies en visant aujourd’hui bien au delà des limites qui ont été les siennes autrefois. Seul un accroissement global de densité de flux énergétique, au delà du sommet précédent que pouvait représenter son programme spatial, peut contrebalancer l’attrition endurée, pendant les décennies de pillage et de destruction culturelle provoqués par le libre échange. Ce « bond en avant » est la seule façon de fournir la marge d’anti-entropie nécessaire, requise pour pérenniser la survie de la Russie ainsi que de l’espèce humaine toute entière, en orientant l’investissement, non pas de façon diffuse mais directement aux frontières de la connaissance humaine, là où émergeront alors les formes d’application les plus intenses en termes énergétiques.

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Notes :
1) Ces réflexions figurent sur www.larouchepac.com: conférence internet de Lyndon LaRouche le 30/09/2011 [1] ; « Principle or Party ? » [2], du 31/10/2011 ; « The Fall of the British Empire : Obama’s Armageddon End-Game » [3], du 09/11/2011 ; «  What is Creativity, Actually ? : The Real Human Mind,  » [4] du 15/10/2011 ; « A World at Its Wits’ End : The End of the World’s Wars  » [5], du 22 /11/2011 ; «  Reflections on a Work by Nicholas of Cusa : The Strategic Situation Now » [6], du 29 /11/2011 ; et : «  To Keep a Promise : The Mystery in Your Time »

2) À cette époque, Lyndon LaRouche ne donnait pas plus de « cinq ans environ » à l’Union Soviétique avant que celle-ci ne s’effondre, si elle persistait dans ses politiques.

3) Rachel Douglas, “London’s ‘Our Men’ in Moscow keep Poisoning Russian Policy” [7] EIR, 26 mars 2010.

4) Lyndon LaRouche a toujours considéré la science soviétique comme un héritage précieux devant à tout prix être préservé pour l’humanité. Il combattit durant les années 1990 et 2000 pour empêcher que les intérêts financiers de Wall Street et la City de Londres ne la détruisent complètement. Voyez pour cela ses propres écrits : “Russia’s Science : a Strategic Assessment” [8] EIR, 20 juillet 1997 ; “The Legacy of Mendeleyev and Vernadsky : The Spirit of Russia’s Science” [9] EIR, 7 décembre 2001 ; “On Academician Lvov’s Warning : What Is`Primitive Accumulation’ ?” [10] EIR, 17 août 2001 ; “Free Trade vs. National Interest : The Economics Debate about Russia.” [11] EIR, 12 juin 2008

5) En 1996, la Russie exporta presque 41,7 % de sa production d’uranium, et l’équivalent de 356% du molybdène produit chaque année dans le pays, signifiant tout simplement à l’époque la totale dilapidation des réserves du pays.

6) On dénombre au moins 2,5 millions de victimes d’addiction dans le pays, avec, par an, 80 000 jeunes consommant de l’héroïne pour la première fois. Les taux d’addiction sont si élevés que, comme le rapportait le directeur du Bureau fédéral des narcotiques de Russie Victor Ivanov, 30 000 jeunes entre 18 et 24 ans meurent chaque année victimes de leur dépendance.

7) Entre 1991 et 1996, le total des dépenses en Recherche & Développement ont chuté de 70 %, dont 25 à 30 % correspondent aux investissements de l’État dans les programmes scientifiques et technologiques.

8) En 1997, 25 000 scientifiques russes travaillaient à l’étranger.

9) LaRouche reprenant ici l’idée tirée de l’expression d’Albert Einstein : « Fini mais non limité »

10) Durant les intervalles de deux semaines qui séparent le jour et la nuit lunaire, la température à la surface de la Lune varie entre -233° Celsius et 123° Celsius.

11) Ce programme prévoirait la mise en place de 8 centrales nucléaires flottantes dont les prototypes en construction seront acheminés au chantier naval de Sevmash à Severodvinsk cette année. Chaque centrale sera constituée de deux réacteurs disposés sur une péniche de la taille d’un terrain de football, connectés aux villes arctiques par des lignes à haute tension et situées sur l’océan au large des côtes portuaires. Elles fourniront de l’électricité et de la chaleur à des communautés allant jusqu’à 45 000 habitants et resteront sur place durant 12 ans sans qu’un retour au service de maintenance à Saint Petersbourg ne soit nécessaire. Mis au défi sur la sûreté de ces centrales, un porte parole répondit : « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de nos technologies. Nous avons une expérience de 50 ans dans le domaine des navires brise-glaces fonctionnant à l’énergie nucléaire dans des conditions extrêmes. » La Russie possède aussi une expérience de 50 ans dans le secteur des sous-marins nucléaires, ce qui a son importance quand on sait que ces réacteurs seront soumis à de fortes pressions au fond des océans.

12) La Russie a récemment collaboré avec d’autres nations dans une série de recherches connues sous le nom de Projet Mars 500, visant à établir les effets psychologiques et physiologiques subis par des cosmonautes censés être confinés dans une navette durant les longues périodes de voyage pour les futures missions spatiales comme celles, par exemple, vers Mars ou d’autres corps planétaires.

13) Ceux qui sont familiers avec la technologie du four de la ménagère russe reconnaîtront en quoi cela est tout à fait faisable.

14) Le projet de ville sous verre sur la baie de Frobisher (renommée depuis Iqaluit), située dans le cercle arctique à 62°49’59’’ de latitude nord, prévoyait la construction d’une ville dans l’Arctique « dont le coût de la vie et le confort des habitants seraient équivalents à ceux vivant à Toronto ». Elle abriterait 4500 personnes et serait alimentée par une petite centrale nucléaire.