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Alain Chouet : armer les rebelles syriens c’est entrer dans l’illégalité internationale

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(Solidarité&Progrès)—Excellente interview à l’hebdomadaire Le Point, d’Alain Chouet, ancien cadre supérieur des services secrets français (DGSE) et ancien chef de poste de cette institution à Damas.

Dans cet entretien accordé à Jean Guisnel, Alain Chouet dénonce la décision annoncée par François Hollande et David Cameron de promouvoir la levée de l’embargo des armes aux rebelles syriens, et même de passer outre unilatéralement au cas où l’Europe et l’ONU, n’acceptaient pas de lever leur véto !

Ce spécialiste, connu comme l’un des meilleurs connaisseurs du monde arabo-musulman en France, conteste la décision française de livrer des armes à l’opposition syrienne, car là on passerait au stade de "l’illégalité internationale".

Nous n’avons aucun mandat de l’ONU ou de qui que ce soit d’autre ni de légitimité juridique pour renverser le président Assad quels que soient ses torts. Ce n’est pas aux Français ni aux Anglais de le faire, mais aux Syriens. Depuis deux ans, la France a fourni aux opposants syriens une assistance logistique, technique, des entraînements organisés par les services spéciaux, également britanniques ou américains. Cette fois, en livrant officiellement des armes, on passe à un autre stade !

(...)

dès lors qu’un ministre des Affaires étrangères proclame qu’il va apporter une aide militaire à des étrangers désireux de renverser leur gouvernement, même si les instances internationales s’y opposent, on entre dans une forme nouvelle et dangereuse de l’illégalité internationale.

De plus, il s’agit là ; selon lui, d’une opposition «  totalement hétéroclite et divisée, [où] les militaires ne reconnaissent pas l’autorité des politiques et, [où] à l’intérieur de la composante militaire, les milices djihadistes ont pris le pas sur les autres.  »

Quant à l’affirmation des responsables politiques français que ces armes iront uniquement à l’opposition non djihadiste, Chouet révèle qu’au contraire, les Occidentaux privilégient les envois d’armes aux djihadistes !

Je connais la Syrie depuis 40 ans, j’ai fait partie des services spéciaux pendant 30 ans et j’affirme qu’une telle certitude est totalement présomptueuse. Ce que je constate, c’est que, sur le terrain, celle qu’on appelle l’ASL (Armée syrienne libre) est composée d’officiers et d’hommes de troupe qui ont déserté vers la Turquie et qui se trouvent pour la plupart consignés dans des camps militaires quand ils n’ont pas donné des gages d’islamisme. L’un des fondateurs de l’ASL, le colonel Riad al-Assaad, se trouve pratiquement assigné à résidence avec l’interdiction de se rendre sur le territoire syrien. Tout cela pour laisser la place aux groupes salafistes et aux djihadistes. Je repose donc la question : quelles armes allons-nous donner et à qui ?

Cliquez ici pour l’interview complète sur le site du Point