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Égypte ? C’est l’hyperinflation alimentaire !

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(Nouvelle Solidarité) – La déferlante d’une crise d’effondrement généralisée, conséquence prévisible de l’effondrement d’un système financier et bancaire mondial moribond, se manifeste violemment par ce qu’on tend à réduire trop souvent à des « émeutes de la faim ».

Parmi d’autres, le cas de l’Égypte, où dès la mi-novembre 2010, l’économiste Hamdi Abdel-Azim, ancien président de l’Académie des sciences sociales Sadate du Caire, dans une déclaration à IPS Inter Press Service, avertissait que « si la hausse des prix alimentaires persiste, il y aura une explosion de la colère populaire contre le gouvernement ». Rappelons que déjà en 2008, lors des « émeutes du pain », l’effigie du président Hosni Moubarak fut piétinée par des Cariotes en colère.

Soulignons néanmoins que les causes de la situation actuelle, comme l’a rappelé Lyndon LaRouche lors d’un entretien avec Russia Today, dépassent de loin les réalités des économies régionales.

D’ailleurs, ces derniers jours, quelques analystes financiers courageux n’ont pas hésité à pointer du doigt la politique folle des plans de sauvetage bancaire et d’assouplissement monétaire (quantitative easing) décidés par la Réserve fédérale américaine et la plupart des banques centrales des pays membres du G20.

Phil Flynn, un spécialiste des marchés agricoles à Chicago, affirme sans ambages qu’en vérité, « lorsque la Fed décide de faire de l’assouplissement quantitatif, elle exporte de l’inflation vers les marchés émergents(…) Il n’y a pas de doute qu’un des effets secondaires d’un dollar faible et de l’assouplissement quantitatif est la hausse des produits de base. Cela a contribué à créer une poussée haussière pour les denrées… »

Hier, Ed Yardeni, un autre professionnel des marchés, proposait ironiquement dans sa lettre confidentielle qu’il fallait ajouter le nom du Directeur de la Réserve fédérale Ben Bernanke à la liste des révolutionnaires, puisque sa politique a provoqué des troubles et des révolutions dans le monde.

« Depuis qu’il s’est prononcé pour un changement révolutionnaire de politique monétaire le 27 août 2010, lors de son allocution à Jackson Hole, le prix du maïs, du soja et du blé a augmenté respectivement de 53%, de 37% et de 24,4% à la clôture des marchés vendredi dernier. » Yardeni constate également que « le prix du barril de pétrole brute s’est envolé de 19,8% sur la même période passant de 75,17 à 90,09 dollar. L’explosion des prix de l’énergie et de la nourriture se rajoute à un chômage important dans les pays actuellement frappés par des émeutes ».

Une lettre de lecteur publiée par le Financial Times d’aujourd’hui confirme le rôle de l’inflation des prix alimentaires en Egypte. La lettre de Vincent Truglia, intitulée « C’est la nourriture et non pas la politique qui est au centre de la contestation en Egypte », affirme que l’alimentation est « la vraie raison » du soulèvement actuel.

« Il ne s’agit pas d’un soudain désir de réforme. La question essentielle est plutôt le prix de la nourriture. Il existe deux sujets vexatoire pour le gouvernement égyptien : d’abord, une population qui croit et dépasse les 80 millions ; ensuite, une baisse de la production agricole nationale par habitant. Des émeutes de la faim ont eu lieu en 1977 et en 2008. Le gouvernement a eu la chance de pouvoir gérer le problème directement. Le ministère de l’agriculture égyptien rapporte que 40% de la consommation alimentaire, comprenant 60% de la consommation intérieure de blé, l’aliment de base du pays, furent importés. Égypte, dans le passé un des greniers à blé du monde, est aujourd’hui humilié par son statut de plus grand importateur de nourriture mondiale. Des prix plus élevés pour les céréales ont obligé le gouvernement en 2010 d’élargir le nombre de bénéficiaires de coupons alimentaire, une aide élargie au riz et au sucre. De plus, le gouvernement annonça que 50% des approvisionnements en blé furent ravagés par des insectes. Un tel gouvernement jette des doutes sur sa compétence.

« (…) Est-ce que les émeutes vont se tarir ? Je ne le pense pas, au moins tant qu’on n’identifie pas clairement les responsabilités pour des prix si élevés (bien qu’ils n’en soient pas la cause) et les dommages provoqués par les insectes. Selon le type de calculs, les prix du blé ont grimpé de 50 à 70% en 2010, pour l’essentiel à cause d’aléas climatiques.

« (…) Ce n’est pas juste l’Égypte et la Tunisie qui font peser des inquiétudes. L’Algérie prie la terre entière pour obtenir des céréales pour calmer la situation. Le Yémen est dans la même situation. (…) L’enjeu n’est pas un enjeu politique ; il s’agit de nourriture. Voilà pourquoi, si le président Moubarak pense pouvoir chevaucher le dragon, il faut qu’il mette rapidement la main sur de la nourriture bon marché. »

Alors qu’en coulisse tout le monde admet qu’il faut revenir à Glass-Steagall et à des parités stables entre monnaies, avec Sarkozy dans la cabine de pilotage du G20, on risque de rester sur le G-faim…

Offensive :
Le Plan Roudaire-Paumier