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La France au Proche-Orient : faites comme je dis pas comme je fais

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Déclaration de Solidarité & Progrès

C’est le vendredi 26 juillet que la décision des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne d’inscrire la branche armée du Hezbollah sur la liste des mouvements terroristes, est entrée en vigueur, après sa publication dans le Journal officiel de l’Union Européenne.

Cette décision, à laquelle le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, a beaucoup contribué, en alliance avec le Royaume-Uni, est inique. Inique car elle est prise au moment même où en Tunisie, vient d’être assassiné un autre député de l’opposition, Mohamed Brahmi, du Parti des travailleurs, dans un contexte de radicalisation de conflits religieux provoquée par les Frères musulmans et leurs frères ennemis salafistes, que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont mis au pouvoir, à l’issue des soi-disant Printemps arabes.

Inique, car elle a lieu alors que le président François Hollande vient non seulement de recevoir à l’Elysée, le nouveau président du Conseil national syrien, le saoudien Ahmad Jarba, accompagné du chef de l’Armée syrienne libre (ASL), le général Salim Idriss, mais aussi de leur renouveler sa confiance. Pourtant, comme il est devenu clair aux yeux du monde entier, ce sont là les hommes que les États-Unis, le Royaume-Uni et notre propre pays, ont mis à la tête d’une invasion de fait des dizaines de milliers de djihadistes fanatisés contre la Syrie, depuis deux ans. Prétendre que ces envahisseurs peuvent être séparés d’opposants "démocrates" est un leur.

De quel droit, au nom de quelles valeurs, la France se permet-elle de mettre dans la liste de mouvements terroristes, une organisation qui a beaucoup évolué depuis sa naissance et qui, depuis des années, contribue à garantir la stabilité du Liban, contre ces factions ? Quand on sait que ces djihadistes consomment la chair de leurs ennemis éliminés sauvagement, n’est-il pas clair, comme il l’a été aussi durant la Seconde guerre mondiale, de quel côté se trouvent les « terroristes » ?

La France, pour être la France, doit claquer la porter à cette politique, sous peine de devoir s’expliquer un jour devant la justice sur les raisons de cette soumission à une politique criminelle qui émane des cercles dirigeants de l’OTAN.

La résistance à ces politiques folles se trouve aujourd’hui ailleurs. Ce pourquoi nous vous livrons ci-dessous l’appel pressant et profond du Général Michel Aoun, président du Courant patriotique libre, l’un des principaux partis au gouvernement au Liban et allié du Hezbollah, aux autorités de l’Union européenne sur la mise à l’index du Hezbollah.

Lettre ouverte du général Michel Aoun à l’Union européenne

"J’ai été choqué par la décision de l’Union européenne d’inscrire l’aile militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. En effet cette décision est en contradiction notoire avec la Charte des Nations-Unies qui reconnaît le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective..."
Je m’adresse à vous au nom de cette culture européenne dont je me sens si proche et dont je partage les valeurs et les principes.

J’ai été choqué par la décision de l’Union européenne d’inscrire l’aile militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. En effet cette décision est en contradiction notoire avec la Charte des Nations-Unies qui reconnaît le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée.

Cette aile militaire aujourd’hui accusée de terrorisme, est celle-là même qui força Israël à se retirer du Liban sans conditions en mai 2000. C’est elle qui assura la mise à exécution de la résolution 425 adoptée le 19 mars 1978 par le Conseil de sécurité 22 ans après l’occupation par Israël du sud-Liban.

La résolution 425 stipule en effet que le Conseil de sécurité de l’ONU exige d’Israël de cesser immédiatement son action militaire contre l’intégrité territoriale du Liban et de retirer sans délai ses forces de tout le territoire libanais ; elle est restée sans effet durant 22 longues années ; car c’est ainsi qu’Israël interpréta alors le terme « sans délai ». Le Liban ne dut la libération de ses territoires qu’à la volonté sans faille de sa Résistance, dont est également témoin l’issue de la guerre que mena Israël contre le Liban durant l’été 2006.

Car le Liban continue à faire face à trois agressions israéliennes avérées :
1) L’occupation des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba et du village El-Ghajar
2) Le problème des réfugiés Palestiniens au Liban
3) Les violations répétées de son intégrité territoriale, aérienne, et maritime

A ceci, il faudra ajouter les visées israéliennes injustifiées sur les eaux territoriales libanaises et son refus obstiné de respecter les frontières maritimes tracées selon les conventions internationales en vigueur.

On aurait souhaité que plutôt d’accuser de terrorisme la Résistance libanaise, les États-membres de l’Union européenne soutiennent le droit du Liban à préserver son intégrité territoriale, ainsi que le droit du peuple Palestinien à retourner sur ses terres. Certains des motifs invoqués dans le passé pour étayer cette accusation avaient été rejetés tant par l’Argentine pour les attentats de Buenos Aires que par la Bulgarie dont le ministre des Affaires étrangères avait déclaré il y a quelques jours, que rien ne justifiait une décision européenne à l’encontre du Hezbollah qui serait basée sur son implication non prouvée dans l’attentat de Burgas.

Quand l’Europe réunie renie le droit d’une nation à se défendre, un droit consacré par la Charte des Nations Unies. Et quand elle tourne le dos à ces nations qui luttent pour préserver leur liberté et leur souveraineté, cette Europe renie alors ses propres valeurs et ses principes ; elle tourne le dos aux leçons de son Histoire ; car chacun des peuples qui la constituent a versé un jour son sang pour résister au joug de l’occupation.

J’exhorte ainsi l’Union européenne à rester fidèle à ses principes, à ses idéaux, et à son Histoire qui vit tant de sacrifices consentis sur l’autel sacré de la Liberté. Il faudra surtout qu’elle prenne conscience de la gravité de ses responsabilités et qu’elle les assume pleinement concernant son rôle dans la guerre qui ensanglante la Syrie et sur ses graves répercussions sur la situation au Liban ; une guerre que certains de ses États membres continuent d’alimenter ouvertement en hommes et en matériel.

Michel Aoun est le chef du bloc du Changement et de la Réforme et allié chrétien du Hezbollah et d’autres formations chiites. Il est l’un de principaux partis au gouvernement.