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Le président Xi Jinping apporte l’optimisme de la Route de la soie

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Christine Bierre

Solidarité&Progrès—Alors que l’Europe se débat dans une crise économique existentielle – 31 000 chômeurs de plus au mois de février en France – et que le monstre de la guerre vient encore de répandre la peur dans l’Est européen, la tournée que le président chinois Xi Jinping vient d’entamer dans le vieux continent illustre parfaitement comment un grand partenariat économique avec ce pays pourrait nous tirer rapidement de cette crise et jeter les fondements de la paix.

La voilà donc cette Eurasie dont Solidarité & Progrès vous parle tous les jours, celle dont le grand Leibniz a rêvé au XVIIIe siècle, qui devient vivante pour nos concitoyens à travers la visite du président chinois.

C’est pour faire connaître son projet pour « la nouvelle Route de la soie » que M. Xi Jinping est arrivé en Europe, d’abord aux Pays Bas, ensuite en France où une visite d’Etat de trois jours est organisée, puis à Duisburg en Allemagne et, pour finir, des rencontres sont prévues à Bruxelles avec les responsables européens MM. Barroso, Van Rompuy et Martin Schulz.

La visite d’Etat en France est sans doute la plus chargée en symboles et la plus importante. Elle a lieu dans le contexte du 50e anniversaire des relations franco-chinoises en 1964. Charles de Gaulle avait été le premier chef d’Etat occidental à voir toute l’importance d’ouvrir le dialogue avec la Chine. Une commémoration a eu lieu ce 26 mars à l’Institut Charles de Gaulle, alors que pas moins de 300 cérémonies ont déjà été organisées depuis janvier et se poursuivront tout au long de l’année.

« M. Xi souhaite promouvoir le projet d’une nouvelle “Route de la soie” », rapporte Le Monde du 26 mars, expliquant que cette « diplomatie de la nouvelle Route de la soie vise à reconstruire un corridor logistique, capable d’offrir des débouchés stables aux provinces de l’intérieur de la Chine, mais aussi d’ouvrir le marché chinois aux importations européennes ». Ce n’est pas un hasard non plus, selon ce journal, si M. Xi Jinping a voulu se rendre à Duisbourg, en Allemagne, où « arrive trois fois par semaine un train en provenance de Chongqing, la mégapole du Sud-ouest de la Chine ».

Sa tournée en France a démarré, à sa demande, à Lyon, une ville chargée de puissants souvenirs pour la Chine. Centre de production de la soie en liaison avec la Chine, les relations de Lyon avec ce grand pays remontent au XIVe siècle et se sont poursuivies jusqu’à nos jours. Au cours d’un dîner avec 150 personnalités, où Xi Jinping a pu déguster de fort bons beaujolais, saucisson et Beaufort, il a déclaré que « la ville était l’un des points importants d’arrivée en Europe de la Route de la soie, partant de ma province natale de Shaanxi ».

L’amitié de la Chine pour Lyon remonte au travail des Jésuites du collège de la Trinité de Lyon, en 1656, et en particulier au père Edmond Auger. Celui-ci a été particulièrement impliqué dans les missions des Jésuites en Chine. En 1616, le premier manuscrit de l’Histoire de l’expédition chrétienne vers le royaume chinois de Mattéo Ricci, rédigé par Nicolas Trigault en latin, était publié en France, puis traduit en français la même année par les Jésuites.

A Lyon aussi a été fondé en 1921 l’Institut franco-chinois, seule université chinoise opérant en territoire étranger. Il s’agit d’un genre de « prépa » pour permettre aux étudiants chinois d’entrer dans les universités françaises et d’y faire des études supérieures dans tous les domaines de la connaissance. Cette tradition ne se limite pas à l’Institut franco-chinois ; de nombreuses autres écoles à Lyon enseignent le Mandarin en première ou deuxième langue et il n’y a pas moins de 3000 chinois qui font des études à Lyon actuellement.

La visite à l’Institut franco-chinois était la raison principale pour laquelle le président Xi Jinping a demandé à pouvoir visiter Lyon, d’autant que l’on dit que deux des grands dirigeants chinois, Zhou Enlai et Deng Xiaoping, seraient passés par cette auguste institution et y auraient même démarré leur activités politiques. L’importance de Lyon dans le cœur de l’élite chinoise est incontestable, puisque pas moins de quatre de leurs plus hauts dirigeants nationaux ont fait de cette ville un passage obligé : Deng Xiaoping en 1975, alors vice Premier ministre ; le président Jiang Zemin en 1999 ; et Hu Jintao en 2001, alors vice-président de la République.

Pour un important sinologue français l’influence française sur les élites chinoises était si grande qu’elle aurait amené celles-ci, après l’échec de la révolution culturelle en 1976, à adopter la planification indicative française comme leur modèle économique.

18 milliards en contrats économiques

Enfin, l’objectif du voyage est aussi d’équilibrer le déficit de la balance commerciale de la France avec la Chine (deuxième fournisseur de la France, cette dernière n’étant que 19e vers la Chine) et de mieux intégrer l’économie française au développement de la Chine. Hier, Xi Jinping a visité les laboratoires Mérieux à Lyon, grand laboratoire impliqué dans le diagnostique et la microbiologie. Il étudie en particulier, dans son laboratoire Jean Merieux P4 de haute sécurité, les cause des bactéries et des virus et le danger de contamination,

Au niveau contrats, la Chine a commencé par parapher la prise de participation du géant chinois de l’automobile Donfeng dans PSA, à hauteur de 800 millions d’euros. L’Etat français y investira la même somme, le but étant d’assurer à cette joint-venture une part plus grande à PSA dans l’imposant marché chinois. Le ministère des Finances organise à Bercy, le 27 mars, avec le Comité France-Chine, un forum économique franco-chinois où chefs de grandes entreprises et de PMI/PME pourront mieux voir comment accroître leurs échanges avec la Chine.

Un accord mammouth pourrait aussi être signé entre Airbus Hélicoptères et la Chine, pour la livraison de 1000 hélicoptères EC175 les prochaines 10 années, via un partenariat industriel avec la Chine. L’achat attendu de 70 Airbus s’est finalement concrétisé, et on attend le renouvellement par la Chine, pour une période de 10 ans, du contrat pour la ligne d’assemblage des Airbus de Tianjin.

Enfin, puisque la collaboration avec la Chine sur l’énergie nucléaire et l’aéronautique est déjà très importante, M. Hollande aurait poussé à ouvrir d’autre chantiers de coopération, notamment dans le domaine de l’agro-industriel, celui de la santé et des laboratoires médicaux, ainsi qu’au niveau de la dépollution des villes. D’ores et déjà, la Chine aurait accepté d’ouvrir son marché à la charcuterie française. Nos bouchers et charcutiers apprécieront !

Christine Bierre