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Draghi, Geithner et compagnie : en avant toute l’hyperinflation

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(Nouvelle Solidarité) — Après le voyage du secrétaire au Trésor américain Tim Geithner en Allemagne au début de la semaine pour rencontrer le président de la BCE Mario Draghi et le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble, la pression se fait de plus en plus forte sur la Chancelière Angela Merkel et son ministre pour les amener à autoriser une intervention massive de la BCE, afin de sauver, une fois de plus, l’euro et le système bancaire transatlantique.

La déclaration de Mario Draghi le 25 juillet, selon qui la BCE allait faire « tout ce qui est nécessaire pour préserver l’euro, et croyez-moi ce sera suffisant  », a tout de suite été soutenue par le Président du Conseil italien Mario Monti et le Président français François Hollande, mais accueillie froidement en Allemagne, en raison de la crainte des citoyens d’outre-Rhin de voir surgir un épisode hyperinflationniste semblable à celui qui a frappé le pays en 1923.

Même si Merkel s’est finalement ralliée au point de vue de Geithner et de Draghi, la BCE n’a plus les moyens de « décrocher la Lune », comme l’avait promis son Président, car il lui faudrait racheter une petite centaine de milliards d’euros d’obligations sur les marchés secondaires pour calmer temporairement le jeu, ce à quoi la Bundesbank a de toute manière déjà dit « nein ». Son ancien économiste en chef Juergen Stark a déclaré il y a deux jours à radio Deutschlandfunk que le plan de Draghi devrait même suffire pour que la BCE soit poursuivie en justice, car il s’agit là d’« une violation claire de la loi européenne, puisque que [ce plan] implique un financement indirect et illimité des Etats par la Banque centrale européenne  ». (*)

Il ne reste à la BCE plus qu’une option, celle d’un autre méga-prêt aux banques (Opération de refinancement à long terme), dont la dimension doit désormais être à la hauteur du problème, c’est-à-dire d’un montant d’au moins 1000 milliards d’euros. Petit problème : la BCE déborde déjà de « collatéraux » sans valeur, des garanties exigées en contrepartie des prêts accordés et, bien qu’elle ait abaissé ses critères, les banques sont elles-mêmes en pénurie de collatéraux éligibles.

Une dépêche de l’agence Bloomberg citait à ce propos l’économiste en chef de JP Morgan Michael Feroli, selon qui la Fed et la BCE « sont au bout du rouleau et cherchent, de manière désespérée, les options de tout dernier recours en vue d’une action [de sauvetage] ».

La sonnette d’alarme a également été tirée par Simon Johnson, un autre ancien économiste en chef, du FMI celui là, lors d’une audition de la sous-Commission des Affaires européennes du Sénat américain le 1er août. Johnson a déclaré à plusieurs reprises que l’euro ne va pas durer encore longtemps et que personne, pas même Geithner, ne sait comment sa disparition va se répercuter sur les banques américaines, en raison de la longue chaîne de produits dérivés reliant les deux bouts.

Il reste très peu de temps avant que la poudrière n’explose, pour reprendre l’expression de Johnson, et par conséquent de mettre l’épargne populaire à l’abris.

Signez dès maintenant l’Appel à un Glass-Steagall Global.

(*) Précision : Selon l’Article 123 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, c’est-à-dire la partie du Traité « Modificatif » de Lisbonne de décembre 2007 modifiant le traité instituant la Communauté européenne (Rome, 1957), « il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées ’banques centrales nationales’, d’accorder des découverts ou tout autre type de crédits aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite ».

Le point-virgule avant acquisition directe signifie ici « à plus forte raison », ce qui implique que la partie qui précède traite non seulement de tout « autre type de crédits » mais également de l’« acquisition indirecte » d’instruments de dette des Etats membres par la BCE.