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Le Japon opte pour le « big bang » hyperinflationniste

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(LPAC)—Ceux qui espéraient encore que leur épargne ne serait pas volée pour tenter de sauver le système financier transatlantique en faillite – soit par confiscation des dépôts bancaires comme c’est le cas à Chypre, soit par hyperinflation – ont reçu, ou auraient dû recevoir, un choc terrible le 4 avril.

Ce jour-là, la Banque du Japon (BoJ) a annoncé la mise en œuvre d’une politique destinée à doubler la masse monétaire d’ici la fin de 2014 par l’injection de 2000 milliards de dollars de plus dans le système, ce à titre de l’« assouplissement quantitatif ».

La nouvelle a été accueillie avec jubilation par les responsables de ce que l’économiste américain Lyndon LaRouche appelle l’ « Empire britannique », qui aimeraient bien que toutes les banques centrales en fassent autant. A la Réserve fédérale (Fed), selon un observateur, on a célébré comme autant de toxicomanes voyant arriver la prochaine livraison d’héroïne.

Officiellement, l’initiative japonaise vise à promouvoir une inflation « modérée ». Suivant cette recette monétariste, lorsque l’économie se trouve en déflation (baisse des prix), l’inflation vient au secours en incitant les consommateurs à acheter plus vite et fait baisser la valeur des dettes. Puis, en faisant acheter par la Banque du Japon des obligations de l’État détenues par les banques, Tokyo prévoit que celles-ci pourront investir dans l’économie.

Les deux arguments, soutenus par de nombreux économistes mal avisés, ignorent le fait que l’économie est déprimée à cause d’une dette impayable qu’aucune inflation « modérée » ne saurait réduire. Mais la tentative de le faire mène à l’hyperinflation et la destruction du système. Tant que les banques pourront, même si allégées de la dette publique, continuer à fonctionner comme « banque universelle », elles se serviront de l’argent de la banque centrale pour refinancer leurs pertes de jeu au lieu de l’investir dans l’économie. On reste donc dans la même logique monétariste qui nous a donné la crise, et nous promet désormais le désastre.

Cette politique, comme le note LaRouche, est « insensée ». Quelques experts non aveuglés par l’idéologie partagent ce jugement. Ainsi, le directeur des investissements de Guggenheim Partners, Scott Minerd, écrivait dans le Financial Times online du 5 avril, que la démarche du Japon constitue « une formule d’hyperinflation », qui prépare le terrain « à une spirale inflationniste mondiale, peut-être bien pire que tout ce que nous avons connu. (...) [Le Japon] pourrait facilement descendre la pente glissante vers l’hyperinflation. Le plus troublant, c’est que le reste du monde industrialisé risque de sombrer avec. »

Même George Soros a peur de l’initiative japonaise, estimant dans une interview à CNBC qu’elle signifie la « désintégration » du yen. Cela de la part de celui qui, en 1999, appelait à un « mur d’argent » pour éviter l’insolvabilité du Brésil.

Et ces 2000 milliards de dollars de la Banque du Japon, que signifient-ils pour le « système » dans son ensemble ?

Entre 2008 et 2012, la région transatlantique comme un tout a émis quelque 4500 milliards de dollars à titre d’ « assouplissement quantitatif », auxquels il faut ajouter les quelques 1500 milliards par an prévus aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe. Cela sans compter la quantité d’argent qui sera dérobée aux comptes bancaires des citoyens et des sociétés au nom des « bail-ins » (renflouements internes), en Europe, aux États-Unis, et ailleurs.