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Ivanov, ’Dope Inc.’ et le Glass-Steagall

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Gilles Gervais

« … Les affirmations sur le rôle prévalant de l’argent de la drogue dans la crise globale sont aussi confirmées par de nombreuses autres preuves y compris par les données dont dispose notre Agence. Il est également évident, et les analyses le confirment, que le système financier existant, qui met en œuvre de nombreux instruments financiers de plus en plus répandus comme les options, les contrats à terme, les swaps et autres dérivés venant emplir la ’bulle de savon financière’, ne peut plus subsister sans les injections d’argent sale.

« … Une transformation drastique du système financier international va être nécessaire pour liquider le trafic de drogue mondial.

« … Dans une certaine mesure, l’on observe également un retour à la logique de la loi Glass-Steagall adoptée par les États-Unis en 1933, au plus fort de la Grande dépression, et qui sépare les activités de dépôt et d’investissement des banques. Toutefois, des restrictions encore plus dures sont nécessaires pour empêcher la circulation de l’argent sale. En clair, la liquidation de la bulle financière ne sera pas suffisante à elle seule. La clé pour liquider le trafic de drogue est de reformater l’économie existante vers un modèle excluant l’argent du crime et permettant une reproduction des encours liquides nets, c’est-à-dire une économie de développement où les choix sont fondés sur les projets de développement et des crédits dirigés. »

Stupeur à Washington : Ivanov demande le Glass-Steagall et la liquidation du système financier !

Les citations ci-haut mentionnées sont tirées d’une allocution donnée le 18 novembre par Viktor Ivanov, le directeur du Service Fédéral Russe pour le Contrôle des Stupéfiants (FSKN), devant un parterre « de diplomates américains et européens, de nombreux analystes et officiels de la CIA, du FBI et de la Drug Enforcement Administration (DEA), ainsi que de nombreux officiers militaires alors qu’il était l’invité du Center for Strategic and International Studies (CSIS) pour une conférence sur Les flux narcotiques mondiaux et la crise économique et financière ». Ivanov occupait auparavant les fonctions d’assistant-en- chef du personnel au Kremlin et, par la suite, assistant du président Poutine.

L’importance stratégique du discours de Viktor Ivanov réside dans le fait que ce soit un proche de l’actuel premier ministre Vladimir Poutine qui, à Washington, demande le retour de la loi américaine Glass-Steagall [1] et qui discute ouvertement de la liquidation du système financier international.

Dans son exposé sur les flux de narco dollars dans le système financier, Ivanov a examiné des pistes qui avaient été exposées publiquement pour la première fois dans le livre Dope, Inc., [2] publié par nos collègues de la revue Executive Intelligence Review fondé par Lyndon LaRouche. De plus le site web du Service Fédéral Russe pour le Contrôle des Stupéfiants (FSKN) a fait un lien vers www.larouchepac.com et son analyse du discours d’Ivanov à Washington.

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Les narcodollars ont sauvé les banques en 2008

Ivanov lors de sa présentation a cité les évaluations d’Antonio Maria Costa, directeur général de l’Office des Nations unies à Vienne et directeur exécutif de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime entre 2002 et tout récemment.

Ivanov déclara devant son auditoire à Washington qu’ «  il est assez significatif que ce haut responsable international ait souligné que ce n’est pas un problème de banques prises individuellement mais de l’organisation du système financier international dans son ensemble. »

Antonio Maria Costa lors d’une interview avec l’hebdomadaire autrichien Profil le 27 janvier 2009 avait en effet déclaré qu’ « en de nombreux cas, l’argent de la drogue est actuellement la seule source de liquidité disponible. (…) Pendant la deuxième moitié de 2008, le manque de liquidité étant le principal problème du système bancaire, ces capitaux liquides sont devenus un facteur important ». Il avait annoncé que son agence « avait trouvé les preuves que les prêts interbancaires ont été financés par des capitaux provenant du trafic de drogue et d’autres activités illégales. Certaines pistes indiquent que les banques ont été sauvées de cette manière  ».

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Bulle financière mondiale : 600 000 milliards de dollars d’encours dont 540 000 non-sécurisés. crédit :www.fskn.gov.ru
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Bulle financière vs économie réelle. crédit :www.fskn.gov.ru

Ivanov a présenté à son auditoire du Center for Strategic and International Studies un graphique montrant que la bulle des produits financiers déclarés est de 600 000 milliards de dollars (soit 10 fois le PIB mondial) dont seulement 1/10 est sécurisé. Dans la diapo suivante, Ivanov a exhibé la finance sous les traits d’une bulle gigantesque écrasant l’économie physique symbolisée par un train à grande vitesse. Devant une carte détaillant les flux mondiaux de drogues, Ivanov a déclaré que «  l’argent et le trafic de la drogue ne sont pas seulement des atouts précieux pour le système monétaire, mais, en tant que fournisseur de liquidité en dernier ressort, ils en sont une composante indispensable et vitale  ».

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...Chaque année, 1800 tonnes de cocaïne et d’héroïne injectées dans vos veines et vos narines... crédit :www.fskn.gov.ru
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...et 350 milliards en cash pour les banques. crédit :www.fskn.gov.ru

Le groupe bancaire Inter-Alpha et Dope, Inc.

Pour Lyndon LaRouche, l’économiste du « système américain » d’Alexandre Hamilton et de Henry Carey, la « crise de l’euro » n’est qu’un symptôme de la crise globale du système financier. Au centre de la tourmente se trouve le groupe bancaire Inter-Alpha, [3] un cartel bancaire européen fondé en 1971 et dirigé par Lord Jacob Rothschild. Ce groupe contrôle à lui seul 70% des actifs bancaires mondiaux. Inter-Alpha est le nouvel empire britannique qui étend ses tentacules à travers la planète. L’antre de l’empire britannique se trouve dans « la City » qui gère divers centres financiers de par le monde comme autant de satrapies pour l’empire. L’empire britannique d’aujourd’hui est autant un empire Dope, Inc. qu’il l’était à son apogée lors des guerres de l`opium du 19è siècle. « L’empire survit sur les revenus de la drogue comme les vampires survivent sur le sang humain  ». [4]

L’héroïne d’Afghanistan

« Lors d’une séance du Conseil Russie-OTAN à Bruxelles le 24 mars 2010, Viktor Ivanov expliquait qu’avec 2,5 millions de toxicomanes « accros » à l’héroïne, provenant à 90% d’Afghanistan, la Russie voyait exploser le nombre de décès causés par « overdose ». Cependant, elle n’est pas seule. D’après les statistiques de l’ONU, que citait Ivanov, la consommation mondiale d’héroïne pour 2008 se décline ainsi : 70 tonnes (21%) pour la Russie, 88 tonnes (26%) pour l’Europe et 22 tonnes (6.5%) pour les États-Unis et le Canada.

« À sa conférence de presse à Bruxelles, Ivanov déclarait que, selon les statistiques des Nations unies, l’opium en provenance d’Afghanistan a conduit 1 million de personnes à leur mort par « overdose » au cours de la dernière décennie. Ivanov posait ensuite la question : « Est-ce que cela ne représente pas une menace à la paix et à la sécurité mondiale ?  » [5]

Dope, Inc., et la « trahison » d’Obama

Quelques jours après la conférence de presse d’Ivanov à Bruxelles, Lyndon LaRouche soulignait qu’en Afghanistan «  les États-Unis sous la présidence d’Obama, s’occupent à défendre le droit des trafiquants de drogue à poursuivre leurs affaires sans entraves. Nous menons une guerre et nous envoyons des troupes en Afghanistan pour tuer et se faire tuer afin de protéger des trafiquants de drogue !

« Ces trafiquants de drogue sont également une force logistique majeure pour le contrôle de la Russie. Ils font du tort à la Russie ; ils facilitent des événements comme les actes terroristes qui ont été perpétrés à Moscou récemment. »

« … Nous avons un président américain qui enhardit l’ennemi et commet pratiquement un acte de trahison, en déployant les troupes américaines dans cette région, pour se faire tuer, par des ennemis financés par une force logistique que défend Obama. Si cela n’est pas équivalent à de la trahison, alors je ne sais pas ce qui l’est.  » [6]

Depuis 2010 la liste des crimes d’Obama [7] contre la Constitution américaine s’est considérablement allongée. La seule façon de s’assurer le passage de la loi Glass-Steagall aux États-Unis est de procéder le plus tôt possible au procès de destitution du président Obama au Congrès ou d’invoquer l’article 4 du 25è amendement [8] à la Constitution afin de remplacer le président Obama le plus tôt possible.

Le Canada et le rapport Angelides  [9]

En février 2010 la Commission d’enquête du Congrès américain sur la crise financière (FCIC) publie son rapport de 600 pages http://www.fcic.gov/ sur les causes de la crise financière et économique. La commission conclue que cette crise financière, qui a jeté 4 millions de familles à la rue, était prévisible et évitable.

Le rapport indiquait que l’abrogation de la loi Glass-Steagall en 1999 et l’adoption le 15 décembre 2000 de la loi sur le « Commodity Futures Modernization Act  », qui légalisait les produits dérivés de gré à gré, furent deux des causes principales de cette crise d’effondrement généralisée.
Il est urgent de rétablir la séparation entre les deux catégories de banques – banques de dépôt (commercial banks) et banques d’affaires (investment banks) comme première mesure d’urgence au Canada et cela en coordination avec d’autres nations afin d’établir un Glass-Steagall global et subséquemment de regrouper ces nations autour d’un nouveau système de crédit Hamiltonien [10] à parité fixe.

Déjà en 2009 nous avions demandé que soit établie une commission d’enquête parlementaire sur la crise financière. Une de nos recommandations à l’époque était que « le gouvernement fédéral donne des moyens élargis aux enquêteurs canadiens afin d’éliminer le blanchiment de fonds occultes dans les paradis fiscaux :

— puisque selon certaines estimations, le trafic de drogue international générerait entre 500 et 1000 milliards de dollars annuellement, en grande partie blanchis, via les paradis fiscaux, par des opérateurs financiers, et

— compte tenu du nombre élevé de succursales de banques canadiennes dans les paradis fiscaux et compte tenu qu’à maintes reprises ces succursales ont été trouvées coupables de lessivage de fonds occultes …

La réédition du livre Dope, Inc. comprend plusieurs chapitres sur les banques canadiennes et le lessivage de fonds dans les paradis fiscaux. Voilà un bon point de départ pour une commission d’enquête de type « Pecora » au Canada, un prélude à une future législation bancaire qui soit au service d’une véritable politique nationale de reconstruction de l’économique physique.