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Sécheresse, green business et dictature verte, trois menaces pour l’agriculture européenne

par Karel Vereycken

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(Nouvelle Solidarité) — Alors qu’une inquiétante « sécheresse de printemps » menace l’humanité et risque de la priver de plusieurs productions alimentaires essentielles, l’alliance néfaste entre finance folle, obscurantisme pseudo-scientifique et écologisme radical est à la manœuvre. Complot ? Non. Conjonction d’intérêts ? Oui.

Des sécheresses, la France en a connu d’autres, mais le plus souvent, elles se produisaient en été. Rien de pire qu’une « sécheresse de printemps », comme celle de 1976, capable de fusiller les cultures. Éveillé par la chaleur et le beau soleil, les plantes s’activent alors que l’eau, essentielle à leur croissance, est cruellement absente.

Triste spectacle, de voir ces agriculteurs désespérés scruter jour après jour leur champ qui, bien qu’ensemencé, reste une terrifiante mer de sable.

Face à la sécheresse, en première ligne, les producteurs de fruits et légumes, des cultures nécessitant beaucoup d’eau. Or, les producteurs irriguent déjà depuis plusieurs jours, une pratique peu habituelle avant juin et dont le coût fera monter les prix de revient. Il va falloir tenir bon, car vu la paupérisation générale, pas question d’augmenter les prix à la vente.

Ensuite, inquiétudes immenses chez les éleveurs qui, devant une pénurie de fourrage, sont en quête de nourriture pour alimenter leurs troupeaux. A cette période de l’année, les bêtes se nourrissent d’ordinaire sur une partie des prairies des exploitations tandis que l’herbe des autres terres est gardée pour être récoltée puis stockée pour l’hiver. Or, les prairies des printemps sont déjà épuisées et d’après les syndicats, le fourrage disponible a diminué de 30 à 50% et son prix a quasiment doublé. Dans le Doubs, un département qui compte 120 000 vaches laitières qui consomment chacune 15 kilogrammes de fourrage par jour, l’herbe pousse en ce moment de 1 centimètre seulement tous les 10 jours, contre 1 centimètre par jour en temps normal à cette saison.

Menacées également, les céréales. Les trois grands pays producteurs de blé, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, qui fournissent 55% de la production européenne, sont menacés par la sécheresse. En France, le blé tendre, la céréale reine, tant pour l’alimentation humaine que pour l’alimentation animale, a quinze jours d’avance sur son stade végétatif habituel. Le grain a désormais besoin d’eau pour se développer et la météo des quinze prochains jours sera décisive. Dans l’Est, on parle déjà d’une baisse de 30 à 40% des rendements. S’il n’est pas certain que des pénuries se produiront chez nous, la France risque d’en vendre beaucoup moins à l’étranger où elles provoqueront des nouvelles émeutes alimentaires. « Les exportations pourraient reculer de 40% », affirme Michel Portier du cabinet Agritel.

Prévisible

La question qui vient alors dans tous les esprits est « Pourquoi attendre les mois d’avril et mai pour réagir face à une situation extrêmement critique ? » Tout comme pour les tremblements de terre, l’homme ne peut pas empêcher les sécheresses. Cependant, en examinant les signaux précurseurs, il peut en réduire grandement les effets.

La question est donc : « Y avait il des signaux précurseurs ? »

La réponse est oui, car :
— d’après Les Echos d’aujourd’hui, en région Poitou-Charentes, 47 % des rivières étaient à sec dès septembre 2010.
— le 1 avril, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) avait donné l’alerte en indiquant qu’au 1 avril, 58% des nappes phréatiques connaissaient un niveau inférieur à la normale.
— Début mai, Météo France publie un bulletin constatant qu’avril 2011 était le deuxième mois le plus chaud (+4°) depuis 1900, derrière avril 2007 (+4,3°).

Solutions

A court terme, le gouvernement autorise les éleveurs de faire brouter le bétail sur les quelques centaines de milliers d’hectares de terres en jachère. C’est dérisoire mais c’est mieux que conduire, dès lundi, les troupeaux à l’abattoir comme certains éleveurs seront obligés de le faire. Par ailleurs, le gouvernement ne fait rien mais appelle à la solidarité entre céréaliers et éleveurs. Au lieu de broyer la paille, les céréaliers pourront la fournir aux éleveurs. Seulement, ironise un fermier, nourrir une vache avec de la paille, c’est un peu comme nourrir un étudiant en Terminale avec des feuilles d’artichaut…

En vérité, il faut investir de toute urgence dans des infrastructures permettant une meilleure gestion des précipitations. Rappelons que chaque année, la France reçoit environ 170 milliards de mètres cubes d’eau sous forme de neige et de pluie, dont seulement 32 milliards de mètres cubes sont captés pour une part finalement utilisée de moins de 6 milliards de mètres cubes, soit seulement 3% des précipitations annuelles.

Pour sa part, le secrétaire général de la FNSEA Dominique Barrau, interrogé par l’Usine Nouvelle, précise : « Avec 3% de la pluie qui tombe, on gère aujourd’hui les besoins de l’industrie, de l’agriculture, et d’eau potable. Si l’on en stocke à l’avenir 4% à 6%, nous pourrons résoudre nos problèmes d’approvisionnement. C’est une infrastructure coûteuse à mettre en place, mais c’est crucial.  »

Pourquoi de tels investissements n’ont pas été effectués ?

En premier lieu, c’est bien l’Union européenne, devenue courroie de transmission des écolo-spéculateurs, qui s’y est opposée par une directive du 23 octobre 2006 établissant un cadre politique dans lequel l’eau n’est qu’une ressource renouvelable qu’il faut protéger contre les dégâts de l’activité humaine.

En France, cette directive a été transcrite dans la Loi sur l’eau et les milieux aquatiques (LEMA) du 31 décembre 2006 qui ne prévoit aucun travail d’infrastructure permettant d’accroître l’eau disponible. Pour gérer la pénurie ainsi voulue, la loi prévoit aussi la création, dans chaque bassin versant, d’un organisme de gestion d’une ressource rare. Aujourd’hui, on ne fait donc que récolter les résultats de la LEMA.

Ensuite, les écologistes radicaux s’opposent aux barrages et autres infrastructures d’eau, au nom de la lutte contre un « changement climatique » qu’ils affirment, sans aucune preuve scientifique, anthropogène, c’est-à-dire provoqué par l’activité humaine.

Le 9 août 2005, le WWF du Prince Philip d’Edimbourg, dénonçait la volonté de la France « d’en construire toujours plus pour compléter l’alimentation en eau pendant les futures périodes de sécheresse ». Pour le WWF, les barrages et lacs de retenus sont tout aussi diaboliques que l’énergie nucléaire puisqu’ils vont « contribuer à la poursuite d’une agriculture intensive qui exige toujours plus de surfaces irriguées ».

Refrain repris le 27 avril par France Nature Environnement (FNE) pour qui « le financement des retenus de substitution par les agences de l’eau est contre-productif ».

Assez paradoxale quand on sait que la production d’un kilogramme de maïs nécessite 450 litres d’eau, dont un tiers en moyenne est apporté par l’irrigation et qu’aujourd’hui. L’Allemagne, désormais la première puissance agricole d’Europe, consacre 25% de sa surface agricole aux biocarburants réclamés par… l’UE et les mêmes écologistes !

Le désastre était donc prévisible car il résulte de notre complaisance à l’égard du charlatanisme scientifique du réchauffement climatique qui prévaut.

Aussi bien en Allemagne, où le conseiller scientifique en matière d’énergie et d’environnement d’Angela Merkel s’appelle Hans-Joachim Schellnhuber, à l’origine de l’arrêt du nucléaire, qu’aux Etats-Unis, où son copain John Holdrin, le conseiller scientifique d’Obama se démène pour liquider le budget de la Nasa, c’est le malthusianisme, la dépopulation et l’obscurantisme qui sont à l’ordre du jour.

Cette fois-ci, ce cocktail explosif d’une spéculation financière folle, d’un obscurantisme pseudo-scientifique et d’un « incident » climatique auquel on s’est rendu vulnérable à force de sombrer dans cette folie, risque d’avoir des effets dévastateurs.

Ce qui est certain, c’est qu’en ruinant nos agriculteurs et leur capacité de produire pour le futur on ne sauvera ni l’économie, ni l’environnement, ni les millions de personnes qui en dépendent. Ne restons pas des moutons et démasquons les charlatans qui nous conduisent à l’abattoir.