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La création du « Civilian Conservation Corps »

by Franklin D. Roosevelt

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La seconde mesure envisagée avait pour objectif de fournir du travail à 300 000 jeunes gens et de leur faire quitter les rues des villes et les chaussées d’État, par la création du « Civilian Conservation Corps ». Par la même occasion nous faisons deux autres choses : nous envoyions la majeure partie des salaires de ces garçons à leurs familles et nous utilisions ce travail pour la conservation de nos forêts dont nous accroissions et améliorions l’exploitation ; nous supprimions ainsi les effets destructeurs des inondations et nous empêchions l’érosion du sol. De plus, je puis l’ajouter, nous contribuions à former le caractère de la génération future.

Je pense que le message suivant du 21 mars, qui se traduisit par la création des camps du « Civilian Conservation Corps », justifie non seulement la nécessité des secours, mais encore un projet d’une portée plus ample, intéressant la nation toute entière :

« Notre programme de restauration exige essentiellement que des mesures soient immédiatement prises pour venir en aide au chômage. Si l’on aborde le problème de plein front, nous nous apercevons qu’il faut prendre trois sortes de mesures :

« La première est d’enrôler désormais des travailleurs par l’intermédiaire du Gouvernement fédéral ; ils seront enrôlés aussitôt que possible dans les services publics, sans que l’on tienne compte des statuts ordinaires ou des règles habituelles du travail.

« La seconde mesure envisage l’octroi aux États de fonds pour la reprise du travail.

« La troisième mesure comporte un vaste programme d’entreprises de travaux publics.

« Pour cette dernière, j’étudie maintenant les nombreux projets qui m’ont été soumis et les questions d’ordre financier qui y sont adjointes. Je ferai bientôt au Congrès des recommandations précises à ce sujet.

« En ce qui concerne l’octroi aux États de fonds d’aide aux chômeurs, je vous avertis que les fonds existants seront épuisés en mai. En conséquence, et vu que de nombreux États doivent encore continuer à recevoir des subventions du Gouvernement fédéral, nous devons mettre sur pied un nouveau projet de loi prévoyant des crédits budgétaires, avant la fin de cette session extraordinaire.

« J’estime nécessaire qu’un organisme fédéral simple coordonne et contrôle ces octrois de fonds. En conséquence, je demande que vous nommiez un administrateur fédéral des secours, qui aurait pour office d’examiner les demandes et d’en contrôler l’efficacité et l’utilisation rationnelle.

« Toutefois, la première des mesures que je viens d’énumérer peut et devrait être appliquée immédiatement. Je propose de constituer un corps civil chargé de travaux simples, sans rapports avec les travaux normaux, qui s’occuperait uniquement du reboisement, des travaux destinés à prévenir l’érosion du sol et les inondations, et de projets analogues. J’attire votre attention sur le fait que ce mode de travail possède une valeur précise et efficace, non seulement parce qu’il empêche maintenant de lourdes pertes financières, mais parce qu’il contribue à assurer pour une longue échéance la prospérité nationale. Ce fait est confirmé par les nouvelles que nous recevons aujourd’hui : les inondations de l’Ohio et d’autres fleuves ont causé des dégâts considérables.

« La surveillance et la direction de ce travail peuvent être assumées par les rouages actuels des Ministères du Travail, de l’Agriculture, de la Guerre et de l’Intérieur.

« J’estime que, si vous me donnez l’autorité nécessaire d’agir dans les deux semaines prochaines, 250.000 hommes pourront trouver temporairement du travail, pour le début de l’été.

« Je ne sollicite pas immédiatement de nouveaux fonds. Il suffira pendant plusieurs mois d’user du disponible, affecté maintenant aux travaux publics.

« Cette entreprise est une partie de notre politique nationale. Elle conservera nos ressources naturelles si précieuses. Elle donnera des dividendes aux générations présentes et futures. Elle amènera des améliorations dans les domaines de la nation et de l’État qui ont été bien oubliés au cours de ces quelques années de développement industriel.

« Ce qui importe toutefois davantage que les gains matériels, c’est la valeur morale et spirituelle de ce travail. L’énorme majorité des chômeurs américains qui errent maintenant les rues et qui reçoivent des secours des particuliers ou des communes, préférerait infiniment reprendre le travail. Nous pouvons embrigader un nombre considérable de ces chômeurs dans des cadres sains. Nous pouvons supprimer, dans une certaine limite tout au moins, la menace qu’une oisiveté forcée fait peser sur la stabilité morale et spirituelle de la nation. Ce n’est pas la guérison du chômage mais c’est un premier pas important dans la voie du redressement. Je demande son adoption. »

La mobilisation du C.C.C. commença immédiatement et continua énergiquement. Au premier juillet, 300.000 jeunes gens travaillaient dans des camps et recevaient un salaire dont une grande partie allait aider leurs familles.