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La présidente argentine invite les dirigeants européens à résister aux prédateurs financiers

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(Solidarité&Progrès)—En ouvrant la nouvelle séance législative du Congrès national le 1er mars, Cristina Fernandez de Kirchner a lancé un défi aux dirigeants du monde qui laissent les fonds spéculatifs vautours écraser leurs nations au lieu de défendre leurs citoyens et leur bien-être. Son message implicite : il y a bien une vie après le FMI, et après l’euro !

En alternative, la présidente argentine a esquissé les accomplissements de son propre gouvernement et de celui de feu son mari Nestor Kirchner depuis 2003 affranchis de la tutelle du FMI. Avant tout, insista-t-elle, ils ont amélioré le sort du peuple argentin, tout en réalisant au cours de la dernière décennie le plus fort taux de développement industriel de toute l’Amérique latine, à 24,1 %.

Cristina Fernandez a soulevé le cas des batailles juridiques de l’Argentine contre les «  fonds vautours » qui continuent à exiger le remboursement intégral (plus intérêts) des obligations souveraines sur lesquelles l’Argentine s’était déclarée en cessation de paiements en 2001-2002, bien que les obligations en question aient été achetées à une fraction de ce prix nominal, avant les attaques spéculatives contre le peso. Les autres détenteurs d’obligations avaient accepté en 2005 une réduction de la dette d’environ 30 cents sur un dollar, ce qui correspondait à peu près au prix d’achat original.

La présidente a évoqué le 1er mars la restructuration de cette dette, ajoutant qu’il existe bien plus de pays aujourd’hui qui sont en faillite. «  Il est probable que beaucoup d’autres pays vont devoir tôt ou tard, en dépit des démentis, des restructurations, des sauvetages (...) restructurer leurs dettes avec d’importantes réductions et sur de longues échéances. Sinon, comment est-ce que des pays comme la Grèce ou l’Espagne ou, comme on le découvre aujourd’hui, l’Italie, vont pouvoir payer ?  »

C’est pourquoi, pour Fernandez, le cas de l’Argentine est déterminant non seulement sur le plan économique ou financier, mais aussi politique.

Il s’agit de savoir si les grands dirigeants du monde, les membres du G-20, les chefs d’importants organismes de prêt multilatéraux, les gouvernements de différentes nations, vont permettre à une poignée de [prédateurs financiers] – je pourrais les compter sur les doigts de la main – de ruiner le monde entier, de ruiner des sociétés à coups de millions de chômeurs, de gens désespérés qui se suicident, qui ont perdu leur emploi, ne peuvent plus aller à l’école, n’ont plus de chez soi – ou bien s’ils vont privilégier leur société, leur nation, leur peuple, leur histoire et leur patrimoine. C’est cela qui est en jeu aujourd’hui dans le monde, et ils doivent le comprendre. »

Évoquant la chute de la production industrielle dans l’Union européenne, Fernandez enchaîna : « Comment se fait-il qu’ils [les dirigeants européens] veuillent sacrifier des nations entières à de petits groupes qui – comme nos fonds vautours — cherchent à imposer leurs conditions au monde entier ? »

La président argentine a tenu à souligner que le développement scientifique et technologique, qui est sa passion, a été la pierre angulaire de la politique des Kirchner depuis une décennie, et qu’elle-même se consacre à rebâtir l’infrastructure scientifique qui avait été décimée sous le régime du duo junte militaire/ FMI, qui a forcé des dizaines de milliers de scientifiques et d’étudiants à quitter le pays.

Ce qui enrage le FMI, observa Kirchner, c’est que « dans le fond, nous avons réussi sans suivre ses politiques. En outre, nous avons fait le contraire de tout ce qu’ils nous ont dit que nous devons faire et nous nous en sommes bien sortis. C’est ce qu’ils ne peuvent pas nous pardonner, et c’est pour cela qu’ils veulent nous punir.  »