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Jean Ziegler mandaté par l’ONU pour enquêter sur les fonds vautours

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(Solidarité&Progrès)—L’indignation mondiale devant l’activité prédatrice des « fonds vautours » va grandissant. D’après le journal argentin Pagina12 du 5 octobre, la Commission des droits de l’homme de l’ONU vient de mandater l’auteur suisse Jean Ziegler pour diriger une commission d’enquête sur cette question, composée de dix-huit experts internationaux.

Cette commission est formée suite au vote le 26 septembre dernier d’une résolution déposée par l’Argentine condamnant les activités de ces fonds comme portant atteinte aux droits de l’homme et au droit au développement et vient également en écho à un appel d’Agora Erasmus signé par 11 parlementaires belges condamnant leurs manigances.

Discutant de ses nouvelles responsabilités dans un entretien avec le journal Pagina 12, Ziegler attaque l’activité des vautours comme constituant une menace au développement des peuples, ainsi qu’aux droits de l’homme. Ces activités occasionnent des coûts supplémentaires énormes aux économies des pays les plus pauvres, qui sont forcés de consacrer des fonds normalement réservés à leurs programmes sociaux pour se défendre en justice.

Il n’y a aucun doute là-dessus, ajoute Ziegler :

«  Il s’agit de groupes financiers qui incarnent le plus haut niveau, la quintessence de la criminalité bancaire. Ce ne sont pas des fonds d’investissement. (…) Ces entités ne sont pas enregistrées, elles sont en dehors de la légalité internationale, multilatérale et binationale et, dans bien des cas, en dehors de la légalité nationale. Tout ceci, bien sûr, doit être prouvé, et j’ai l’intention de le faire. »

Ce sera une bataille difficile, a-t-il prévenu, car de lourdes « pressions » seront exercées par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et leurs alliés qui se sont opposés à la résolution présentée par l’Argentine.

La question clé, a-t-il ajouté, est de savoir « qui est derrière eux [les fonds vautours] ». Il a mentionné certaines grandes banques comme Goldman Sachs et l’Union des banques suisses (UBS), dont les activités devraient être scrutées à la loupe. Il a souligné cependant que les vautours font le « sale boulot » de l’oligarchie financière qui, par exemple, « combat l’Etat argentin dans les cours américaines. Je suis convaincu que ce ne sont pas de simples spéculateurs isolés (…) mais qu’ils sont une partie importante du capitalisme mondial », permettant aux banques de poursuivre leur activités « normales ».

De l’auteur de Destruction massive : Géopolitique de la faim (2011), on connaît surtout cette phrase :

« L’agriculture mondiale peut aujourd’hui nourrir 12 milliards de personnes (...) Il n’existe donc à cet égard aucune fatalité. Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. »