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’Made in Britain’ : Comment l’Empire britannique promeut le mouvement « Mourir dans la dignité » et l’euthanasie budgétaire

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(CRC)—Alors que le projet de loi no 52—Loi concernant les soins de fin de vie—a été introduit par la Ministre Véronique Hivon à l’Assemblée Nationale du Québec, il devient urgent de se rappeler que l’organisme phare qui coordonne la bataille pour l’assistance médicale au suicide, la Fédération mondiale des associations pour le droit de Mourir dans la Dignité (ADMD), fut fondé en 1980 à Oxford, c’est-à-dire au cœur de l’empire financier britannique.

Quant l’euthanasie budgétaire, qui se propage aujourd’hui à travers la planète, elle prend également son origine en Grande Bretagne par le biais de son système de triage dans les soins de santé mises en œuvre par le très controversé Liverpool Care Pathway .

Deux journalistes du Nouvelle Solidarité, Agnès Farkas et Karel Vereycken, ont publié le 18 janvier 2011 un dossier intitulé «  Euthanasie, la France à la croisée des chemins  » qui nous renseigne sur les origines de l’euthanasie. Nous reproduisons ici l’encadré 3 de leur dossier :

Encadré 3
Euthanasie : Petite revue chronologique ante-mortem

« Pour les élites de l’Empire britannique, légaliser l’euthanasie n’est qu’un premier pas vers une politique eugéniste plus générale. Pour mieux comprendre une idée, il faut aller au bout de ses conséquences philosophiques et morales. En 1920, le psychiatre Binding et le juriste Hoche publient un texte sur lequel s’est appuyé Adolf Hitler pour écrire Mein Kampf en 1924. En effet, Binding et Hoche y appelait déjà à « la destruction de la vie dépourvue de valeur ».

« En Angleterre, Lord Berkeley Moynihan et le docteur Millard créent la première « Société d’euthanasie volontaire » en 1935. Ils reçoivent un renfort publicitaire de la Couronne anglaise en 1936, lorsque le roi George V commandite son euthanasie. Hormis le régime nazi, la plupart des gouvernements ont refusé de légiférer sur ce projet avant les années 1980.

« Ce n’est qu’en 1969, après la « révolution culturelle », que la campagne sur le sujet prend vraiment son essor. Luis Kutner invente alors le « Testament de fin de vie » pour désigner un refus par avance de traitement médical. Cet avocat de Chicago est un fervent défenseur des droits de l’homme et co-fondateur avec le Britannique Peter Benenson d’Amnesty International à Londres. Grâce à Kutner, les ADMD forment leurs premiers volontaires aux Pays-Bas en 1975. Aussitôt, d’autres sociétés surgissent dans plusieurs pays dont le Japon et l’Allemagne.

« En 1976, les ADMD donnent leur première conférence internationale à Tokyo. En 1977, l’ordre du Conseil des médecins néerlandais accepte officiellement la pratique de l’euthanasie volontaire. Peu après, la Voluntary Euthanasia Society of Scotland publie un guide du suicide actif. Contournant les barrages politiques et légaux, sa parution a finalement lieu en 1981 et aussitôt, le nombre d’adhérents des diverses sociétés quadruple.

« A la même époque, en mai 1975, le journaliste britannique Derek Humphrey, ancien correspondant du Sunday Times en Irlande du Nord, fait boire un poison à sa première femme atteinte d’un cancer. Sa seconde femme, dépressive, se suicide en 1991. Les hasards de la vie… Inquiété par la justice en Angleterre, Humphrey s’exile aux États-Unis où il lance une vaste campagne en faveur de l’euthanasie en la présentant comme un banal « droit au suicide ». Dans ce but, il fonde en 1980 la Hemlock Society (« La ciguë ») et publie en 1991 Final Exit , un manuel détaillé du suicide, toujours interdit de vente en France.

« C’est autour de ce livre culte que naîtra une véritable « internationale » du suicide assisté. Après en avoir été le président, Humphrey reste conseiller de la Fédération mondiale des sociétés pour le droit de mourir dans la dignité, qui regroupe 47 organisations similaires dans le monde.

« Sa véritable victoire sera en 1984 lorsque la Cour suprême des Pays-Bas déclare que l’euthanasie volontaire est acceptable en dix des conditions clairement définies par le livre de l’ADMD. Décision suivie par l’Angleterre en 1994, qui déclare son soutien de principe à la législation régissant les testaments de vie et la prescription de médicaments mortels à la demande de particuliers.

« A ce jour, après l’Oregon, où le suicide médicalement assisté est autorisé depuis 1994, les Pays-Bas et la Belgique ont décriminalisé l’euthanasie volontaire en 2002, suivis par le Luxembourg en 2009. Suite à cette offensive, et face au vieillissement de la population et à l’augmentation des dépenses financières qu’il faut y consacrer, des voix « humanistes » s’élèvent pour que la France « rattrape son retard » sur la question…

« Les programmes de santé de Tony Blair, Cameron, Angela Merkel et Barack Obama sont clairement orientés dans la même direction. »

Les oligarques et l’euthanasie

Dès la fondation à Oxford en 1980 de la Fédération mondiale des associations pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), la baronne van Till, de la noblesse néerlandaise, siège sur le comité de direction international.

Comme le journaliste d’enquête Anton Chaitkin l’a démontré, il existe également un lien direct entre la maison de Windsor et les tentatives d’appliquer une politique d’euthanasie budgétaire à grande échelle en Grande Bretagne.

Dans son article «  Obama, l’euthanasie et la couronne britannique   », Chaitkin lie le Prince Charles au scandale de l’hospice Marie Curie de Liverpool et les directives expérimentales appelées Liverpool Care Pathway (LCP) qui est à l’origine d’environ un décès sur six en Grande Bretagne !

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La baronne Adrienne Van Till-d’Aulnis de Bourouill (1920-1997)

« … C’est à partir de 2003, sous le gouvernement de Tony Blair, que l’hospice Marie Curie de Liverpool où l’on traite les cancers en phase terminale, deviendra le centre-pilote chargé d’expérimenter ces nouvelles directives sous le titre du Liverpool Care Pathway (LCP). Ce « traitement » permet, sur simple décision d’un médecin, d’endormir les patients et d’interrompre les soins, l’alimentation et l’hydratation quand on estime que « cela n’en vaut plus la peine ».

« Réservé initialement aux malades souffrant de maladies incurables, le LCP, désormais recommandé par le haut conseil indépendant sur la santé britannique (NICE), peut s’appliquer à tout malade en Angleterre.

« Selon une étude du Dr. Clive Seale, un gérontologue réputé de la prestigieuse faculté de la Barts and the London Medical School of Medecine and Dentistry, rien que l’an dernier, le LCP est à l’origine d’environ un décès sur six en Grande Bretagne ! 

« Il faut noter ici que vers 2000, le Prince Charles « a accepté » de présider cet hospice. La famille royale joue un rôle important dans le système de santé britannique via le King’s Fund que le Prince Charles préside depuis 1986 et dont la Reine Elisabeth II est une grande bienfaitrice.

« La création du King’s Fund remonte à la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion du Prince de Galles, futur Edward VII. Il devint en 1907 le King Edward’s Hospital Fund for London. Il s’agissait du centre stratégique de la famille royale pour réformer la santé, conformément aux innovations de l’Empire de l’époque, c’est-à-dire la théorie de l’eugénisme ou de la purification de la race.

« Depuis que le King’s Fund et l’hospice Marie Curie ont fusionné en 2008, la politique d’euthanasie s’est accélérée en Angleterre. C’est le directeur du développement et de la politique du King’s Fund, Steve Dewar, qui dirige simultanément les deux entités pour « développer la contribution des deux organisations à la plus ample amélioration des services de fin de vie au Royaume-Uni ». En juillet 2008, le NHS publia sa Stratégie des soins en fin de vie, élaborée par une unité spécialement dédiée au nouveau programme d’euthanasie. »

Et comme le dit Chaitkin « on pouvait s’en douter, les vautours de la finance participent à la fête. Le directeur en chef de l’hospice Marie Curie, Tom Hughes-Hallett, a passé 22 ans de sa vie comme banquier à la City de Londres. Senior Associate du King’s Fund, il préside le « Conseil consultatif de la mise en œuvre externe » pour la Stratégie des soins de fin de vie à l’échelle nationale.  »

Depuis septembre 2009, date de parution de cet article, la crise financière s’est aggravée ainsi que l’austérité budgétaire exigé pour procéder aux renflouements externes (bailouts) et internes (bail-ins) des banques en Europe et aux États-Unis.

Seule une population apeurée et en déni de réalité pourrait croire que l’oligarchie financière de « la City », qui promeut la Fédération mondiale des associations pour le droit de mourir dans la dignité, organisation qui opère dans 28 pays et qui comprend 51 organisations du droit à mourir, vous veut simplement du bien et, par compassion, s’assurera que vous aussi, Québécois et Québécoises, pourrai bientôt bénéficier de cette « aide médicale à mourir » du gouvernement ! 

En 1939 les Nazis appelaient leurs politiques « donner la mort par compassion », « Gnadentod », aujourd’hui ceux qui proposent l’euthanasie appellent cela « mourir dans la dignité ». La réalité inexorable reste la même ! [GG]