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Les « trois Times » se convertissent à Glass-Steagall

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(Nouvelle Solidarité) – L’un des signes des temps montrant que la donne a changé, ce sont les excuses présentées en fin de semaine dernière par les « trois Times » (New York Times, Los Angeles Times et Financial Times de Londres) pour avoir défendu, au cours des quinze dernières années, la dérégulation bancaire et l’abrogation de la loi Glass-Steagall.

Suite à la conversion sur le chemin de Damas de l’ex-patron du géant bancaire Citigroup Sandy Weill mercredi dernier, le New York Times et le Los Angeles Times se sont joints à la campagne lancée début juillet par le Financial Times de Londres, en faveur de la restauration du principe de Glass-Steagall pour une séparation étanche des banques commerciales et d’investissement.

Dans le New York Times du 26 juillet, un éditorial portant sur la conversion « miraculeuse » de Sandy Weill, annonçait : « Quelquefois, dans un grand débat national, les voix les plus puissantes sont celles des convertis... Ajoutez maintenant à la liste le nom de Sandy Weill, le financier qui a mené la charge pour l’abrogation de la loi de 1933 qui avait séparé les banques commerciales des banques d’investissement. (…) Pendant que nous y sommes, ajoutez la page éditoriale du New York Times à la liste des convertis. Nous avons prôné avec ferveur l’abrogation de la Loi Glass-Steagall. ’Peu d’historiens de l’économie trouvent maintenant que la logique derrière Glass-Steagall est convaincante’, écrivions-nous dans un éditorial en 1988. Dans un autre, en 1990, nous disions que ’la notion selon laquelle les banques et les actions forment un mélange dangereux n’est plus très sensée aujourd’hui’. (…) Ayant vu les résultats de cette vaste dérégulation, nous pensons maintenant que nous avions tort de l’avoir soutenue.  »

Quant au Los Angeles Times , un éditorial du 27 juillet intitulé « Casser les mégabanques  » exhorte le Congrès à protéger la nation contre un effondrement bancaire, avec Glass-Steagall et non pas la règle Volcker. Les principaux arguments avancés par le Times se résument comme suit :

« L’effondrement épique de Wall Street en 2008 a conduit le Congrès à voter la Loi Dodd-Frank. (…) L’industrie bancaire s’est battue pour affaiblir Dodd-Frank, mais argue néanmoins que la loi est suffisante pour se protéger contre de futurs renflouements. Mais Weill, qui avait peu à dire durant le débat à propos de Dodd-Frank, a prôné une autre approche mercredi sur CNBC, appelant le gouvernement à ’séparer les banques d’investissement des banques commerciales’. Plus facile à dire qu’à faire, certainement. Cependant la barrière structurelle qui existait dans Glass-Steagall a un avantage distinct sur la loi actuelle. Contrairement à la règle Volcker et autres dispositions clé de Dodd-Frank, il est plus simple et ne peut être contourné ou tempéré dans le processus de mise en application. Il ne peut non plus être assujetti aux caprices des régulateurs ou des administrations qui les embauchent. »

Finalement, après avoir lancé le débat en Angleterre au début juillet, le Financial Times de Londres revient une troisième fois à la charge, affirmant : « Mieux vaut restaurer Glass-Steagall qu’une règle Volcker faiblarde. »

« En termes de conversion, le changement de position de M. Weill doit être placé dans la même catégorie que la conversion de Saint-Paul sur le chemin de Damas. » [Notons que la célèbre Cathédrale Saint-Paul à Londres est située au pied de la City !, ndt.] Après avoir démontré les faiblesses de la règle Volcker et du ’ringfencing’ de la Commission Vickers, le Time ajoute : « M. Weill peut avoir pris un certain temps à comprendre mais il a raison lorsqu’il dit que si une banque est trop grosse pour tomber, elle est trop grosse pour exister. »

La multiplication des conversions a mis plusieurs grand banquiers entêtés en rogne, et certains ont du revoir leur discours, qui affirmait jusqu’à présent qu’«  il n’est pas possible de remettre le dentifrice dans le tube », pour illustrer le fait qu’on ne peut plus faire marche arrière sur la dérégulation bancaire. Mais maintenant que certains ont découvert qu’on peut ouvrir le tube par l’autre bout (comme à l’usine d’ailleurs), le nouvel argument est qu’« il n’est pas possible de défaire des œufs brouillés ».

Quant à l’aspect apparemment « incompréhensible », pour certains, des conversions en cours, l’économiste et homme d’Etat américain Lyndon LaRouche, à l’origine de la bataille pour la restauration de Glass-Steagall, a répondu qu’il n’y a rien de mystérieux là-dedans, il s’agit seulement de gens qui ont décidé qu’ils ne voulaient pas d’hyperinflation.

Vous aussi, pouvez signer l’Appel pour un Glass-Steagall global et faites-le signer également par vos Élus.