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Energy of the Future / L’énergie du futur
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Le père du programme lunaire chinois apporte son analyse sur la fusion et l’hélium-3

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Ouyang Ziyuan, astrochimiste, ici dans son bureau à l’Observatoire national d’astronomie de Pékin, connu avant tout comme le père du programme lunaire chinois, a été interrogé le 31 décembre 2013 par le Yangcheng Evening Post sur l’importance de la dernière mission de Chang’e-3 qui a déposé un rover sur la Lune.

Ouyang : Avec l’atterrissage de Chang’e-3, c’est la première fois que notre pays réussit à faire atterrir un engin spatial sur la surface lunaire. En accomplissant cette mission, notre pays a acquis par ses propres moyens des connaissances scientifiques et des données inédites sur la Lune, contribuant ainsi aux recherches sur la Lune, sur la Terre et sur le système planétaire ; et avançant de nouvelles idées et innovations pour l’étude spatiale. En passant à l’étape suivante, cela fournira une base de travail solide à des domaines scientifiques étroitement liés, ce qui enrichira notre développement commun.

L’équipe de Chang’e-3 a réalisé le rêve d’exploration spatiale de la Chine. Elle a créé un véhicule spatial chinois, le premier à atterrir en douceur sur un corps céleste, et une formidable mission de prospection céleste puis, pour la première fois et ceci au niveau international, l’atterrissage et le déploiement d’un astromobile capable de missions de reconnaissance scientifique, de prises d’échantillons au sol et d’observations de la surface lunaire, ne faisant pas seulement de la Chine le troisième pays à mener à bien un atterrissage sur la Lune, mais permettant aussi au pays d’amener au niveau international des opportunités d’étude de la Lune sans précédent.

Est-ce que le succès de Chang’e-3 nous permettra, dans le futur, d’utiliser les ressources de la Lune, et quelles ressources énergétiques seront disponibles pour l’humanité là-bas ?

Ouyang : La Lune contient deux sources d’énergie : l’une est la puissance solaire, la seconde tient également son origine du Soleil, à savoir, l’énergie par la fusion thermonucléaire qui deviendra peut-être pour l’humanité l’ultime source d’énergie.

La Chine est parmi les sept pays impliqués dans le programme international de réacteur thermonucléaire expérimental (ITER), visant à développer les technologies essentielles pour contrôler la puissance thermonucléaire dans le but de produire de l’électricité.

Dans les trente à cinquante prochaines années, nous allons peut-être voir la commercialisation de l’électricité produite par fusion thermonucléaire. Les matières premières nécessaires à la création d’énergie par la fusion sont le deutérium et le tritium, et des scientifiques proposent qu’au lieu d’utiliser le tritium, qui est radioactif, on devrait utiliser l’isotope stable de l’hélium-3.

Chang’e-1 avait déjà repéré que l’hélium-3 était largement répandu dans les couches du sol lunaire, à hauteur de plus d’un million de tonnes. [1] Avec l’objectif de commercialiser l’énergie provenant de la fusion thermonucléaire, nous pourrions ainsi satisfaire les besoins énergétiques de l’humanité pour les dix milles prochaines années.

En outre, nous disposerions d’une source de carburant durable, stable, sure, propre et à un prix raisonnable. Il y a aussi plusieurs hypothèses sur l’utilisation, la séparation et le transport de l’hélium. Ce qui déterminera son utilisation pratique, c’est le progrès et l’évolution des conditions de contrôle et de commercialisation de l’énergie issue de la fusion.


[1Déjà, les échantillons de roche lunaire ramenés par Apollo XI indiquaient la présence d’hélium-3.