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Comment sortir du bourbier malien

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Déclaration de Jacques Cheminade

Paris—J’ai indiqué le 12 janvier ma position sur notre intervention militaire au Mali. Aujourd’hui, le risque est de nous voir entraînés dans une opération de longue durée et pris au piège d’un terrain favorable aux occupants.

Les djihadistes ne peuvent pas être simplement éliminés par les armes. C’est une autre politique de bien plus grande portée qui est nécessaire, dépassant le cadre de l’Afrique et rompant avec celle que nous avons pratiquée jusqu’à présent, en particulier pendant les années de la présidence Sarkozy. L’on ne peut empêcher la création d’un « Sahelistan » en se bornant à combattre physiquement les terroristes et les trafiquants en tous genres présents au Sahel. A terme, cela ne ferait que favoriser leur multiplication et l’extension du chaos. Il faut tarir la source qui les alimente.

Comment en effet peut-on contrôler un désert dont la surface totale est celle de l’Inde, comment justifier une guerre prolongée qui coûterait très cher alors qu’on impose l’austérité en Europe, comment empêcher à terme l’extension du terrorisme en France ? Il n’y a qu’une réponse : en combattant ceux qui financent le terrorisme et les trafics. Il y a d’abord le Qatar et l’Arabie saoudite. On ne peut à la fois attendre l’argent de leurs investissements et combattre l’argent de même source qui finance des réseaux terroristes, menaçants jusque sur notre territoire national. Il y a surtout les réseaux de la City, de Wall Street et de nos propres banques qui leur sont associées, qui contrôlent les gouvernements anglais et américain actuels et instrumentalisent les djihadistes en Syrie. On ne peut combattre au Sahel ce que l’on encourage en Syrie. La politique de la France doit cesser d’être schizophrène.

Enfin, le terrorisme ne s’arrêtera que si l’on extirpe la racine des intérêts qui l’alimentent. La paix ne peut être gagnée que par une politique de développement mutuel dans tout le Sahel et toute l’Afrique. Pour cela il faut mobiliser nos moyens civils et notre Génie militaire pour de grands travaux de remise en eau des lacs, d’irrigation et de construction de réseaux de transports rapides intérieur/intérieur, afin d’arrêter le pillage de matières premières et de parvenir à un développement agro-industriel intégré. Ce n’est possible que par une grande politique de crédits publics pour le développement mutuel. Et la mise en œuvre de ces crédits, organisés autour d’une banque nationale, exige un assainissement préalable des circuits financiers, en séparant d’une part banques de dépôt et de crédit et d’autre part les banques pratiquant les activités d’affaires et de marché. Tout se tient dans cette perspective, qui dépasse de loin les questions africaines, mais au sein de laquelle elles doivent s’inscrire pour pouvoir être résolues.

C’est cela qui doit constituer le changement fondamental de notre politique, car il s’agit de la seule façon de gagner la paix et d’éviter un désastre en Europe et dans le monde. Délivrer l’Afrique de l’Empire britannique et de ses extensions monétaristes doit devenir notre cause. C’est là que se trouve la source du terrorisme, c’est sur ce front que nous devons combattre.