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La Nouvelle route de la soie, une contribution à une meilleure gouvernance mondiale

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Helga-Zepp LaRouche, le 5 septembre 2014, lors de son intervention sur les perspectives de la Nouvelle Route de la soie au China Investment Forum de Beijing. Crédit : Institut Schiller

Le 5 septembre s’est tenue à Beijing la conférence du China Investment Forum sur le thème "Une ceinture, une route" en référence à la politique officielle de Xi Jinping de "Nouvelle route de la soie".

Après le discours introductif du Pr Bao Shixiu, professeur (émérite) de science militaire, de l’Académie militaire de l’Armée populaire de libération, nous présentons ici l’intervention de la fondatrice et présidente de l’Institut Schiller, Mme Helga Zepp-LaRouche.

Introduction du Pr Bao Shixiu

Je voudrais présenter mes salutations et faire part de ma gratitude au Docteur Xiao pour m’avoir invité à cette conférence. Je voudrais en même temps préciser que les études concernant la Route de la soie sont un vaste sujet, et que je ne suis pas un chercheur du plus haut niveau dans ce domaine. Je me contenterai donc de partager avec vous quelques-unes de mes réflexions, superficielles, à ce sujet, et je vous demande de ne pas hésiter à me faire part de vos idées et de vos critiques.

Le sujet de ma présentation est la réalisation du nouveau Rêve chinois, grâce à la Nouvelle route de la soie. Il y a deux mille ans – l’ancienne Route de la soie pouvant être datée de cette époque – un dialogue politique et des échanges économiques furent amorcés entre l’Orient et l’Occident. Plusieurs domaines de l’art et de la technologie furent promus à travers ce processus devenu célèbre et qui a été transcris dans les annales de l’histoire.

Aujourd’hui, au XXIe siècle, la Chine cherche à construire une Nouvelle route de la soie. La communauté économique mondiale est à la recherche d’une nouvelle dynamique et espère voir se concrétiser le nouveau Rêve chinois. Comment l’un peut-il promouvoir l’autre ? Comment réaliser le Rêve chinois ? Je pense que ce sont là les défis qui nous ont été présentés par le directeur de la revue China Investment. Il est nécessaire de réfléchir à cette question, en prenant en considération la situation géopolitique, ainsi que les conditions économiques et d’autres facteurs.

Cette Route de la soie est un processus extrêmement dynamique, qui a également une grande étendue. Le concept de Nouvelle route de la soie a été mis de l’avant par le président chinois en 2013, et cette dynamique se développe depuis maintenant un an. Je crois que ceci est un nouveau concept et qu’il contribuera grandement à la gouvernance globale ou au nouvel ordre mondial. Il concerne aussi le rôle de la Chine : quel rôle désire-t-elle jouer dans le monde ?

Je voudrais souligner ici deux points. Le premier est que le concept de Nouvelle route de la soie constitue en soi une contribution à la théorie de la gouvernance globale. Ce concept a intégré le droit canon de la théorie de la gouvernance globale, et il apporte un soutien théorique tangible ou définit un nouveau type d’ordre mondial. En fait, nous assistons à l’émergence d’un nouveau type de pensée concernant la gouvernance globale ou internationale.

Près d’un siècle s’est écoulé depuis la Deuxième Guerre mondiale et la situation mondiale est aujourd’hui marquée par la multipolarisation et la mondialisation économique. Les pays de ce monde sont devenus de plus en plus connectés entre eux et dépendent l’un de l’autre sur une base quotidienne. Beaucoup de pays en voie de développement et des milliards de gens travaillent à la modernisation en tant que telle. Une ère de coopération, de collaboration se met en place, une situation gagnant-gagnant continue à se développer.

Nous sommes cependant toujours confrontés au problème du développement. L’économie mondiale a souffert de la crise financière et le processus de reprise continue à stagner. Il reste encore beaucoup de risques potentiels dans le domaine de la finance internationale, et plusieurs organismes de réglementation macro-économique dans de nombreux pays font face à des défis et des difficultés. La crise financière globale a révélé l’échec systématique du système financier, et plusieurs autres défis comme le changement climatique, la sécurité alimentaire, la sécurité, montrent que le système de gouvernance global actuel a encore ses faiblesses. Et il faut l’améliorer.

Dans une ère de grand changement comme celle-ci, nous nous attendons tous à des mises à jour, à des réformes positives. La demande pour un nouveau type de concept est très grande en ce moment. Nous avons donc ce concept de « une ceinture, une route », qui a été bien accueilli et bien reçu par de nombreux pays dans le monde, car il repose sur le respect mutuel, des relations cordiales, une situation gagnante-gagnante et la coopération. Il a créé une nouvelle atmosphère dans la gouvernance mondiale du XXIe siècle. Ceci constitue une excellente matière première, pourrait-on dire, pour le développement du nouveau système de gouvernance mondial.

Lors de sa visite au Kazakhstan et dans un autre pays [l’Indonésie, voir plus bas] à l’automne 2013, le président Xi Jinping a fait des propositions dont celle de « une ceinture, une route », un concept clé par lequel la Chine peut s’associer à d’autres pays pour trouver des intérêts communs plutôt que de laisser chacun satisfaire ses seuls intérêts. Le président Xi Jinping a déclaré que la Chine chercherait à améliorer ses relations amicales avec les pays d’Asie centrale et de l’Est, travaillant avec les pays concernés pour faire des contributions communes à l’humanité. Il croit également que tant que nous adoptons une règle de respect mutuel, ainsi qu’une perspective de coopération, des pays de culture et d’idéologie différentes peuvent partager la prospérité et la paix.

Alors qu’il visitait l’Indonésie, le président Xi Jinping a développé l’idée que les deux pays devraient devenir de bons voisins et de bons partenaires l’un pour l’autre, et travailler ensemble pour construire une destinée commune pour la Chine et l’ANSEA (Association of South-East Asian Nations). En tant qu’exemple novateur de coopération économique régionale permettant de construire une plateforme de coopération et d’intégration culturelle entre l’Orient et l’Occident, le concept de Nouvelle route de la soie permettra d’affiner le rayonnement de la Route de la soie. Il fera des économies d’Asie centrale et de l’Est des économies mieux intégrées que jamais, laissant une influence profonde sur le monde.

Le rôle d’Helga Zepp-LaRouche et de Lyndon LaRouche

Le nouveau concept de « Route de la soie » a reçu les éloges de nombreux intellectuels occupant des postes de responsabilité. Et ce concept tente d’absorber encore de nouvelles contributions et intuitions venant d’universitaires et d’autres personnalités du monde académique. En fait, de nombreuses personnes ayant de vastes connaissances y ont contribué. Mais je pense qu’il est très important pour nous de mentionner la doyenne de l’Institut Schiller aux États-Unis, Mme Helga Zepp-LaRouche, et son mari Lyndon LaRouche.

Afin de changer l’ordre irrationnel de la gouvernance qui règne depuis des décennies, et pour rendre l’ordre mondial plus sain et raisonnable, le couple a développé très tôt, dans les années 1990, l’idée de construire un tunnel sous le détroit de Béring, ainsi que d’établir un Pont terrestre eurasiatique pour connecter le monde, afin que tous les pays et les continents puissent bénéficier de cette nouvelle connexion. Car la prospérité commune est la base d’un nouveau système de gouvernance mondiale.

Ces deux personnalités, qui ont contribué aux efforts de mise en place d’un nouvel ordre et d’un nouveau système de gouvernance mondiaux, ont été particulièrement attentives au rôle de la Chine et de l’Asie dans l’établissement d’un nouveau type d’ordre. Dès 1997, Mme LaRouche a publié un article sur le fait que le Pont terrestre eurasiatique était la question géopolitique la plus importante dans le monde et a consenti un effort important pour introduire la Chine dans le monde.

Lorsqu’elle a appris, à l’automne dernier, la visite du président Xi Jinping en Indonésie et au Kazakhstan, elle a été ravie. Elle a pensé que cette nouvelle idée promue par le président chinois engendrerait de la prospérité dans cette partie du monde et améliorerait le niveau de vie des peuples. Un nouveau consensus existe désormais dans le monde : la Nouvelle route de la soie, qui n’est que le premier pas vers l’intégration économique du monde et la première lueur, dans l’ombre, d’une nouvelle civilisation humaine. »

Une réfutation des critiques

Le deuxième point est de savoir comment on peut apporter un soutien à ce concept. C’est une question cruciale pour les chercheurs. Dans le monde académique, il est très important que chaque nouvelle idée ou concept soit promu et repris par des dignitaires jouissant d’une grande notoriété, ce qui est plutôt normal. Le problème cependant est qu’en raison des intérêts partagés par un quelconque bloc politique, ou d’un biais idéologique, beaucoup de gens font preuve d’une attitude très critique et arbitraire à l’égard de ce nouveau concept de Route de la soie, chose qui est pour nous difficile à accepter.

Toutes ces théories critiquant et ternissant l’image de la Nouvelle route de la soi doivent être clarifiées et corrigées. Il est donc important pour les chercheurs chinois dans ce domaine de soutenir par leurs travaux le concept de Nouvelle route de la soie.

Je vais illustrer mon propos par les deux exemples suivants.

Le premier concerne les auteurs d’un article affirmant que ce nouveau type de concept est très dangereux. Lorsque la conférence CICA [Conference on Interaction and Confidence-building Measures in Asia] fut inaugurée à Shanghai plus tôt cette année, plusieurs observateurs ont cherché à expliquer pourquoi la Chine mettait de l’avant cette nouvelle politique : une revue australienne très célèbre, The Diplomat, a publié un article relayant l’opinion selon laquelle la Nouvelle route de la soie n’est pas qu’un symbole, mais plutôt une approche diplomatique par laquelle la Chine cherche à établir un nouvel ordre économique et politique en Asie centrale et de l’Est. Ainsi, la Chine chercherait à imposer un nouvel ordre économique plutôt que d’encourager les échanges amicaux et culturels, ainsi que la coopération. Cet article indiquait également que la Chine aimerait devenir le cœur de ce type de coopération comme reflet de son importance géopolitique, son ambition politique étant, selon ses auteurs, d’établir un accord de libre-échange transcontinental dans le domaine commercial.

Plusieurs groupes de réflexion occidentaux ont en même temps affiché leur scepticisme à l’égard du concept de Nouvelle route de la soie. Il s’en trouve même pour affirmer que la Nouvelle route de la soie est une réincarnation de la doctrine Monroe. La Doctrine Monroe fut développée par le cinquième président des États-Unis, James Monroe, et devint un symbole important de l’expansion de la puissance américaine dans le monde. Il s’agissait d’une mise en garde lancée par les États-Unis aux puissances européennes contre toute tentative d’ingérence sur le continent américain, en particulier dans les affaires internes du Mexique et d’autres pays d’Amérique latine. Les États-Unis s’engageaient pour leur part à rester neutres à l’égard des guerres et des conflits se déroulant en Europe. Ils défendraient à l’avenir leurs propres intérêts.

Au cours des dernières années, alors que la Chine a démontré sa capacité à défendre ses intérêts territoriaux et maritimes légitimes, plusieurs personnalités académiques ont développé l’idée qu’elle serait en train de mettre en œuvre une sorte de « monroeisme ». En 2012, James Holmes, de l’US Naval College, a déclaré que la Chine et sa mer du Sud sont similaires aux États-Unis et à leur golfe du Mexique, et que la Chine chercherait donc à construire un nouvel ordre économique et politique dans la région.

Un autre exemple est celui d’un professeur très connu, John Mearsheimer de l’université de Chicago, qui lors d’une récente conférence a prétendu que si la Chine continue à se développer, elle expulsera les États-Unis d’Asie et poursuivra sa propre doctrine Monroe.

Ce type de théorie sur une Chine menaçante a été accepté par beaucoup de gens ayant une attitude sceptique à l’égard de la Chine. Lors de la Conférence CICA de Shanghai que j’ai mentionnée, le président Xi Jinping a très clairement fait valoir que la sécurité et la paix en Asie devaient être défendues par les Asiatiques eux-mêmes, et un chercheur japonais en a déduit que la Chine aspire à jouer un rôle dominant au niveau de la région et de toute l’Asie.

Je pense qu’il n’est pas difficile, à partir des discussions que nous avons eues ici aujourd’hui, de voir que ces études fondées sur l’histoire et la nouvelle approche diplomatique de la Chine à l’égard de l’Asie n’a rien à voir avec la doctrine Monroe ni avec la Sphère de prospérité est-asiatique promue par le gouvernement du Japon impérial [à l’époque de la Seconde Guerre mondiale et de l’occupation de la Chine par le Japon, ndt]. Ce n’est pas une approche appropriée.

Le nouveau concept de la Route de la soie développé par la Chine n’a rien à voir avec ces vieux concepts absolutistes. L’approche chinoise est fondée sur une coopération ouverte et amicale, une coopération approfondie centrée sur la sécurité et le développement économique. La Chine attend de la Route de la soie qu’elle permette une pleine division des rôles entre les pays afin de promouvoir la prospérité de la région. On est très loin de l’esprit de la doctrine Monroe, par lequel les États-Unis cherchèrent à devenir le gendarme du continent américain, ainsi que du concept fasciste de Zone de prospérité est-asiatique promu jadis par le Japon. Le nouveau concept de Route de la soie du président Xi Jinping incarne l’image de la Chine dans le monde et son attitude envers le monde.

Je pense que nous devrions défendre ce nouveau concept et son statut dans le monde académique, afin d’être en mesure de le promouvoir. Nous devons également défendre les droits légitimes de la Chine, ainsi qu’un développement sain et un système de gouvernance global. Par conséquent, je maintiens qu’il s’agit là d’un projet de recherche théorique très important pour nos chercheurs.

Intervention d’Helga Zepp-LaRouche

La Nouvelle route de la soie proposée il y a un an par Xi Jinping a déjà changé le monde, en particulier grâce à l’impulsion dont elle a bénéficié lors du sommet des BRICS en juillet dernier au Brésil, suivi du sommet des chefs d’État des pays d’Amérique latine, le lendemain.

Grâce à cette dynamique de Nouvelle route de la soie, de nombreux projets à grande échelle ont été adoptés dans le monde entier, tels le nouveau interocéanique au Nicaragua, le chemin de fer transcontinental entre le Brésil et le Pérou et les nombreux accords de coopération entre divers pays dans le domaine nucléaire.

Le monde connaît une soudaine éclosion d’optimisme : des pays osent affirmer leur souveraineté et commencent à réaliser des projets qui avaient été mis de côté depuis des décennies, découragés par les conditions posées par les institutions financières internationales. C’est le cas de nations qui ne sont pas officiellement membres des BRICS et de la Route de la soie, comme l’Égypte par exemple (qui a lancé un spectaculaire programme national de reconstruction économique) ou encore l’Argentine, qui tient courageusement tête aux attaques des fonds vautours.

Un sens d’identité résolument optimiste, culturellement parlant, se répand au sein d’une grande partie de l’humanité, reposant sur l’idée que, en tant qu’unique espèce créatrice connue, elle est la seule capable de penser et de réaliser des choses inaccomplies jusqu’alors. On assiste également à l’émergence d’une nouvelle architecture financière, avec la Banque asiatique d’investissement dans l’infrastructure, la Nouvelle banque de développement et l’accord pour constituer une réserve de devises afin de défendre les pays victimes d’attaques de la part des spéculateurs. Comme l’ont souligné des experts chinois, ces nouvelles institutions financières ne visent pas à remplacer le FMI, la Banque mondiale ou la Banque asiatique de développement, mais doivent jouer un rôle complémentaire.

Toutefois, pour mener à bien cette perspective de Nouvelle route de la soie, plusieurs défis et leçons des vingt-trois dernières années doivent être pris en compte.

Lorsque l’Union soviétique s’est désintégrée en 1991 et que le rideau de fer entre l’Est et l’Ouest fut abattu, l’Institut Schiller a proposé le Pont terrestre eurasiatique en tant qu’idée permettant de connecter les centres industriels et de population d’Europe à ceux d’Asie : des couloirs de développement constituant un pont terrestre, ou une nouvelle Route de la soie. Nous avons proposé ce programme, qui visait en réalité à devenir un ordre de paix pour le XXIe siècle, à plusieurs gouvernements à travers l’Eurasie. Malheureusement, le gouvernement des États-Unis tout comme celui du Royaume-Uni ont préféré l’élargissement de l’OTAN, débouchant sur la crise actuelle autour de l’Ukraine.

En 1996, le gouvernement chinois organisa une grande conférence à Beijing sur le thème : « Le Pont terrestre eurasiatique et le développement des régions le long du Pont terrestre eurasiatique », à laquelle participèrent des représentants de 34 pays. J’y fus invitée en tant qu’oratrice. La Chine avait déclaré, à l’époque, qu’elle ferait de la construction du Pont terrestre eurasiatique sa perspective stratégique à long terme jusqu’en 2010 ; mais plusieurs crises vinrent bousculer cet engagement.

Il y eut d’abord la crise asiatique de 1997, en grande partie causée par les attaques spéculatives d’individus comme George Soros, provoquant l’effondrement de plusieurs devises asiatiques. Ceci conduisit à la crise des GKO et à la cessation de paiement russe de 1998, ainsi qu’à la faillite de LTCM (Long Term Capital Management) la même année, bloquant, du moins temporairement, la mise en œuvre de la politique de Route de la soie.

Les premiers signes sérieux de la crise financière transatlantique apparurent en 2007, avec l’explosion des marchés hypothécaires secondaires, suivi de l’effondrement de Lehman Brothers et d’AIG en septembre 2008. Le secteur financier transatlantique est aujourd’hui irréversiblement en faillite, menacé d’une explosion pire qu’en 2008. La réalité est que les banques trop grosses pour faire faillite sont en banqueroute. Comme ne cessent de le répéter les experts les plus en vue, l’« aléa moral » rôde dans l’air puisque les renflouements bancaires pratiqués par les États, ont transformé des paris privés en dettes publiques et encouragé les banques dans leurs mauvaises habitudes, créant les conditions d’une nouvelle crise inéluctable, et d’autant plus grave.

Ceci a entraîné un abandon des pratiques bancaires saines. Dans le passé, les banques centrales refusaient de fournir de l’argent à des fins de renflouement. Si les banques se trouvaient dans l’incapacité de recouvrer leurs prêts, elles se devaient de les effacer. Cette distinction entre pertes prévues et imprévues n’existe plus aujourd’hui, les banques conservent leurs prêts et pire encore, continuent à se les échanger entre elles ! On ne se préoccupe plus des conséquences futures de ces pratiques, on s’accroche à l’idée que les revenus provenant des échanges continueront à progresser.

Normalement, on vend les actifs déclassés à prix réduit, ou si on les garde dans les bilans, la banque est obligée de provisionner. On s’est dispensé de tout ceci par des mécanismes de titrisation variés, qui ont conduit à des renflouements massifs et aux mesures d’assouplissement quantitatif adoptées par la Réserve fédérale, suivie maintenant par la Banque centrale européenne. Toutes deux ont abaissé leur principal taux à presque zéro aujourd’hui, pour que ces pratiques puissent se poursuivre. La conséquence est que la bulle a grossi, les banques trop grosses pour sombrer ont encore gagné 40 % en taille et détiennent des actifs de qualité douteuse, leur exposition au risque continue à croître et elles prétendent ne pas s’en rendre compte.

Des experts institutionnels, tels que Thomas Hoenig, le vice-président de la FDIC [fonds de garantie des dépôts bancaires] aux États-Unis, ont prévenu que si une banque trop grosse pour sombrer faisait défaut, tout le système s’effondrerait. Le total des produits dérivés en cours dans le monde se monte aujourd’hui à deux millions de milliards de dollars : ils ne seront jamais honorés.

La seule manière de résoudre ce problème est celle qui a été adoptée par Franklin D. Roosevelt en 1933, en réponse à la crise financière : la Loi de séparation bancaire Glass-Steagall. Des propositions de loi visant à rétablir Glass-Steagall ont été déposées aux États-Unis, auprès de la Chambre des représentants et du Sénat, soutenues par plus de 80 députés et 11 sénateurs et plus de 200 associations nationales.

Mon époux, Lyndon LaRouche, le seul économiste à avoir prévu les grandes étapes de la crise, a proposé quatre lois qui permettraient, si elles étaient adoptées simultanément, de remédier à la situation.

Premièrement, rétablir immédiatement Glass-Steagall, la séparation des banques de dépôt et d’investissement.

Deuxièmement, revenir au Système américain d’économie politique établi par le premier secrétaire au Trésor Alexander Hamilton, qui a créé la Banque nationale, seule institution habilitée à émettre du crédit au gouvernement souverain, à l’exclusion des banques privées.

Troisièmement, instaurer un système où le crédit est généré uniquement pour la production future et l’économie réelle. Ceci doit reposer sur les principes scientifiques de l’économie physique et rien d’autre, et ce système doit être adopté par tous les pays. Chaque pays a besoin d’une banque nationale et doit être souverain en matière de génération de crédit, afin de financer des projets comme la Nouvelle route de la soie, sur des échéances de 20, 30, 40 ou 50 ans.

Quatrièmement, un programme de recherche scientifique de grande ampleur doit servir de locomotive à l’économie, pour l’entraîner à des niveaux plus élevés de densité de flux d’énergie dans le processus de production. Ceci correspond aujourd’hui à un programme pour maîtriser la fusion thermonucléaire, le prochain niveau, absolument nécessaire, dans l’échelle de densité du flux d’énergie.

C’est pourquoi les missions lunaires chinoises Chang’e-3, Chang’e-4, et Chang’e-5 sont d’une importance cruciale pour l’existence future de l’humanité ; et la raison pour laquelle les percées accomplies par le rover Lapin de jade sur la Lune en décembre dernier, avec l’intention de prélever l’hélium-3 sur la Lune une fois que nous serons passés à l’économie de fusion sur Terre, sont absolument essentielles pour résoudre la crise actuelle. Car l’énergie de fusion nucléaire ne garantira pas seulement les approvisionnements pour des millions d’années – l’hélium-3 existant en grande quantité sur la Lune – mais permettra également, grâce à la torche à plasma de fusion, de transformer par voie de séparation isotopique les déchets en toutes sortes de matières premières. L’exploitation de l’hélium-3 représente aussi une nouvelle révolution scientifique puisque les réactions de fusion faisant appel à l’hélium-3 ne produisent pratiquement aucun neutron, dommageables pour les parois des réacteurs, mais uniquement des protons qui peuvent être canalisés par des champs magnétiques et convertis directement en électricité, avec un taux de rendement de 70 %.

Ceci créera sur Terre une plate-forme économique entièrement nouvelle. De nouveaux systèmes de propulsion dans l’espace pourront également être développés, grâce auxquels des taux d’accélération de l’ordre de 1G pourront être atteints, nous permettant de nous rendre sur Mars et sur d’autres corps célestes. La maîtrise de la fusion à l’hélium-3 permettra ainsi de défendre notre planète contre les astéroïdes, météorites, comètes, tempêtes solaires et autres menaces de ce genre.

Qu’est-ce que tout cela a à voir avec la Nouvelle route de la soie ? La Nouvelle route de la soie implique l’abandon des considérations géopolitiques entretenues par certains pays ou groupes de pays, et réoriente notre attention vers les objectifs communs de l’humanité. La question centrale n’est plus : quel profit puis-je tirer de telle ou telle région, mais devient : où sera l’humanité dans 100 ans, ou même dans 10 000 ans ? La Nouvelle route de la soie est appelée à devenir un Pont terrestre mondial, unissant et reliant tous les pays et toutes les cultures en une seule humanité. Elle sera, comme l’a déclaré le président Xi Jinping, inclusive, car elle rassemblera toute l’humanité et en fera ressortir la véritable identité, celle d’une espèce créatrice au sein de l’univers.