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Jacques Cheminade à François Hollande : l’heure du combat contre la finance est arrivée

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La faillite de la quatrième banque espagnole, Bankia, et l’annonce du gouvernement espagnol qu’il entend renflouer cet établissement à hauteur de 19 milliards d’euros, après l’avoir nationalisé le 9 mai en prenant une participation de 4,5 milliards, sera peut-être l’événement qui fera chavirer le Titanic Europe.

Car c’est l’ensemble du secteur bancaire privé et public espagnol qui est criblé de dettes. L’Institut de la Finance internationale (IFI) l’a avoué ces derniers jours : les banques espagnoles détiennent près de 300 milliards d’euros de mauvaises créances, conséquence de l’explosion de la bulle immobilière en 2007.

A cela s’ajoute la faillite de régions espagnoles qui représentent 50% de l’économie espagnole. Alors que sombrait Bankia, vendredi dernier, les déclarations du président de la Catalogne évoquant un défaut de paiement d’ici la fin mai, ont révélé l’ampleur de la gangrène financière qui frappe ce pays. Avec 41 milliards d’euros de dette (20% de son PIB), cette région qui représente un cinquième de l’économie espagnole, est belle et bien en faillite.

L’Espagne a donc atteint le point de non retour, l’ampleur de l’effondrement en cours dépassant largement les plans de sauvetage pouvant être envisagés.

A cela, il faut ajouter la faillite de la Grèce, et les conséquences que sa sortie de la zone euro auraient pour une BCE dont les engagements atteignent 2 500 milliards d’euros, par rapport à des capitaux propres qui ne représentent que 10,8 milliards à 90 milliards d’euros (selon que l’on compte uniquement ceux de la BCE ou ceux de toutes les Banques centrales de la zone euro réunies), et dont l’exposition à la Grèce représente plus de deux fois ses fonds propres !

Dans ce contexte d’endettement extrême, la proposition de François Hollande, qui nous avait pourtant promis un face à face avec la finance, de se porter au secours du secteur bancaire espagnol pour le « recapitaliser » avec des fonds européens, après les 2 500 milliards d’euros déjà alignés par l’UE, la BCE et le FMI pour renflouer les banques, ne fera qu’aggraver la crise monétariste du système.

Ses propositions visant à obtenir un peu de croissance, en utilisant des instruments de dette européenne – euro obligations et augmentation de crédits de la Banque européenne d’investissements – pour investir dans les infrastructures, sont tout aussi choquantes, car sans faillite contrôlée du passif toxique des banques, la dette européenne, ajoutée aux dettes nationales, ne produira que des effets hyper-inflationnistes.

« François Hollande vient de rater son entrée en guerre contre la finance folle » a déclaré Jacques Cheminade, actuellement en tournée pour soutenir les candidats de Solidarité & Progrès aux élections législatives. Le candidat à la présidentielle, qui avait promis de faire pression sur François Hollande après son élection pour qu’il aille au bout de ses engagements, a rappelé que face à l’ampleur de la faillite du secteur bancaire, l’urgence est de procéder au tri entre les dettes légitimes et illégitimes des banques, d’organiser une faillite contrôlée des instruments toxiques et d’aboutir à la séparation totale entre banques d’affaires qui spéculent et banques de dépôt et de crédit, indispensables à l’économie.

Il faut ensuite rétablir un système de crédit productif, a conclu Cheminade, comme celui qui a permis la reconstruction après la Seconde guerre mondiale et les 30 Glorieuses, pour créer un plein emploi productif dans les grands projets d’équipement publics et les PMI/PME.