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Nouvelle vague de terreur en Amérique : des liens avec la crise financière ?

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Le double attentat au marathon de Boston du 15 avril, qui a fait trois morts et plus de 170 blessés, la traque des auteurs présumés suivant une procédure digne des pires scénarios hollywoodiens, les lettres contaminées envoyées au Président Obama et à un sénateur, voilà de quoi détourner l’attention du peuple américain de l’actuel débat sur l’urgence de réinstaurer Glass-Steagall avant que n’éclate la prochaine bulle financière.

Rappelons tout d’abord que le FBI a régulièrement, au cours des 20 dernières années, utilisé des informateurs et agents provocateurs pour amener des individus à planifier des attentats terroristes, et a même, dans plusieurs cas, fourni les armes, l’argent et les explosifs (!) à des recrues qui n’auraient jamais eu les moyens de concrétiser ce type d’actions par elles-mêmes.

Il est désormais établi que le FBI a participé à la fabrication des bombes qui ont tué six personnes et blessé 1000 autres au World Trade Center de New York le 26 février 1993. Un ex-officier égyptien, Emad Salem, avait été utilisé par le FBI pour infiltrer un cercle de musulmans et les aider à fabriquer la bombe...

Selon des enregistrements fournis par Salem à la justice, le plan était de construire la bombe et le FBI devait, à la dernière minute, remplacer la poudre par un ingrédient inoffensif, mais aurait oublié de le faire !

Cet épisode a été cité en exemple par le journaliste Ben Swann, de la chaîne télé américaine Fox TV le 16 avril, qui se demandait s’il ne fallait pas, avant de sauter aux conclusions, vérifier si le « FBI n’avait pas une connaissance de cet attentat avant qu’il ne soit mis à exécution ».

Selon un rapport de l’été dernier du Centre national de sécurité de la Fordham Law School, il y a eu, depuis les attentats de 2001, « 138 procès touchant à des questions de sécurité nationale ou de terrorisme et impliquant des informateurs (…) dont la plupart sont passés d’un simple rôle de surveillance de comportements potentiellement criminels, à l’encouragement et à l’assistance aux personnes agissant selon des scénarios imaginés par le FBI lui-même. »

Un cas emblématique est celui des « quatre accusés de Newburgh », dans l’État de New York, où un informateur avait fourni, en 2008-2009, 250 000 dollars ainsi que des armes aux accusés pour perpétrer un attentat terroriste.

Le Centre des droits de l’homme et la justice de l’Université de New York, qui a étudié ce cas et de nombreux autres par la suite, avait conclu : « Les informateurs du gouvernement ont agressivement promu des idées djihadistes violentes et même encouragé les accusés à croire qu’il était de leur devoir d’agir contre les Etats-Unis. » La juge fédérale responsable de ce procès, Colleen McMahon, avait déclaré qu’il « ne faisait aucun doute que l’État était l’auteur du crime ».

Pour revenir au double attentat de Boston, il est utile de rappeler que selon le quotidien britannique The Guardian du 29 septembre 2011, le FBI de Boston avait assisté un certain Rezwan Ferdaus en 2011 pour la planification d’un attentat utilisant des avions miniatures bourrés d’explosifs (à quand les drones ?) et devant s’écraser sur le Capitol de Washington et le Pentagone.

Le FBI avait même fourni à Ferdaus l’argent nécessaire pour qu’il puisse se rendre à Washington et acheter des modèles de Sabre F-86 miniature pour les attaques. « L’enquête judiciaire a démontré que Ferdaus avait commandé les avions et loué un entrepôt, avant de recevoir, des mains du FBI, de 25 livres d’explosifs C-4, trois grenades, et six mitrailleuses AK-47 », rapporte le Guardian.

Le FBI a pour sa part reconnu, dans un communiqué officiel du 29 septembre 2011, avoir fourni à Ferdaus « environ 1,25 livres d’explosifs C-4 ». Les deux responsables qui ont à l’époque défendu cette opération, Richard DesLauriers, chef du bureau du FBI de Boston et Carmen Ortiz, procureur des États-Unis, seront tous deux en charge de l’enquête sur l’attentat du marathon de Boston...

Il est plus jamais impératif, dans ce contexte, que l’État américain divulgue les fameuses 28 pages du rapport de la Commission 9/11 préparé pour le Congrès américain et publié en 2004, pour connaître la vérité sur les attentats contre les tours jumelles. Le président George W. Bush a classifié ces 28 pages, et le président Obama, reniant sa promesse électorale, a maintenu la classification.

Ces 28 pages traitent de l’implication de l’Arabie saoudite, et plus spécialement du Prince Bandar, dans le soutien, aux États-Unis mêmes, au réseau al-Qaïda responsable des attentats du 11 septembre 2001. Bandar était ambassadeur à Washington à l’époque et jouait un rôle central dans le contrat d’armes Al-Yamamah entre l’Arabie saoudite et le géant britannique de la défense BAE. Aujourd’hui, Bandar est le chef du renseignement saoudien.

Tant que ne seront pas déclassifiées ces 28 pages, tout ce qui sera révélé par les autorités américaines sur les attentats de Boston ne pourra être pris au sérieux.