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Zone euro : date de péremption – été 2011

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par Paul Gallagher EIR

– Comme l’avait bien compris le poète allemand Friedrich Schiller, « il y a une limite à la tyrannie » ; celle-ci est autant physique que morale. Le vent des révoltes contre le suicidaire sauvetage de l’euro souffle sur l’Europe et ne semble pouvoir que s’amplifier tant l’austérité est brutale. Le nouveau plan d’ « aide » prévoit d’accroître l’endettement de l’Etat hellénique tout en bradant les entreprises publiques à des firmes multinationales privées et en réduisant les niveaux de vie. Côté physique, c’est la catastrophe agricole, alimentaire et énergétique, à l’heure où le populisme vert et le lobby du green business font replonger l’Allemagne 200 ans en arrière. Depuis que le gouvernement Merkel a arrêté 7 réacteurs nucléaires au lendemain de Fukushima, les importations d’électricité nucléaire française et tchèque outre-Rhin ont doublé, laissant présager des black-out géants au moindre aléas.

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Jeudi dernier, feignant la sérénité, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a proposé de nommer sans délai un ministre supranational des Finances doté d’un droit de véto sur les politiques économiques nationales. Mais dans sa défense de Trichet, l’éditorialiste du Figaro Alexandre Adler est bien obligé de reconnaître que cet écrasement des peuples et de leur souveraineté « a pour but d’empêcher la débandade pendant qu’il en est encore temps, c’est-à-dire pendant l’été 2011 . Mais, passé ce délai, la situation sera en tous points comparable à celle d’une Union soviétique déjà prévenue de l’effondrement économique et morale de la RDA. » De l’avis même des gens du sérail, c’est donc maintenant que tout se joue, et on voit mal comment un ministère des Finances européen pourrait être mis en place en quelques semaines...

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Et lorsque l’on parle de débandade, il ne s’agit pas des cas de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal ou de l’Espagne, mais de la BCE elle-même ! A l’actif de la banque centrale européenne, l’on trouve 2000 milliards d’euros de produits financiers déposés là par les banques en échange d’argent fraîchement imprimé. Au moins la moitié de ces titres sont des actifs pourris reçus entre 2007 et 2010. Des actifs titrisés ABS (nominalement près de 500 milliards d’euros) mais aussi des obligations irlandaises (145 milliards d’euros), grecques (87 milliards), portugaises (60 milliards) et espagnoles (51 milliards). A la moindre mauvaise nouvelle en provenance de la Grèce et/ou d’une grande banque européenne ou même des marchés internationaux, la BCE se volatilisera ou devra noyer l’incendie sous un flot de monnaie engendrant une hyperinflation.

Côté dollar, ce n’est guère mieux : la deuxième phase de la politique d’assouplissement quantitatif (QEII – planche à billet) touche à son terme ; malgré 75 milliards de dollars injectés mensuellement sur les marchés de capitaux américains, la situation de l’économie réelle n’a fait qu’empirer. On estime que pour 1 dollar de PIB supplémentaire, il a fallu imprimer 3 dollars, l’essentiel du QEII étant aller alimenter les spéculations. Sans QEIII, les marchés s’effondreront, avec QEIII, l’inflation explosera à la mode Weimar.

La seule alternative est d’organiser une faillite ordonnée des spéculateurs qui résultera du rétablissement de la loi Glass-Steagall aux Etats-Unis (actuellement en débat au Congrès) et de mesures similaires en Europe que nous devons défendre dès maintenant.