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Iran, Syrie : Primakov, Craig Roberts et Rachievsky mettent en garde contre l’extension des conflits

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(Nouvelle Solidarité) – Lors d’un entretien avec le quotidien russe Rossiyskaya Gazeta le 7 août, l’ancien Premier ministre russe Evgueni Primakov a estimé que même si l’administration Obama cherchait à restreindre, d’ici l’élection présidentielle de novembre, l’élan des Israéliens en faveur de frappes militaires sur l’Iran, il existe toujours le risque qu’un contact au sein de l’administration « leur dise : si vous lancez des frappes, alors les Etats-Unis, même s’ils ne le veulent pas, vous soutiendront de toute manière ».

Primakov a également expliqué que de telles frappes seraient «  très dangereuses, car l’impact de frappes aériennes – une opération terrestre n’étant pas en jeu – serait minuscule [sur le programme nucléaire iranien en tant que tel]. D’ici deux ans l’Iran s’en remettrait entièrement, sortirait du Traité de non-prolifération en fanfare, pour certainement construire dans ce cas ses propres armes de destruction de masse ».

Sur la Syrie, il a décrit la situation comme étant celle « d’une véritable guerre civile avec l’implication de forces extérieures ». Il a mentionné le financement par les Saoudiens et les Qataris des mouvements de guérillas, de mercenaires et de volontaires venus de l’extérieur, et le soutien turc à l’opposition, ajoutant : «  Voici la dernière : le président Obama a ordonné directement à la CIA de soutenir l’opposition syrienne.  » Il a qualifié ces activités d’« interférence majeure dans les affaires internes d’un autre pays qui ne représente aucune menace pour les Etats-Unis ou n’importe qui d’autre ».

Quant à la politique russe, a-t-il expliqué, « elle est basée sur une préoccupation pour la vie et la sécurité de millions de gens et pour la stabilité future d’une région énorme et importante  ».

L’ancien secrétaire au Trésor de Ronald Reagan, Paul Craig Roberts, a pour sa part sorti sa plume pour écrire une colonne au vitriol contre la politique va-t-en-guerre d’Obama sur le site palestinechronical.com le 2 août dernier.

« Lors des procès de Nuremberg à l’encontre des Allemands défaits après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement américain a fait valoir le principe selon lequel une agression non provoquée – la procédure américaine en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Somalie, au Pakistan et au Yemen – est un crime de guerre. (...) Par conséquent, il y a un très fort précédent permettant au département d’Etat de ramasser tous ces néo-conservateurs fomentant d’autres crimes de guerre. »

Roberts vise en particulier les 62 signataires d’une lettre au Président Obama le 24 juillet, initiée par la très néo-conservatrice Fondation pour la défense des démocraties, lui demandant d’intervenir par la force en Syrie et de faire tout ce que le chef d’état-major interarmées le général Martin Dempsey a demandé instamment de ne pas faire, c’est-à-dire d’établir des « zone de sécurité » que les combattants de l’opposition utiliseraient comme bases où ils pourraient recevoir de l’aide et à partir desquelles ils pourraient lancer des attaques contre les forces syriennes.

«  Pour connaître l’identité de ceux qui cherchent à entraîner le monde vers la Troisième Guerre mondiale, sans parler du meurtre d’un grand nombre d’Arabes et musulmans en Syrie, Afghanistan, Libye, Somalie, Pakistan, Yemen, Irak, et au Liban, il suffit de regarder la liste de ces signataires demandant au Président Obama d’envahir la Syrie pour ’sauver’ le peuple syrien contre son gouvernement. (…) Ces mêmes architectes de l’Armageddon travaillent également contre l’Iran, la Russie, les pays d’Asie centrale anciennement membre de l’Union soviétique, l’Ukraine, la Biélorussie et la Chine. Il semblent bien impatients de déclencher une guerre nucléaire  », conclut-il.

L’opposition à la guerre se fait également entendre à l’intérieur d’Israël même. Le quotidien Ha’aretz, qui s’est consacré à combattre la politique des va-t-en-guerres depuis plusieurs semaines déjà, publie une colonne de Sefi Rachievsky, qui a écrit par le passé de très vives attaques contre les commanditaires du meurtre de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995.

Rachievsky écrit que le raisonnement véritable derrière la campagne en faveur des frappes est un pari, un pari sur l’entrée en guerre des Etats-Unis derrière Israël après qu’il ait failli dans sa tentative de détruire le programme nucléaire iranien et qu’il ait subi de «  lourdes pertes et dommages  ».

« Netanyahou fait le pari qu’Obama sera alors dans l’obligation d’intervenir, afin de gagner l’élection. S’il ne le fait pas, alors Romney gagnerait puis terminerait le travail. » Puisque Israël ne peut pas détruire le programme iranien, il serait totalement immoral de lancer une telle attaque, et les militaires devront désobéir à un ordre de ce type, car « aucun dirigeant en Israël n’a le droit d’envoyer l’armée israélienne à la guerre et de mettre en danger des dizaines de milliers de citoyens et soldats lorsqu’elle n’a pas la puissance nécessaire pour gagner une guerre par ses propres moyens  », dit-il.