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La Chine bientôt partenaire du TGV Moscou-Kazan

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Karel Vereycken

Le train à grande vitesse russe Sapsan (faucon pèlerin) conçu par Siemens et capable d’assurer à 250 km/h la liaison entre Moscou et Saint-Pétersbourg.

Le quotidien russe Moscow Times du 9 septembre affirme que la Chine s’apprête à investir 400 milliards de roubles (8 milliards d’euros) dans la construction de la ligne TGV entre Moscou et Kazan. Ultérieurement, il s’agit de la prolonger jusqu’à Ekaterinbourg dans l’Oural. Les travaux, qui mobiliseront des milliers de personnes, devront s’achever juste à temps pour la Coupe mondiale de football en 2018 que notamment la ville de Kazan devra accueillir.

Pour Les Echos c’est, «  avec la modernisation du Transsibérien et du BAM (autre ligne traversant la Sibérie par le nord), l’un des projets les plus grandioses de Moscou, qui pendant les années de boom économique n’avait pas financé la modernisation des transports. Aujourd’hui, ces infrastructures sont au cœur de sa stratégie pour relancer une économie en panne de croissance ».

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Le premier tronçon, de 770 km, doit relier Moscou à la capitale du Tatarstan via Vladimir, Nijniï Novgorod et Tcheboksary. Des trains roulant à la vitesse maximale de 400 km par heure y circuleront, permettant de ramener le temps du trajet de 14 h à seulement 3 h 1/2.

A ce jour, les trains russes à grande vitesse « Sapsan » (faucon pèlerin) conçus par Siemens, roulent à 250 km/h sur les voies existantes et assurent trois trajets majeurs : Moscou/Saint-Pétersbourg en 4h, Moscou/Nijniï Novgorod en 3h55 et Saint-Pétersbourg/Helsinki en 3h36.

Vladimir Iakounine, le patron de la Compagnie des chemins de fer russes (RZD), souligne qu’il s’agit de technologies de rupture dont « les bénéfices sont comparables à ceux de l’exploration spatiale ». Pour l’ensemble de l’économie russe ce projet aura «  un effet d’entraînement considérable sur l’innovation. En réalité, il s’agit de créer une demande pour un type de chemin de fer qualitativement nouveau qui va stimuler les 19 secteurs de l’économie russe qui travaillent directement sur le ferroviaire et qui aura des retombées intéressantes pour les fournisseurs ».

Le coût total du projet, qui comprend l’achat du matériel roulant et la modernisation des gares, se monte à 928 milliards de roubles (23,2 milliards d’euros). Comme dans d’autres secteurs, la Russie avait malheureusement fait le pari de vouloir financer ces projets d’infrastructures en faisant appel à des partenariats privé-public (PPP).

D’où l’annulation de la ligne TGV-Saint-Pétersbourg pour laquelle Alstom et Siemens se voyaient partenaires. D’où également le retard sur la ligne Moscou-Kazan, à laquelle s’intéresse la SNCF et Alstom, qui avait annoncé en septembre 2013 à l’AFP prévoir de se porter candidat pour fournir les rames des trains à grande vitesse.

Prisonnier du PPP et avec des sanctions à son encontre, le financement privé se révèle désormais plus difficile pour Moscou, la crise ukrainienne ayant créé un nouveau frein aux investissements : le risque Russie a augmenté ; la fuite des capitaux s’est accélérée ; les entreprises peinent à emprunter sur les marchés internationaux pour financer leurs projets.

Coopération grandissante avec la Chine

Déjà en avril, la China Development Bank avait confirmé son intention d’investir 5 milliards de dollars dans l’Extrême-Orient russe. Aujourd’hui, c’est encore elle qui s’intéresse à participer à la construction du tronçon Moscou-Kazan, a précisé Alexander Misharin, vice-président de la RZD. L’apport financier chinois vient donc à point nommé et évitera à la Russie de s’endetter d’avantage, affirme-t-il.

Bien que le détail du projet de financement ne soit pas encore finalisé, les partenaires chinois sont déjà à l’œuvre. Un groupe de travail sino-russe examine actuellement le projet, tant sur le plan financier que sur le plan technique.

La Russie peut même se permettre le luxe de choisir le meilleur partenaire chinois, puisqu’une autre société, la China Investment Corporation, qui envisage de créer un couloir de transport ferroviaire entre Beijing et Moscou, s’intéresse également au projet. La RZD s’est également entretenue avec des représentants de la Société chinoise d’ingénierie des chemins de fer. Peu importe la formule choisie, la Russie gardera évidemment la haute main sur le projet, rappelle Misharin.

Les sanctions imposées par les États-Unis et l’UE contre la Russie pour son rôle dans la crise ukrainienne ont amenées Moscou à consolider ses échanges avec l’Asie. « Sa politique d’ouverture à l’égard a été particulièrement fructueuse, avec un contrat de 400 milliards de dollars (311 milliards d’euros) pour la livraison de gaz en mai et un accord signé début septembre pour favoriser les échanges en rouble et yuan », précise le Moscow Times.

La société d’état russe Rusnano a également invité la Chine à participer dans la création d’un fond conjoint pour investir dans les nanotechnologies. Le conglomérat russe Rostec et la plus grande entreprise d’ingénierie chinoise Sinomach ont conclu un accord préliminaire pour la création d’une société spécialisé dans les infrastructures. Le PDG de Rostec, Serguei Chemezov, a précisé que la collaboration entre les deux entreprises ouvrait la voie à la création d’un « partenariat technologique global  » en charge de réaliser des projets complexes en Russie, en Afrique, en Amérique du Sud et ailleurs. C’est bien cela la dynamique des BRICS !