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Route de la soie : la Chine tend la main à l’Europe

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Le Premier ministre chinois Li Kiqiang

Solidarité&Progrès)—Lors d’une deuxième visite sur le continent européen cette année, dans le cadre du 10e sommet du Dialogue Asie-Europe (ASEM) à Milan des 16 et 17 octobre, le Premier ministre chinois Li Keqiang a réitéré toute l’importance qu’accorde la Chine à la concrétisation de sa vision de double route de la soie pour le continent eurasiatique : la Ceinture économique de la route de la soie et la Route de la soie maritime du XXIe siècle.

Comme l’expliquait l’ambassadrice Yang Yanyi juste avant l’arrivée du Premier ministre Li en Europe dans un entretien à l’agence de presse Xinhua, la Chine conçoit ces deux projets comme « une nouvelle façon d’accroître la confiance entre l’Asie et l’Europe, d’approfondir la coopération, d’améliorer la connectivité [dont les infrastructures de transport et d’énergie, nldr], de promouvoir le développement soutenable et un développement inclusif ».

La Chine espère, a ajouté la dirigeante de la Mission chinoise auprès de l’Union européenne, que cette approche permettra de donner une nouvelle impulsion à l’ASEM (une institution créée à Bangkok en 1996 et réunissant 51 pays dont 29 européens et 22 asiatiques), lui conférant un rôle plus important « pour promouvoir la paix, la stabilité et la prospérité ».

Beijing n’oublie pas toutefois l’aspect de la sécurité. Inquiète de la volonté toujours plus forte des États-Unis de renforcer leur contrôle sur les voies maritimes, la Chine cherche également, comme l’a expliqué le sinologue russe Youri Tavrovski dans une entrevue avec RIA Novosti, à réorganiser une partie de ses voies commerciales vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique, en les faisant passer par le continent eurasiatique.

D’où l’idée, selon lui, de remplacer le vieux transsibérien par une infrastructure beaucoup plus moderne et à grande vitesse, ainsi que la signature la semaine dernière du protocole entre la Chine et la Russie pour la construction du tronçon entre Moscou et Kazan, d’une longueur de 800 km. Ce projet serait la première étape d’une future ligne ferroviaire à grande vitesse Moscou-Beijing longue de 7000 km. Le voyage entre les deux capitales passerait ainsi de six à deux jours.

Indépendamment de ces considérations stratégiques, la Chine a besoin de l’Europe pour désenclaver le centre de la masse continentale eurasiatique et amener le développement aux pays qui en ont été exclus jusqu’ici. Il en va de même pour le développement de l’Afrique, car il s’agit d’une tâche gigantesque, qui ne peut être accomplie que si ces deux grands pôles économiques consentent à unir leurs efforts.

Les États-Unis ne sont pas exclus de cette dynamique, mais leurs illusions grandiloquentes d’invincibilité et de domination tant dans les domaines monétaire que militaire les empêchent de considérer sérieusement, du moins pour l’instant, la possibilité d’un nouvel ordre mondial différent de celui rêvé par George Bush père en lendemain de la chute du mur. Il reste aux pays européens de faire preuve de plus de réalisme quant à leur véritable situation économique et à accepter la main que leur tend la Chine.