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Le Plan B de la Grèce : rejoindre les BRICS

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Johanna Clerc

Le gouvernement grec a annulé la privatisation du port de Pirée tout en maintenant son partenariat avec la Chine pour y développer les activités.

Solidarité&Progrès— Pourquoi le gouvernement de Tsipras ne recule-t-il pas face à la Troïka ? Parce qu’il sait qu’il existe une alternative à l’austérité et au règne des financiers !

Peu de gens comprennent pourquoi la dynamique lancée par des pays situés à des milliers de kilomètres, décriés pour leur corruption et encore pauvres naguère, est la porte de sortie à la crise de civilisation que nous vivons ici.

Pourtant, Nikos Chountis, le ministre aux Affaires européennes grec, l’a clairement annoncé : si l’UE demeure sourde aux besoins de son pays, il se tournera vers d’autres horizons, notamment la Chine et la Russie, qui auraient fait des offres de coopération et d’aide financière à Athènes. Le 11 février, le ministre des Affaires étrangères grec s’est rendu en Russie, tandis que Panagiotis Lafazanis, ministre de la Reconstruction productive, de l’environnement et de l’énergie, était invité en Chine par le Premier ministre Li Keqiang.

Bien entendu, nos experts et journalistes français, réduisant le monde à une histoire de rapports de force, nous diront que les « empires » chinois et russes cherchent en fait à avancer leurs pions en Europe...

Remarquons simplement que depuis leur sommet historique à Fortaleza, en juillet dernier, l’approche « gagnant-gagnant » prônée par les BRICS s’est traduite par des dizaines d’accords de coopération, alors que la concrétisation de la solidarité prétendument portée par l’UE se fait toujours attendre.

Sans ce type de partenariat et sans le soutien financier de la Chine, l’Argentine n’aurait sans doute pas pu résister à l’attaque des fonds vautours en 2013, ces fonds spéculatifs qui, avec l’aval de la justice américaine et d’Obama, exigent le remboursement à 100 % de sa dette, alors qu’ils l’avaient achetée à quelques pourcents de sa valeur initiale.

Mais surtout, les idées que nous portons ici et dans le monde avec nos alliés de l’Institut Schiller sont au cœur de cette bataille internationale.

Reconnaissant le risque de guerre mondiale, Panos Kammenos (le président du parti des Grecs indépendants, désormais ministre de la Défense) fait partie des personnalités ayant endossé l’appel lancé par l’Institut Schiller, exigeant que l’Europe et les États-Unis abandonnent leur logique d’affrontement géopolitique pour coopérer avec les BRICS.

Lors de la conférence organisée par l’Institut Schiller en octobre dernier à Francfort, où S&P avait emmené une délégation d’une centaine de Français, M. Kammenos avait présenté sa vision d’une Grèce intégrée dans le projet de développement mutuel des « Nouvelles routes de la Soie ».

Il avait pu y rencontrer de nombreuses autres personnalités d’Europe, Chine, Inde, États-Unis, etc., qui, chacune à sa manière, se bat pour la paix par le développement.

En 2013, il rendit visite à notre parti frère aux États-Unis, le Comité d’action politique de Lyndon Larouche (LPAC), ce qui lui donna l’occasion de rencontrer plusieurs congressistes américains pour les enjoindre à mettre Wall Street en cage, notamment par un retour au Glass-Steagall (la loi de séparation des banques promulguée par Roosevelt). (Voir vidéo)

Alors qu’il était encore député au Parlement grec, il avait d’ailleurs clairement exposé comment, en pariant sur la dette grecque, des spéculateurs s’étaient honteusement enrichis (y compris certains élus), alors que le peuple était mis au pain sec. Peut-être comprenez-vous mieux pourquoi la presse française s’est empressée de l’étiqueter comme extrémiste dès son élection ?

Le gouvernement grec sait donc qu’il existe une alternative, et il sait aussi que cette alternative ne peut être que collective. C’est ce qu’a exprimé le ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, à la TV italienne RAI3 le 8 février, en soulignant que le problème de la dette grecque ne pourrait être résolu qu’en mettant fin aux politiques d’austérité dans l’ensemble de la zone euro.

C’est pourquoi il propose une conférence sur la dette pour tous les pays européens, ainsi qu’un New Deal pour l’Europe, financé par la Banque d’investissement européenne en décuplant ses fonds.

Selon le site greekreporter.com, Varoufakis estime qu’« il s’agit d’idées et de propositions qui concernent toute l’Europe, car nous, les Grecs, ne pensons pas avoir le droit de demander pour nous-mêmes une chose qui ne soit pas valable aussi pour les Portugais, les Italiens ou encore les Irlandais ».

Comme les BRICS, la Grèce a compris que servir l’intérêt de l’autre, c’est la voie qui permet aux faibles de se libérer du plus fort !