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Le grand chantier qui attend François Hollande : tenir ses promesses !

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Karel Vereycken

Le 13 avril 2012, le candidat François Hollande lançait aux Auvergnats béats d’espoir : « Vous attendez une ligne TGV, vous l’aurez ! » Seulement, il n’avait pas précisé quand. Idem à Limoges.

Un an plus tard, le 27 juin 2013, Jean-Marc Ayrault adopte le diagnostic du rapport de la Commission Mobilité 21 présidée par le député-maire de Caen Philippe Duron, chargée de mettre de l’ordre et de fixer les priorités parmi les 70 grands projets retenus par le Grenelle de l’environnement de 2007, à l’époque évalués à 245 milliards d’euros d’investissement sur 25 ans.

Alors qu’au nom de l’amélioration de la vraie compétitivité et de la lutte pour l’emploi, il fallait «  y mettre le paquet  », c’est au nom du sérieux budgétaire et de la lutte contre le déficit qu’on décrète soudainement que les grands travaux sont un luxe auquel les Français doivent renoncer. Impuissant face au monopole des banques sur le crédit, le gouvernement se déclare otage de la conjoncture.

Et puisqu’on a honte d’admettre l’austérité suicidaire que cela implique, on fait dire au rapport que « la modernisation de l’existant permet souvent d’atteindre une performance quasi équivalente à celle d’une infrastructure nouvelle, pour un coût et une empreinte écologique bien inférieurs  ». Le sommeil de la raison engendre des monstres.

Ainsi, seulement 7 des 70 projets sont retenus : deux lignes de train à grande vitesse (LGV), celle reliant Bordeaux à Toulouse et la liaison Roissy-Picardie, ainsi que cinq tronçons autoroutiers, parmi lesquels la liaison entre Lyon et Saint-Etienne. Pour les financer, on retient deux scénarios : le premier ne mobilisera que 8 à 10 milliards d’euros d’ici 2030, le second, plus optimiste, 28 à 30 milliards si la situation le permet. En pratique, cela signifie qu’aucun nouveau chantier ne démarrera avant 2050, le temps d’effectuer les études et enquêtes publiques. Oui, 2050, vous avez bien entendu, dans 37 ans… Du jamais vu à l’échelle de la planification d’un pays, où les grands plans de la Datar sur 25 ans ont été abandonnés dans les années 1980 pour des contrats de plans quinquennaux, déjà extrêmement peu tenables dans le temps et dans les enveloppes prévues.

La fin des grands travaux en France, vue de Russie

Ces décisions ont de quoi étonner le monde entier, en particulier les pays émergents et autres BRICS. Voici par exemple comment cette politique est vue à partir de ce qu’écrit par exemple le site ProRussia.tv :

« Autant dire qu’un report à 2050 est non seulement un enterrement de première classe, mais aussi l’aveu d’un total manque de visibilité quant à l’avenir proche de la Hollandie. Au passage, on notera que Philippe Duron est pointé comme l’élu le plus cumulard de France, avec 4 mandats et 24 fonctions. Tout un symbole : la Hollandie sclérosée qui plombe l’avenir de la France.

« Pourtant, le Grenelle de 2007 ne venait parfois que rattraper des retards considérables, comme c’était le cas en Normandie. De nombreuses régions ont par ailleurs déjà lancé des chantiers, engagés des millions d’euros sur des aménagements qui vont s’arrêter du jour au lendemain. De l’Alsace à l’Aquitaine, de la Provence à la Normandie en passant par l’Auvergne et la Savoie, pas une région de France n’est épargnée.

« Conséquence directe, la Fédération nationale des travaux publics, qui regroupe 300 000 salariés, annonce déjà une vague de licenciement dès 2017, date de la fin des grands chantiers en œuvre aujourd’hui. Ce sont des savoir-faire qui vont disparaître, ou plutôt qui vont se recyclés à l’étranger, dans les pays des Brics notamment, où la demande d’infrastructures explose, comme en Russie où le simple doublement prévu du Transibérien sur 10 000 km suffirait à recycler tout ce petit monde.

« Une autre conséquence est la mort du transport fluvial en France. Le canal Seine-Nord, destiné à relier les ports du nord de l’Europe et du Havre, ainsi que le canal Rhin-Rhône sont enterrés. Or, une péniche, c’est 220 camions retirés de la route, pour 5 fois moins de fioul consommé. Sans liaison ferroviaire, sans liaison fluviale, la Hollandie va devenir une simple transversale pour camions européens, empruntant des autoroutes désormais privées, entre l’Europe du sud et l’Europe du nord. La Hollandie n’est plus un pays développé, pas même un pays stagnant, c’est un pays en sous-développement, en décadence. La colonie de ses colonies, comme l’annonçait en 2000 Vladimir Poutine.

« Mais tout n’est pas annulé. L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, autour de Nantes, est maintenu. Que ce soit la ville du Premier ministre n’y est pour rien. Même si la piste est plus courte que celle de l’aéroport existant, même ci ce dernier pourrait être modernisé à moindre coût que la construction du nouvel aéroport, même si les pilotes usagers condamnent la configuration retenue, même si l’ensemble des acteurs sociaux-économiques de la région n’en veulent pas… Jean-Marc Ayrault doit avoir son aéroport. Petite crise d’ego, sans doute, avec le secret espoir que son nom sera, tôt ou tard, celui de l’aéroport. Il devrait pourtant se rassurer, il est sûr de rester dans les chroniques de l’Histoire de France. Comme le plus inconséquent des Premiers ministres de la Ve République française ».