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Obama part en guerre faisant fi de la Constitution américaine

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(Solidarité&Progrès)—Dans un discours prononcé le 10 septembre, le président américain Barack Obama a dévoilé sa stratégie pour combattre l’avancée de l’État islamique en Irak et en Syrie, une stratégie de louvoiement visant à contourner l’obligation d’obtenir l’autorisation du Congrès et mélangeant frappes aériennes, assassinats par drones, changements de régime, guerre préventive, ingérence humanitaire et opérations spéciales antiterroristes.

Obama a précisé qu’il n’a aucunement besoin d’obtenir l’autorisation préalable du Congrès pour déclencher cette nouvelle guerre, puisque qu’il n’y aura pas de présence de soldats sur le terrain. Il espère ainsi que députés et sénateurs sauront se plier à sa politique et accepteront cette nouvelle violation de la Constitution américaine qui exige l’approbation du Congrès pour tout engagement militaire. Le président leur a de plus demandé de débloquer 500 millions de dollars pour entraîner les rebelles au gouvernement syrien de Bachar al-Assad en Syrie. Ils auront la double tâche de combattre, à eux seuls, l’EI et le gouvernement syrien, à moins qu’Obama s’engage, comme l’a d’ailleurs suggéré le Premier ministre britannique David Cameron, dans une campagne de bombardements du territoire syrien en violation du droit international.

Hier, l’économiste américain Lyndon LaRouche a accusé Obama de vouloir poursuivre sa politique de changement de régime en Syrie, dans la directe continuité de la stratégie adoptée avant lui par les néoconservateurs américains et les deux régimes Bush.

Dans une déclaration à Ria Novosti, LaRouche a rappelé qu’il avait donné son soutien à une intervention militaire contre EI, à condition que, comme l’avait demandé Martin Dempsey, le Chef d’état major des armées américaines, Obama obtienne d’abord l’accord du Congrès pour cette opération.

Comme l’a fait remarquer aussi sur son site un ancien responsable des services de renseignement militaires américains, le Colonel Patrick Lang, un des principaux problèmes de ce plan est qu’il présume pouvoir compter sur le soutien de l’Arabie saoudite et du Qatar, deux émirats qui sont à l’origine même de la propagation de l’idéologie djihadiste dans cette région (sans parler bien entendu du rôle de la première dans les attentats du 11 septembre 2001) :

« Tant le Qatar que l’Arabie saoudite ont joué un rôle non négligeable dès les premières phases du développement de l’EI. Ce mouvement a puisé ses origines chez al Qaïda Irak, avant de devenir l’Etat islamique en Irak et au Levant et parvenir à sa gloire en tant qu’Etat islamique. Pensez-vous vraiment qu’il sera facile d’embaucher le Qatar et l’Arabie saoudite dans cette bataille ? Quant à la Turquie, rappelle-t-il, elle fournit le gîte, le soutien logistique, les droits de passage et les lieux d’entraînement à l’EI, ainsi qu’à d’autres groupes djihadistes sunnites actifs en Syrie. »

Quant au Congrès lui-même, il n’est pas dit qu’il laissera passer le nouvel abus de pouvoir du président américain. Le quotidien The Hill rapporte que de nombreux sénateurs ont déclaré en plein débat parlementaire qu’il est prétentieux de penser que le président n’avait pas besoin de l’autorisation du Congrès pour user de la force militaire contre l’EI.

La sénatrice Barbara Lee (une démocrate de Californie) rappelle dans un communiqué de presse que « la constitution exige un vote du Congrès avant le recours à la force militaire », et que

« Les faits démontrent clairement qu’il ne s’agit plus de frappes limitées visant à prévenir un génocide et à protéger des membres du personnel américain. Nous parlons de bombardements soutenus et de l’usage de la force militaire, (…) et le Congrès doit débattre des risques pour les membres de nos forces armées et des coûts financiers d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient. »

Un autre sénateur démocrate, Christopher Murphy du Connecticut, a déclaré sur la chaîne télé MSNBC que si « le président a le pouvoir d’amorcer ce type de conflit sans que le Congrès soit consulté, alors il n’y a pratiquement plus aucune limite à ce que nous appelons l’Autorité selon l’article II de l’exécutif », tandis que le sénateur Ted Cruz, un républicain du Texas, relevait que « si le président peut en tant que commandant-en-chef répondre de manière ponctuelle à une menace pressante », sa stratégie implique, de son aveu même, « une campagne militaire s’étendant sur plusieurs années », ce qui exige une autorisation préalable du Congrès.