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Glass-Steagall : le vent se lève en Amérique

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Alors qu’un 71ème député, Emmanuel Cleaver du Missouri, a ajouté son nom à la liste des co-signataires de la proposition de loi H.R. 129 à la Chambre représentants pour rétablir la séparation des banques commerciales et d’investissement, la pression continue à monter pour amener les élus à rassembler leur courage pour confronter la mafia criminelle de Wall Street.

Jeudi, l’acteur de cinéma et de séries télé américain Ed Asner, qui a joué le rôle du milliardaire Warren Buffet dans le film Too Big To Fail : Débacle à Wall Street et de Guy Bannister dans le film JFK, a publié une lettre ouverte à l’intention des députés, expliquant « qu’il est temps de reconnaître que les soi-disant efforts de réforme financière accomplis depuis le krach de septembre 2008, incluant la loi Dodd-Franck, n’ont pas traité le problème fondamental qui a causé le krach, en l’occurrence la spéculation toujours plus sauvage par les plus grandes banques et institutions financières  », et constate que « tout ce qu’exige Wall Street est accordé, tandis que le reste de l’Amérique n’obtient rien ». « Même si je suis encouragé de voir qu’il y a une action renouvelée en soutien au rétablissement de Glass-Steagall, (…) je sais que les lobbyistes de Wall Street dépensent des millions pour empêcher le passage de Glass-Steagall. Il faudra du courage pour leur tenir tête, mais c’est ce que j’attends de vous. »

Quelques jours plus tôt, signe que les lobbyistes ne perdent pas leur temps, la vidéo d’un entretien accordé par la sénatrice Elizabeth Warren, l’un des quatre sénateurs à l’origine de la proposition de Loi de 2013 pour un Glass-Steagall du 21ème siècle, à la chaîne CNBC, a été retirée de son compte YouTube à la demande de NCB TV. La vidéo avait capté l’attention de plus de 700 000 américains en quelques jours !

Un éditorial du Seattles Times, le principal quotidien du nord de la côte ouest du pays, a pour sa part endossé la « tentative louable de reconstruire la barrière entre les banques commerciales et les banques d’investissement », en « séparant le cœur de métier » des premières, des activités à haut risque des deuxièmes.

Dans un discours devant la Chambre des représentants, la députée Marcy Kaptur, l’un des deux députés à avoir introduit H.R. 129 à la Chambre, a fait remarquer que si les actifs des 6 plus grosses banques américaines représentaient 17 % du PIB du pays avant la crise en 2008, aujourd’hui ce chiffre dépasse la barre des 50 % !

Quant aux revenus de la banque JPMorgan Chase (la banque qui avait financé Mussolini en 1926 et qui vient d’appeler au retour du fascisme en Europe), ils ont été de presque 100 milliards de dollars en 2012, rapporte la députée, « correspondant au budget combiné du ministère des Transports, de la NASA, de la Fondation nationale pour la science, et même de la dette de Détroit ».

Quand au Washington Post, il publiait le 24 juillet une lettre ouverte du chroniqueur Harold Meyerson dénonçant le « dangereux monopole des grandes banques sur la vie ».

Meyerson s’attaque au récent scandale de la manipulation des prix de l’aluminium par la banque Goldman Sachs, qui avait retiré du marché 1,5 million de tonnes d’de ce métal afin de provoquer une flambée des prix. Il rappelle que l’aluminium n’est pas la seule matière première touchée, puisque JPMorgan et Barclays ont fait la même chose sur les marchés de l’énergie. Il souligne que la situation est redevenue aussi mauvaise qu’en 1913, lorsqu’un juge de la Cour suprême américaine, Louis Brandeis, avait tiré la sonnette d’alarme sur le contrôle qu’avaient pris les banques sur les transports, les services publics, l’agriculture et grandes entreprises américaines. Le seul moyen d’en sortir, constate-t-il, « est de rétablir la loi Glass-Steagall, en construisant un mur entre banques de dépôt et banques d’investissement, ainsi qu’en rétablissant la Loi de 1956 sur les holdings d’entreprises ».