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L’Australie réoriente sa défense contre la Chine

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(Nouvelle Solidarité) — Les planificateurs de la défense australienne ont diffusé un rapport intermédiaire sur l’Examen de la situation des forces, qui montre clairement que le gouvernement travailliste considère que la première fonction des forces armées est de servir de supplétif du plan du président Barack Obama de confrontation militaire avec la Chine, et que le gouvernement se prépare à dépenser des milliards de dollars pour assurer que des installations adéquates seront à la disposition des navires, des avions et des troupes américaines. La mouture finale de ce rapport, le premier en son genre depuis les années 1980, sera publiée en mars 2012.

Singapour, lui-aussi au service de la diplomatie de la canonnière de l’administration Obama en Asie, va fournir deux docks supplémentaires pour les besoins militaires américains en plus des deux déjà en service.

Le Président Obama, lors d’une visite de deux jours en Australie en novembre dernier, a annoncé que les États-Unis avaient l’intention d’étayer les alliances en Asie et que 2500 US Marines allaient être déployés en Australie. Devant le Parlement il a déclaré qu’il avait pris une décision stratégique délibérée, que les États-Unis, en tant que nation du Pacifique, voulaient jouer un rôle plus important et à long-terme dans le façonnage de cette région et de son futur. Le président a dit que ces mouvements ne visaient pas à isoler la Chine, mais ils étaient un signe évident que les États-Unis étaient devenus plus méfiants envers les intentions chinoises.

Selon le rapport d’étape du nouvel Examen de la situation des forces l’armée australienne doit déplacer une grande partie de son matériel et de son personnel vers le nord du continent faiblement peuplé. Il plaide pour le rehaussement du niveau des ports et des bases aériennes dans le nord et le nord ouest du pays de façon à pouvoir accueillir de grands navires et avions. Il appelle aussi à une substantielle mise à niveau du terrain d’aviation des lointaines îles Cocos dans l’océan Indien. La raison première que le rapport donne pour une remise à niveau militaire n’est pas, en fait, la défense du nord, mais ce qu’il décrit plusieurs fois comme étant le maintien de l’équilibre multipolaire dans la région asiatique – en d’autres termes, la rivalité stratégique et les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.

Il faut prendre des mesures, affirme le rapport, pour augmenter la capacité des forces armées australiennes à participer au déploiement des opérations de l’armée américaine dans l’océan Indien et l’Asie du sud-est. L’attrait de l’Australie du nord pour l’armée américaine réside dans sa proximité des routes maritimes stratégiques entre les océans Indien et Pacifique. Le commerce maritime entre l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Europe, y compris les importations cruciales de pétrole et de gaz qui soutiennent les économies de la Chine et des autres majors asiatiques, doivent transiter par un de ces passages. Le plus important est le détroit de Malacca entre la péninsule malaise et l’île indonésienne de Sumatra. Près de 80% du commerce Asie-Pacifique transite par cette route. Les très grands navires, cependant, doivent prendre le détroit de la Sonde, entre Sumatra et Java, ou le détroit de Lombok profond de 250 mètres, entre Bali et Lombok, à seulement 1700 kilomètres de Darwin. Les îles Cocos et Christmas détenues par l’Australie sont encore plus près de ces détroits clés.

La stratégie d’Obama est conçue pour conserver une supériorité militaire écrasante en menaçant la Chine. Le « pivotement vers l’Asie » annoncé par l’administration Obama l’an dernier consiste à positionner à travers la région des forces qui peuvent menacer en permanence Pékin d’un blocus naval des routes maritimes et d’un étranglement de son économie.