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Liquidons les mégabanques avant qu’elles nous liquident !

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Karel Vereycken
avec Johanna Clerc

Cinq ans après la crise des subprime et la chute de Lehman Brothers, le monde se trouve le dos au mur. Comme de l’huile jetée sur le feu, les milliards d’euros injectés par les Etats ne font qu’apporter du carburant à de nouvelles bulles spéculatives dont l’éclatement ne saurait tarder.

La plus grosse bulle de l’histoire est sans conteste celle des produits financiers dérivés, estimée à 800 000 milliards de dollars, presque 12 fois le montant du PIB mondial (70 000 milliards de dollars). Et parmi les initiés, un bruit court : ces produits dérivés ne valent pas un copeck…

La faillite nous voilà !

Cette vérité signifie que les 27 méga-banques systémiques du monde sont techniquement en faillite. En termes comptables, leur passif exigible dépasse leurs actifs disponibles de sorte qu’au prochain pari malchanceux, elles risquent la cessation de paiement. Dès lors, comment organiser la mise en faillite ordonnée de ces banques mammouths sans abîmer durablement l’économie mondiale ? Comme dans le cas d’une banale liquidation judiciaire d’une entreprise, un liquidateur doit se charger de faire le bilan. Il « réalisera » les actifs en recouvrant les créances et en vendant les biens de la société. Avec le résultat financier de l’opération, il payera ensuite les dettes, selon l’ordre de priorité prévu par la loi.
Qui nommera le liquidateur ?

C’est la question primordiale. Au service de quels principes procédera-t-il ? Travaillera-t-il au service des seuls financiers, ou, fort d’un mandat parlementaire et du soutien populaire, fera-t-il prévaloir le bien commun et l’intérêt des générations à naître ?

Soyons honnête. Lorsque le monde financier se montre aussi aveugle, cupide, incompétent, délinquant, irresponsable, criminel et suicidaire qu’aujourd’hui, ce n’est que justice que l’État, mandaté par le peuple, reprenne les choses en main. Son liquidateur scindera les banques, laissera sombrer les banques fautives, assainira celles en difficulté tout en renforçant celles qui sont utiles. Il effacera les montagnes de dettes spéculatives du passé tout en honorant les créances essentielles à la construction de l’économie du futur.

Glass-Steagall

C’est, en essence, ce qu’a fait Franklin Roosevelt en 1933, avec la commission d’enquête dirigée par le procureur Ferdinand Pecora et la séparation stricte des banques imposée par la loi Glass-Steagall, démarche complétée par sa politique de New Deal remettant le crédit au service de l’emploi productif et des grands projets d’infrastructures. C’est ce qu’on a fait en France après-guerre pour la reconstruction et ce pourquoi Jacques Cheminade et Solidarité & Progrès se battent aujourd’hui.

La BRI

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Cette photo de 1927, ici accrochée au mur du bureau du Président de la Réserve fédérale Ben Bernanke, réunit les banquiers centraux considérés comme les fondateurs de la BRI : de gauche à droite Hjalmar Schacht (Reichsbank allemande), Benjamin Strong (Réserve fédérale américaine), Montagu Norman (Banque d’Angleterre) et Charles Rist (Banque de France).

En face, depuis 2008, les grandes banques sont à l’œuvre pour empêcher qu’un Glass-Steagall global ne vienne mettre fin à leurs orgies spéculatives. Et elles ont bien compris que ce sont elles qui doivent écrire les lois et nommer le liquidateur qui fixera qui et quoi sera liquidé dans leur seul intérêt.

Comme dans les années 1930, ces financiers prient les peuples et leurs élus de « ne pas trop se mêler » de ce qui « ne les concerne que très peu » et leur demandent de faire confiance au savoir-faire d’un quasi-gouvernement mondial de banquiers non élus et redevable devant personne. Eh non, il ne s’agit pas du Bilderberg ni de Goldman Sachs, mais de la vénérable Banque des règlements internationaux (BRI) de Bâle en Suisse.

Actuellement, c’est Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et conseiller de Moscovici, qui préside cette institution au passé plutôt trouble. C’est la BRI qui a élaboré le modèle de la plupart des lois de « résolution bancaire » que nos parlementaires s’apprêtent à voter. Elles permettront notamment de confisquer l’épargne et les dépôts des simples citoyens pour « sauver » un système que nos banques refusent de remettre en cause.

A l’origine de la plupart des propositions visant à sauver la « stabilité financière » comprenant la procédure inquiétante de bail-in, on retrouve, via le Conseil de stabilité financière, la Banque des règlements internationaux (BRI).

Installée à Bâle en Suisse, cette vénérable institution, une banque privée autoproclamée « la banque centrale des banques centrales », fuit toute publicité comme la peste. En lisant cet article, vous allez comprendre pourquoi.