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Le monde c’est l’Egypte !

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(Nouvelle Solidarité) – Tunisie, Égypte, Libye, Bahreïn, Maroc, Yémen, Wisconsin,… Ce que les politiciens ne comprennent pas et que les médias ne disent pas, c’est que déferle un vent de révolte international qui n’est en rien une succession de crises locales où l’on renverse des dictateurs pour instaurer la démocratie. Les peuples se lèvent, comme le dit Helga Zepp-LaRouche, « contre la faim, les prix alimentaires exorbitants, l’injustice criante, la corruption, l’oppression et les élites réactionnaires qui tiennent le pouvoir, contre tout ce qui a évaporé l’avenir des jeunes générations » . C’est le début d’un soulèvement global contre un système impérial-malthusien qui a inexorablement créé depuis 40 ans les conditions de la désintégration économique actuelle. Les dictateurs renversés ne le sont pas en leur qualité de dictateurs, mais de dirigeants complices de ce système. Même les dirigeants élus démocratiquement ne sont pas à l’abri de la furie des peuples.

Qu’ont fait les ministres des Finances du G20 réunis la semaine dernière à Paris sous l’égide de Nicolas Sarkozy ? Rien, et même pire que rien. Après deux jours d’intenses discussions, ils sont parvenus à un accord préalable pour atteindre un consensus sur de nouveaux indicateurs permettant de mesurer les déséquilibres mondiaux ! Au cas où ils ne seraient pas au courant, l’ONU et la Banque mondiale avaient publié deux jours plus tôt leurs chiffres sur la pauvreté : 1,2 milliards d’êtres humains vivent sous le seuil d’extrême pauvreté (1,25 dollar par jour), soit 44 millions de plus en 6 mois et le double d’il y a 30 ans. Et le nombre de « Pays les moins avancés » (PMA – les plus pauvres) a doublé depuis 1980, passant de 25 à 49 aujourd’hui.

« Les modèles traditionnels appliqués aux PMA – une croissance portée par le commerce – semblent ne pas avoir très bien fonctionné » , nous explique le secrétaire général de la Commission de l’ONU pour le Commerce et le Développement (CNUCED). A ce point-ci des choses, il ne peut s’agir que de destruction délibérée, pas d’un simple dysfonctionnement !

Dans l’histoire de ces 250 dernières années, la destruction par la liberté de commerce porte un nom bien précis : le « Libre-échange », où plus généralement, « l’Empire britannique ».

Après-guerre, le Président Franklin Roosevelt, héritier du système protectionniste hamiltonien (ou « Système américain d’économie politique »), établit un système monétaire international à taux de change fixes afin d’enrayer définitivement l’emprise monétaire britannique sur les pays du Sud. Malgré la Guerre froide, se dessinait alors une tendance générale au développement grâce à des projets comme Atoms for Peace, la Révolution verte ou le NAWAPA. En 20 ans, une grande partie du monde parvint à l’autosuffisance alimentaire.

Mais en 1971, le système de Bretton Woods fut démantelé par l’Administration Nixon, le FMI et la Banque mondiale œuvraient déjà pour le démantèlement des États-Nations souverains, et en 1974, le tristement célèbre rapport NSSM 200 d’Henry Kissinger pointa la « menace » de la croissance démographique et recommanda une politique de sous-développement mondial afin de maintenir le pouvoir de l’Empire financier de la City de Londres et de Wall Street. Comme la future mouvance écolo-bobo (qui prône la fin du progrès et la dépopulation, à distinguer de l’écologie humaine d’un Vernadsky) qui naquit en cette période, le NSSM 200 puisait son inspiration dans la pensée malthusienne britannique redéveloppée par la British Royal Commission on Population créée en… 1944. La fraude du « One world, one market » fut imposée via l’Organisation Mondiale du Commerce (ex-GATT) qui conduit à l’abandon de la politique de stocks nationaux et de prix garantis, laissant le pouvoir aux cartels de l’agro-alimentaire comme Monsanto, Cargill ou ADM. Dans les années 1980 et 1990, s’acheva la déréglementation financière (abrogation de la séparation entre banques d’affaires et banques de dépôts, légalisation des paris dérivés, détournement de l’épargne vers les marchés), privant l’économie réelle d’investissements et livrant les marchés agricoles aux spéculateurs.

En 1963, l’Egypte était sur la route de l’autosuffisance alimentaire (84%), en 1990 elle était déjà tombée à 62%, et c’est encore pire aujourd’hui. Même chose pour le Mexique (de 100% à 79%), le Brésil (de 89% à 76%), l’Ethiopie (de 104% à 81%), le Bangladesh (de 106% à 87%) ou la Turquie (de 113% à 99%). Et si l’on regarde la production mondiale de céréales ramenée au nombre d’habitants sur Terre, l’on se rend compte qu’un pic a été atteint autour de 1980, et que ce chiffre baisse depuis lors. [1]

La désintégration hyperinflationniste d’un système mondial ultra-paupérisé est ce qui déclenche les révoltes.

Constituons « une nouvelle Résistance qui rassemble producteurs et consommateurs, à l’échelle de notre pays et du monde », écrit Jacques Cheminade dans son message diffusé au Salon de l’Agriculture. « Il faut priver les spéculateurs de l’argent qui ne leur appartient pas et avec lequel ils spéculent. Pour cela, il faut séparer leurs banques d’affaires des banques de dépôt et de crédit des producteurs, des consommateurs et des épargnants. Cela s’appelle un Glass-Steagall. Quand la source empoisonne, il faut la tarir. (…) Ma campagne présidentielle visera à mener cette bataille, contre le mal de la mondialisation financière malthusienne. »