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2012 et l’Afrique - J.Cheminade à la conférence internationale de l’Institut Schiller

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Discours de Jacques Cheminade à la Conférence internationale de l’Institut Schiller, le 3 juillet 2011 à Rüsselsheim en Allemagne.

La dynamique des élections présidentielles françaises,
levier pour reconstruire l’économie mondiale

Jacques Cheminade, candidat à la présidence de la République

Bonjour à tous ! Notre session traitera du Glass-Steagall et de l’industrialisation de l’Afrique, un défi moral pour l’Europe. Nous allons essayer de répondre à la question présente à l’esprit de tous : « Qu’est-ce que l’Europe pourrait accomplir dans la tragédie mondiale actuelle ? »

Au milieu de la catastrophe civilisationnelle en cours, le processus d’une élection présidentielle en France, pris en tant que tel, serait un non-sens. Comme un élément dans le système, cela n’a pas de sens. Alors qu’en tant que contribution à l’histoire ici et maintenant, le processus électoral acquiert une signification. Car cela devient une occasion pour contribuer à renverser le mouvement vers le fascisme universel qui nous menace tous, partout, comme Lyndon LaRouche l’a souligné hier.

La question existentielle, c’est de se demander comment, depuis la France, un pays dominé par une élite oligarchique, une élite publique-privée qui est la cause de notre tragédie, comment pouvons-nous contribuer à sortir du système de la mondialisation financière. Ma réponse ? En mettant Glass-Steagall et l’Afrique sur la table, sur le devant, non pas comme des sujets séparés mais comme une arme, un fusil à deux coups pour briser les règles du jeu.

Ce que l’Empire britannique veut empêcher à tout prix, c’est l’adoption de Glass-Steagall aux Etats-Unis, car cela mettra fin à la mainmise de la City de Londres, de Wall Street et de l’Empire britannique. En même temps, la politique britannique, en tant qu’Empire, a toujours consisté à séparer les Etats-Unis de l’Europe continentale afin de les détruire tous deux de l’intérieur. De nouveau, aujourd’hui, sa priorité est de détruire les Etats-Unis en tant qu’Etat-nation. La mienne, la nôtre, c’est de faire écho au mouvement vers un Glass-Steagall en cours aux Etats-Unis, avec un mouvement similaire en Europe, comme un pont anti-britannique transocéanique.

Il s’agit de faire revivre, ce faisant, ce que les Britanniques craignent le plus : l’esprit de la Ligue de neutralité armée (1780), c’est-à-dire l’appui donné par la Russie, la France et l’Espagne à la jeune République américaine, en retournant aujourd’hui à un système de crédit basé sur de vraies banques nationales qui renvoient les actifs toxiques vers les spéculateurs. Laissons les empoisonneurs s’empoisonner avec leur propre poison !

L’Afrique

Historiquement, l’Afrique a été la pire victime de l’Empire britannique. Avec l’assistance d’autres impérialismes « juniors » : espagnol, français, hollandais, portugais, etc., établissant le joug de l’esclavage, jusqu’à aujourd’hui avec l’esclavage de la dette et l’imposition de termes d’échanges injustes.

La clé sera le Glass-Steagall pour ouvrir la porte à une plateforme mondiale de développement productif, une plateforme avec de nouvelles technologies plus productives par habitant et par unité de surface. Une identité plus humaine pour l’humanité devrait nécessairement conduire à l’élévation de l’Afrique comme une arme pointée sur le cœur de l’oligarchie. Une communauté de dessein de l’Europe et des États-Unis pour sauver l’Afrique de l’emprise de l’Empire britannique, à partir du partage commun du principe de Glass-Steagall, c’est ce qui rétablira notre partenariat euro-américain pour l’avantage d’autrui, l’Afrique représentant le bien commun de l’humanité.

D’une certaine façon, il s’agit d’accomplir quelque chose que beaucoup de gens ne comprennent pas. Pour accomplir quelque chose que, j’en suis convaincu, Charles de Gaulle et Franklin Delano Roosevelt auraient pu accomplir, si ce dernier n’avait pas connu une mort précoce et si de Gaulle n’avait pas été chassé du pouvoir par les forces pro-Truman opérant en France.

Soyez impopulaire !

La plupart des gens considèrent une élection présidentielle comme un concours de beauté, une tentative de se faire élire à un moment donné pour exercer du pouvoir, comme le couronnement d’une carrière politique partie de la base en montant vers le sommet. A partir d’une élection locale, passant d’un compromis à un autre, jusqu’à ce qu’on arrive au sommet. Dans des conditions historiques normales, ceux qui se comportent ainsi sont des pantins totalement contrôlés. Car, en acceptant cet environnement, ils acceptent ce que les autres veulent qu’ils soient. Ce qu’ils n’acceptent pas, c’est la prévalence de principes. Dans la France d’aujourd’hui, dans ce contexte de crise civilisationnelle, avec les horreurs que vous connaissez tous, ils se condamnent à devenir bien pires que de simples idiots. Ils deviennent des traîtres à leur pays et à la civilisation. Car s’adapter, c’est accepter la règle du jeu, la destruction de la civilisation en tant que telle. Et c’est la règle du jeu dans une élection telle qu’elle est organisée aujourd’hui.

Ainsi, quand je parle de Glass-Steagall et du développement de l’Afrique, ce que je dis n’est pas particulièrement bien accueilli. Ce n’est pas particulièrement apprécié par les pouvoirs en place en France, devenus serviteurs de la destruction. C’est également rejeté dans un premier temps par une majorité d’une opinion publique pessimiste, otage de peurs et de préjugés induits par ces pouvoirs qui règnent grâce au contrôle des images et aux rumeurs des médias.

« Glass-Steagall pourrait être un bon choix, mais incompatible avec notre modèle de banque universelle…On ne peut pas mettre un tel concept sur la table après trente ans de dérégulation !... C’est tout simplement impossible… Les Africains sont incapables d’assimiler les technologies modernes, c’est évident, non ? Les dernières trente années l’ont démontré… C’est dangereux de défier les mégabanques ! Elles sont trop puissantes. Vous êtes un utopiste... Nous avons nos habitudes et les Africains ont les leurs… »

Pour être un dirigeant contre ces escadrons volants de bêtise impuissante, vous devez être considéré comme impopulaire par les pouvoirs qui en produisent la matière et l’opinion publique qui en avale les couleuvres. « L’impopularité » est ainsi une condition nécessaire pour réussir une campagne présidentielle honnête.

Est-il si douloureux d’être impopulaire ? Certes, me direz-vous, si vous définissez votre identité en fonction du principe plaisir/douleur. Pas vraiment, si vous vous identifiez à la mission de servir la vérité et les idées. Car cela vous fait vous sentir bien quand vous savez que vous avez rempli avant tout votre mission, que vous avez placé votre mission d’améliorer avant le plaisir de séduire et de plaire.

Le raz-de-marée de la grève de masse qui arrive, l’indignation des Indignados, un ferment de grève de masse qui se répand en Europe et intercède avec le ferment de grève de masse aux États-Unis, tout cela signifie que les êtres humains réagissent à quelque chose qui leur arrive et qu’ils n’aiment pas. Ils ressentent une passion pour la justice quand ils sont confrontés à l’injustice extrême qui prévaut. Ma tâche en tant que candidat présidentiel n’est ni de les flatter par le bas, ni de leur donner des ordres d’en haut sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, mais de fournir une direction, d’essayer de mouvoir leurs passions vers la vérité ; de leur faire découvrir en eux-mêmes leurs responsabilités envers autrui. Le plus souvent, il faut aimablement leur botter le derrière, ou mieux encore, les induire à se botter les fesses eux-mêmes. « Hé, regarde dans quel monde tu es !  »

Plus d’un milliard d’hommes souffrent de malnutrition et sont sur le point de mourir. Chaque année, 50 millions de personnes s’ajoutent à cela et il y en aura probablement beaucoup plus dans les années qui viennent. Les banques parient sur la nourriture comme s’il s’agissait de devises, alors que les producteurs – vous l’avez vu hier [avec l’intervention d’Erwin Shöpges] – sont ruinés et détruits. Voulez-vous vraiment faire carrière dans un tel monde ? Voulez-vous que vos enfants fassent carrière dans un monde pareil ? Voulez-vous que vos filles séduisent quelqu’un qui fait carrière dans un tel monde ? Est-il agréable de devenir un mort-vivant ?

Si vous posez ces questions, vous ne serez pas populaire. Vous n’êtes pas le mec sympa au coin de la rue. Cependant, au fur et à mesure que la société se désintègre, on commence à vous faire confiance, précisément parce que vous avez aidé à susciter la qualité humaine de découverte et de perception réflexive dans l’esprit des gens, comme le ferait un bon médecin. Vous pouvez ne pas aimer ce bon docteur lorsqu’il ou elle vous annonce l’état réel de votre maladie, mais vous lui faites confiance parce qu’il inspire une guérison. Il ne vous considère pas comme un client à séduire ou un chiffre dans une statistique, comme le font malheureusement beaucoup de médecins aujourd’hui. Le bon médecin vous considère comme un être humain. Un être humain qu’on aide à recouvrer sa santé, à croître puis éventuellement à se multiplier. Voilà ma tâche. Pour l’accomplir, il faut plonger dans les profondeurs de l’histoire de notre nation, pour capter le meilleur qu’elle a fourni au monde, au-delà et au-dessus de la condition détestable dans laquelle se trouve la France aujourd’hui.

Faire revivre l’esprit républicain

Ce qui veut dire qu’il ne faut pas seulement être impopulaire avec les vivants, mais également avec les morts. L’état terrible dans laquelle se trouve notre pays exige qu’on soit encore plus impopulaire avec les morts. Pour faire revivre l’esprit républicain contre l’oligarchie en place, il faut dissiper les légendes destructrices : Louis XIV, Napoléon, Rameau, Laplace... et faire revenir d’entre les morts Louis XI, Villon, Rabelais et les Curie, et avec Nicolas de Cues, tous les autres étrangers qui ont inspiré la France, de Platon à Einstein, en faisant revivre l’amitié de ce dernier avec Langevin.

Ceci exige un combat intérieur, un combat en chacun de nous pour entamer un dialogue avec ces ombres du passé et leur redonner vie pour changer nos contemporains afin de les rendre responsables du futur. Cela implique de rétablir un principe d’hospitalité contre le chauvinisme. La nation comme une idée, congruente avec la dynamique de l’univers, non pas la nation comme une tradition donnée, mais comme un développement, une réponse au défi que nous jette notre époque.

C’est l’idée d’« Amérique » comme projet du meilleur de l’Europe, l’engagement du Cusain et de ses disciples, sur quoi Lyndon LaRouche a insisté hier. L’impulsion républicaine, libérée du principe oligarchique et de l’étouffement de la tradition.

Si vous entendez « tradition », préparez votre poing… intellectuel. Toute tradition infligée au présent est trahison du futur. C’est ce que de Gaulle a dû affronter lorsque la France fut occupée en tant que territoire en mai-juin 1940 et que sa population avait sombré dans la peur. Que restait-il ? Le principe d’une nation. La différence entre une tradition qui étrangle et avilit et un esprit patriotique qui toujours recommence et revigore. La légitimité de la nation en tant qu’idée, contre l’état d’esprit de sa propre population et contre le vote – parfaitement légal – de l’Assemblée nationale de la Troisième république ayant livré les pleins pouvoirs au franco-fasciste Pétain. Le fameux : « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France, le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. »

Où De Gaulle a-t-il puisé les ressources pour une telle légitimité ? Dans le génie français, dans le génie historique d’une nation, et non pas dans une agglomération fixe de choses ni dans le ressenti d’une population chaotique comme elle l’était alors et l’est encore aujourd’hui. Au contraire, comme une idée évolutive pénétrée et changée par des courants extérieurs, la nation comme un reflet de l’univers. La nation, non pas comme une chose en soi ; la nation, finie à un moment donné mais sans contraintes extérieures comme l’univers ; la nation libérée de toutes contraintes extérieures par l’esprit des autres cultures, comme une découverte humaine délibérée et toujours perfectible. La nation est une découverte voulue, toujours perfectible, ce n’est pas une chose que l’on possède.

Écoutons ce que de Gaulle avait à dire à ce propos dans un discours pour le soixantième anniversaire de l’Alliance française, l’exemple parfait de la soi-disant culture française, à Alger le 30 octobre 1943 :

« Mais, la flamme claire de la pensée française, commet eût-elle pris et gardé son éclat si, inversement, tant d’éléments ne lui avaient été apportés par l’esprit des autres peuples ? La France a pu, de siècle en siècle et jusqu’au drame présent, maintenir de l’extérieur le rayonnement de son génie. Cela lui eût été impossible si elle n’avait eu le goût et fait l’effort de se laisser pénétrer par les courants du dehors. En pareille matière, l’autarcie mènerait vite à l’abaissement. Sans doute, dans l’ordre artistique, scientifique, philosophique, l’émulation internationale est-elle un ressort dont il ne faut pas que l’Humanité soit privée, mais les hautes valeurs ne subsisteraient pas dans une psychologie outrée de nationalisme intellectuel. Nous avons, une fois pour toutes, tiré cette conclusion que c’est par de libres rapports spirituels et moraux, établis entre nous-mêmes et les autres, que notre influence culturelle peut s’étendre à l’avantage de tous et qu’inversement peut s’accroître ce que nous valons.  »

Ce discours, vous l’avez remarqué, a été prononcé en Afrique, au milieu des tempêtes de la Deuxième Guerre mondiale. C’est au milieu des tempêtes qu’au départ à partir de l’Afrique subsaharienne, avec les soldats de Leclerc et notre cher ami le général Jean-Gabriel Revault-d’Allonnes, puis à partir de l’Algérie et de la Tunisie, que la France fut libérée.

Rappelons que la fameuse rencontre entre Churchill-Roosevelt-de Gaulle de 1943 eut lieu à Casablanca, au Maroc, après le débarquement des forces américaines dans ce pays. Souvenez-vous que les libérateurs qui débarquèrent dans le sud de la France, le 15 août 1944, étaient composés, pour l’essentiel, de soldats d’origine africaine et non pas de « Français de souche », comme on dirait aujourd’hui.

La tragédie du XXe siècle, c’est qu’une fois l’Europe libérée du nazisme, après la mort de Franklin Delano Roosevelt, l’impérialisme britannique contre-attaqua à partir de la City et de Wall Street, avec Truman aux Etats-Unis et les branches pourries de la IVe République qui en étaient l’émanation, chez moi, en France.

Cela signifiait pour la France qu’on faisait revivre l’illusion – la tradition mortelle – d’un Empire français. Avec pour conséquences la première guerre d’Indochine, déclenchée par la violation de l’accord Leclerc-Ho Chi Minh de 1946 pour une indépendance progressive, puis un ensemble terrible de guerres coloniales criminelles, qui ne s’achevèrent, pour l’Indochine, qu’en 1956 à Genève avec Mendès-France, et enfin avec de Gaulle, par les accord d’Evian de 1962 mettant fin à la guerre d’Algérie.

Si l’on veut comprendre la France aujourd’hui, on doit se rendre compte que ces guerres coloniales ont eu lieu entre 1945 et 1962 et qu’elle en porte encore la marque. C’était l’époque de ma jeunesse et ce contre quoi j’ai combattu.

Ensuite, cette indépendance des États africains, cet « ouragan d’espoir  » comme le disait Kwame Nkrumah, est devenue une fraude sous occupation néocoloniale et financière, corrompant les dirigeants des pays africains, organisant une nouvelle forme de soumission indirecte à l’ordre impérial.

Une forme plus insidieuse, plus démoralisante et destructive d’oppression par des trahisons systématiques de l’intérieur. L’équation présentée le 5 juillet 1960 par le général belge Emile Janssens, commandant en chef de la Force publique congolaise, qui était : « Avant l’indépendance = après l’indépendance, voilà tout », se révéla malheureusement vraie du point de vue de la continuation de l’oppression.

Aujourd’hui, au milieu de ces – de nos – jours de tragédie et d’espoir, nous avons donc notre bataille pour le principe du Glass-Steagall, un point stratégique crucial, la clé pour ce que de Gaulle appelait «  le salut  », pour « chasser les marchands du temple ».

Un principe de Glass-Steagall, d’abord aux Etats-Unis, suivi d’un Glass-Steagall mondial global, fondé sur l’émission de crédit productif et non sur cette monnaie de singe basée sur des «  livres de chair » [référence au Marchand de Venise de Shakespeare] humaines qu’on appelle le monétarisme.

Ce combat dans lequel nous sommes tous impliqués est un combat de vie ou de mort pour l’humanité et Eric Verhaeghe vous exposera son point de vue sur un Glass-Steagall français. Néanmoins, je voudrais auparavant dire quelque chose d’essentiel, directement lié à la question de la légitimité évoquée au début de mon intervention.

Sauver l’Afrique sera le litmus test pour l’Europe

L’Europe, et la France en particulier de par son héritage colonial, ont pour mandat et pour devoir de changer leurs politiques traditionnelles vis-à-vis de l’Afrique et des Africains. Parce que c’est un changement qui est de la même substance, qui est consubstantiel avec le principe de Glass-Steagall. Comme nous le disions déjà il y a longtemps, l’Afrique est le litmus test [1] pour la capacité de l’Europe à se joindre à la dynamique de Glass-Steagall et contribuer à l’élaboration d’un système de crédit mondial à parités stables.

Sauver l’Afrique est également consubstantiel à sauver l’Europe, et la réponse de l’Europe au principe Glass-Steagall aux Etats-Unis est consubstantielle à sauver le monde, un monde qui aujourd’hui vacille au bord de l’autodestruction. L’Afrique est notre mission et nos investissements ne seront que le remboursement d’une dette envers des générations passées que nous avons opprimées, une dette à acquitter dès maintenant envers les générations à naître.

Voilà le vrai sens d’une dette. Comme le dit mon ami Marcello Vichi à propos du projet Transaqua de la société italienne Bonifica visant à revitaliser le lac Tchad, «  l’unité de mesure pour évaluer les coûts ne s’inscrit pas en millions ou milliards de dollars, mais en termes de guerres évitées, de millions d’êtres humains sauvés de la famine et bénéficiant de conditions de vie offrant la dignité, la paix sociale et, aussi, une conscience internationale retrouvée ».

Ce que signifie l’Afrique pour nous

Il est néanmoins nécessaire, je pense, d’approfondir notre compréhension de ce que signifie l’Afrique pour nous, Européens. Il s’agit de retrouver pour nous-mêmes notre part d’humanité en agissant au profit de ceux que nous avons exploités et outragés. Sauver l’Afrique et les Africains d’une mort terrible grâce à l’accroissement de leurs capacités à exister, signifie retrouver notre propre principe d’humanité en tant qu’espèce relativement immortelle.

Le Président de mon pays, Nicolas Sarkozy, a récemment déclaré que le moment est venu d’oublier les haines et les griefs et que l’homme africain, qui est resté « en dehors de l’histoire universelle », devrait enfin y entrer. Une telle idiotie criminelle signifie couvrir les crimes de l’impérialisme et du colonialisme, et prétendre qu’on a colonisé un espace habité par des êtres humains ignorants qui étaient restés en dehors de la civilisation ! Cela voudrait dire oublier le mal absolu derrière le principe de l’esclavage. Je répondrai que ce n’est pas le moment d’oublier, mais de donner un contenu politique plus élevé à la colère légitime, ce qui est très différent.

Les grands projets contre nos petits dirigeants

Notre participation à de grands projets englobant les buts communs de l’humanité est notre réponse à ce que Sarkozy représente, la voix et les plumes déployées de l’oligarchie.

Après moi, Marcello Vichi va nous expliquer son combat historique pour revigorer le lac Tchad, via le transfert d’une partie des eaux du Congo, un projet essentiel pour au moins 200 millions d’êtres humains et pour tout un continent. Parfois, il me l’a encore dit hier soir, il se sent un peu découragé car il répète la même chose depuis trente ans sans que rien ne se passe ! Cependant, je suis convaincu que l’heure de la vérité, celle qui nous offre l’occasion, arrive pour tous les combattants comme nous.

Quand j’ai présenté ce projet à Niamey, la capitale du Niger, en décembre 2010, j’en ai eu un avant-goût. Ça ne sera pas simple, ce sera une route semée de nids de poules (ou d’autruches, comme on le dit en Afrique), mais la route est là. Ce projet du lac Tchad n’est pas une chose en soi, mais fait partie intégrante d’un concept global de grands travaux que Lyndon LaRouche défendait il y a trente-sept ans déjà. A l’échelle de toute l’Afrique et du monde. Et si vous avez un doute, faites l’effort de lire de nouveau son projet Lagos qui contient tous les points principaux.

François-Elie Roudaire et la révolution bleue

Nous avons également pour l’Afrique notre projet de « mer intérieure » pour une « révolution bleue » en Tunisie. Une réponse aux Tunisiens aujourd’hui abandonnés à leur sort par les Etats européens, qui préfèrent bombarder la Libye plutôt que de développer le Maghreb. Cette révolution bleue pour apporter de l’eau dans les dépressions, les « chotts » du sud tunisien et algérien, visant à en faire des champs fertiles, est directement reliée au projet de l’officier et topographe François-Elie Roudaire, un projet qui remonte à 1874, un siècle avant le projet Transaqua de la société italienne Bonifica. La patience dans ces affaires peut être une qualité pendant un certain temps, mais quand il faut attendre un siècle et demi, elle devient mortelle. On dit parfois que la patience est la sénilité des nations et des continents. Nous avons également le projet d’un « mur de forêts » pour arrêter le désert. Il s’agit de planter des milliers d’arbres au sud du Sahara, dans toute l’Afrique centrale, une espèce de ceinture verte d’environ 7600 km, et de reprendre la construction du canal de Jonglei au Soudan pour y démarrer un projet agro-industriel pour l’Afrique de l’est et l’Asie du sud-ouest. Le concept, c’est de fournir de la nourriture à ceux qui ont faim, pas d’exporter des agrocarburants et d’épuiser les terres.

Sarah

Pour ce projet, la décision du gouvernement égyptien remonte à 1959. Cela a démarré en 1978 avec une merveilleuse excavatrice à roue-pelle, une machine capable de creuser environ trois kilomètres en dix jours. Baptisée Sarah, la machine avait été construite en Allemagne et confiée à la société française Grands travaux de Marseille (GTM). Un bel exemple de ce que la coopération pourrait être, et non pas le type de coopération stérile qu’on voit actuellement entre Sarkozy et Merkel. Mais tout fut arrêté en 1984, quand les rebelles de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) ont commencé à tirer dessus. Ils tiraient sur Sarah et les ouvriers autour ! Avec l’appui d’intérêts britanniques qui voulaient le pétrole sans développement économique et sans devoir affronter la résistance cohérente d’un Etat. Evidemment, ouvriers et ingénieurs se sont envolés. Ce qu’il en reste est un village soudanais du nom de « Canal ». Avec, à l’extrémité du canal inachevé, une montagne d’ordures où l’on élève des cochons, tandis que des gosses se baignent dans les eaux sales et que, éparpillées dans les environs, rouillent des pièces de bulldozers abandonnés. Dominant le marché du village, on voit maintenant des soldats, juchés sur le mât d’une grue à flèche et pointant leurs téléphones portables vers le ciel afin de capter le réseau international, peut-être pour prendre des ordres. Je dis à mes concitoyens français : «  Qui êtes-vous pour accepter qu’un tel scandale humain se poursuive ?  ».

Imaginons

Imaginons au contraire, autour de ce projet, des ouvriers, des ingénieurs et des soldats du génie creusant et construisant des polders comme aux Pays-Bas. Il existe plein de terres, autour du lac Tchad, autour du canal de Jonglei, il existe une multitude d’opportunités pour le faire. Créer des polders, planter des arbres, ouvrir des voies de communication, le fameux Transrapid [train à lévitation magnétique] pour l’Afrique. Impossible ? Impossible ? C’est exactement ce qu’on disait sur la Chine il y a trente ans ! Or, aujourd’hui, c’est là-bas qu’on dispose du réseau de trains rapides le plus étendu du monde.

Imaginons des enfants se rendant à des écoles bilingues, où l’on enseigne dans la langue maternelle et l’anglais ou le français. Avec des manuels qui correspondent à l’histoire de leur pays respectif. Avec la poésie de leur propre histoire et non des manuels parachutés en provenance d’Europe ou des États-Unis, inadéquats pour l’Afrique ou promouvant des croyances pseudo religieuses à moitié dingues (ce qui serait encore un moindre mal) ou complètement dingues de cultes soi-disant évangélistes, wahhabites ou autres.

Imaginez la joie de ces enfants lorsqu’ils visiteront un vrai musée d’histoire nationale leur donnant un sens vivant de leur identité et de leur histoire nationale, et d’un progrès non pas limité aux frontières de leur propre pays mais également panafricain. Ils verront la préhistoire du Continent, lorsque l’Afrique était le berceau de l’humanité, contrairement à tout ce que Sarkozy nous raconte, ils verront les outils du paléolithique et les roches gravées ou peintes du néolithique (actuellement sous des montagnes de poussière dans quelque musée) jusqu’à l’histoire présente, avec les réalisations pour lesquelles nous nous battons. Ils verront un processus vivant, pas des musées pour touristes ou visiteurs curieux, mais des musées comme base culturelle et plateforme pour un développement national et panafricain.

Imaginons également les femmes à l’œuvre et responsables de projets (car les hommes sont souvent trop paresseux), comme cela a démarré au Sénégal dans certains villages, où l’on a entrepris de bâtir cette immense ceinture de forêts, la « Grande muraille verte » (GMV). Des femmes, à qui on a confié de belles terres, travaillant dans de magnifiques jardins pour y produire fruits et légumes pour leur famille. Non plus l’unique plat de riz aux grains filiformes, mais des tomates, carottes, melons, choux, salades : une diète alimentaire appropriée pour tous. Imaginons de l’eau fraîche et potable, des équipes d’étudiants en médecine et d’infirmiers intervenant, éradiquant le paludisme et l’onchocercose. Mettant fin aux maladies intestinales comme l’amibiase, une des premières causes de mortalité là-bas. Imaginons des équipes d’experts du monde entier apprenant à la population comment planter des arbres et les faire pousser.

Imaginons des centrales nucléaires de la IVe génération à sécurité intrinsèque, des réacteurs à haute température (HTR) qui émergeront de ce processus.

Or, qu’avons-nous au lieu de cela ? Les horreurs de Desertec, un projet fou pour piller l’Afrique, contraire à tout principe de densité de flux énergétique, prévoyant l’installation de miroirs sur une surface d’environ 30 000 km2 pour un coût d’investissement de 400 milliards d’euros, avec pour seul but de fournir à l’Europe 15 % de son électricité. Les mêmes qui nous disent que le projet du lac Tchad, la « révolution bleue » en Tunisie et la « grande muraille verte » sont trop chers et trop compliqués à réaliser, militent pour Desertec ou proposent des projets ferroviaires permettant de piller l’uranium, le cuivre et le pétrole et non de désenclaver et développer l’intérieur. Le contraire donc de ce que vous avez vu hier, c’est-à-dire cette jonction du chemin de fer transcontinental aux Etats-Unis, le type de liaisons dont on aura besoin du nord au sud et d’ouest en est de l’Afrique.

Créer un ferment de maires

Porter cela à l’attention de nos populations européennes dans ce moment de grève de masse peut leur ouvrir les yeux sur ce que font (ou plutôt ne font pas) leurs gouvernements. Nous devons apporter à ce ferment, comme notre don, ce besoin immédiat de grands projets pour l’Afrique, dont j’ai fait le cœur de ma campagne présidentielle. Nous recueillons déjà le soutien de maires de la France d’Outre-mer, par exemple de Nouvelle Calédonie. Mon plan est de créer un ferment de maires pour mettre le feu sous les fesses de nos politiques. C’est l’essence de ma campagne, mettre le feu avec des idées, mais pas seulement. Également avec toutes sortes d’allumettes intellectuelles. Une ceinture de feu, du Pacifique jusqu’à l’Atlantique, sous les postérieurs des ânes moraux qui prétendent ignorer, ou pire, la situation. Un de nos maires de France est ici et parlera au nom de ses collègues amis, pour montrer leur engagement de se joindre à cette entreprise.

L’immigration

Mais il y a autre chose. C’est la question de l’immigration. Certes, nous devons développer l’Afrique, mais nous avons aussi une mission envers nos immigrés. Si les principes de l’hospitalité et du développement commun ne prévalent pas chez nous, comment pourrait-on développer l’Afrique ? Certains en Allemagne, mais aussi en France avec Marine Le Pen, prétendent être contre l’immigration mais pas contre les immigrés, et vouloir développer l’Afrique afin d’empêcher les Africains de venir en Europe. On doit démolir de tels sophismes. C’est déjà un fait établi qu’en Europe occidentale, la grande majorité de ce qui reste de la classe ouvrière est d’origine africaine et fait partie de nous-mêmes. Il reste cependant une différence, d’après les dernières recherches, c’est que les Africains n’ont pas de restes de néandertaliens dans leurs gènes, alors que nous autres, Européens, en aurions conservé quelques traces (rires). Voilà les idioties dont parlent les gens qui se fient aux apparences !

Nous devons développer l’Afrique mais nous devons également avoir un sens de mission par rapport à nos immigrés. Ils sont peut-être d’origine turque en Allemagne (ce sont des Sarrasins, euh… [jeu de mots contre le politicien allemand xénophobe et socialiste Theo Sarrazin, NDR]), ou maghrébine en France, mais ils font partie de nous-mêmes. Nous devons leur ouvrir les portes pour qu’ils puissent intervenir dans la politique intérieure, là où ils travaillent. Tous les grands auteurs de la Renaissance sont explicites à ce propos : la nationalité se gagne en œuvrant à l’édification d’un pays, en participant au vouloir-vivre en commun. C’est la participation au travail qui définit la nationalité. La grande erreur de tous les progressistes européens des années 1960 a été leur incapacité de relier leurs luttes sociales au ferment des indépendances africaines. Par cette incapacité, ils ont échoué à inspirer une décolonisation mentale. L’impérialisme, le joug des règles de l’Empire britannique, dresse non seulement les peuples les uns contre les autres et les victimise dans des combats fratricides, mais crée aussi, à l’intérieur de nos pays, une situation de luttes intestines permanentes. On doit y couper court par le haut avec un grand projet. C’est ici que le Pont terrestre eurasiatique de développement commun, de l’Atlantique à la mer de Chine, correspond aux grands projets en Afrique.

La fin de l’euro

Pour nous sauver nous-mêmes et l’Afrique, on doit clairement se débarrasser du système euro, ici et maintenant, pour le remplacer, non pas par un repli sur « nos affaires » et le national-monétarisme, mais par un sens plus élevé d’une communauté de dessein allant des États-Unis jusqu’à l’Europe, l’Afrique et l’Asie, comme je l’ai indiqué, et c’est cela qui doit fournir le socle pour un engagement franco-allemand, un engagement franco-allemand anti-chauviniste. Avec la Renaissance d’une culture classique universelle partagée, comme on l’a vu hier soir [avec l’interprétation de la Fantaisie chorale de Beethoven par le chœur et l’orchestre de l’Institut Schiller, regroupant des jeunes de différents pays européens, NDR].

Un nouveau traité de Westphalie

Nous avons besoin d’un nouveau traité de Westphalie pour remplacer l’Union européenne. Et l’Afrique est notre test, notre critère d’immortalité. Pensez-y au niveau requis. De nombreux Français, même animés de bonnes intentions, comme j’en ai rencontrés récemment, prétendent qu’il est quasiment impossible de former les Africains à la technologie moderne, en mécanique ou autre, et je sais que certains Chinois (et je suis modeste en disant certains) pensent la même chose. Si vous acceptez cela, vous trahissez l’humanité, en eux et en vous-même ! Quel est le problème ? C’est la brutalisation des Africains, mais aussi la nôtre, l’autobrutalisation à laquelle nous avons été soumis, la brutalisation de nos pouvoirs créateurs ! Évidemment, si vous essayez de former des Africains mécaniquement, afin qu’ils appliquent des formules et obéissent aux ordres, ils se rebifferont, estimant à juste titre que vous les considérez comme des substituts à des machines, des esclaves ou des asservis. Ils rejetteront tout formatage. Pour leur enseigner, comme pour enseigner à notre propre population aujourd’hui, il faut d’abord découvrir en soi une étincelle de vie mentale afin de pouvoir l’offrir aux autres. Il n’existe pas de génération spontanée de la vie mentale, seulement des habitudes et des savoir-faire qui ne correspondent pas à cette vie mentale. La vie mentale dérive uniquement et exclusivement d’une vie mentale active. Comment transmettre aux autres quelque chose que l’on n’a pas goûté soi-même ? Hélas, dans la plupart des lieux où l’on devrait enseigner, on apprend comment appliquer des formules, c’est-à-dire comment ne pas être créateur. L’éducation des Africains pose donc, en réalité, le défi de notre propre éducation, de l’éducation d’une jeunesse égarée par la fixation sur le plaisir et la douleur, les illusions des sens constamment entretenues par des images.

L’avantage d’autrui, le principe du traité de Westphalie, est fondé sur le principe partagé de découvertes créatives. Une plateforme de développement signifie, pour l’Afrique et pour nous, changer la notion de temps et d’espace, un éveil de notre humanité, comme devenir. Les travaux publics, les grands projets, contre l’absolutisme de l’espace et du temps ! Pas seulement contre les « monarques de l’économie », comme le disait Roosevelt.

L’universalisme de Cheikh Anta Diop

Cheikh Anta Diop, ce grand penseur africain, écarté de tout poste de pouvoir par l’échec des forces progressistes à fournir une direction, avait un sens de cette notion de continuité par le changement et, en conséquence, du droit de l’Afrique à bénéficier de toutes les découvertes humaines. Sans tomber dans le piège de l’africanisme, la maladie du chauvinisme comme réaction à l’impérialisme, ou plutôt une arme de l’impérialisme pour maintenir l’Afrique dans un état de soumission volontaire. Écoutons Cheikh Anta Diop dans Civilisation ou barbarie :

« On mesure alors combien est impropre, quant au fond, la notion si souvent ressassée, d’importations idéologiques étrangères en Afrique : elle découle d’une parfaite ignorance du passé africain. Autant la technologie et la science modernes viennent d’Europe, autant, dans l’Antiquité, le savoir universel coulait de la vallée du Nil vers le reste du monde, et en particulier vers la Grèce, qui servira de maillon intermédiaire. Par conséquent, aucune pensée, aucune idéologie n’est par essence, étrangère à l’Afrique, qui fut la terre de leur enfantement. C’est donc en toute liberté que les Africains doivent puiser dans l’héritage intellectuel commun de l’Humanité, en ne se laissant guider que par des notions d’utilité, d’efficience. »

C’est la musique, imbécile !

A ce stade, je dois soulever une dernière question, qui scandalisera peut-être Européens et Africains mais qui est essentielle pour combattre le principe oligarchique en nous-mêmes : la question de la musique. Je suis tenté de dire : « C’est la musique, imbécile ! » [2], car faute de comprendre le principe de la musique (Lyndon LaRouche l’abordera cet après-midi), de pénétrer l’art de la composition musicale classique, l’ambiguïté d’un conflit entre deux ou plusieurs voix qui ne peut être résolue que dans l’esprit humain, sans cela, il ne peut y avoir de participation aux grands projets en tant qu’aventure ouvrant de nouveaux domaines de connaissance pour tous. Comment comprendre le sens des rayonnements électromagnétiques et différencier ceux qui sont une menace mortelle de ceux qui sont source de vie, comment pouvez-vous faire cela si vous n’avez pas accordé… votre esprit ?

Glass-Steagall est la voie du développement humain. Or, le pouvoir du développement humain est basé sur ce qu’amène l’art classique, non pas sur « le bout des lèvres », mais au sommet de l’esprit. Là se trouve un défi fondamental.

De la même façon que les Bush et les Kerry, dans le club Skull & Bones, ont volé le crâne de Geronimo [un chef légendaire des Indiens d’Amérique] pour capter les pouvoirs magiques de la nature sauvage en faveur de cette oligarchie dont Théodore Roosevelt était le plus parfait exemple, nous avons adopté comme divertissement social un bruit qui nous détruit, un bruit que nous prétendons être de la musique africaine mais qui n’est autre qu’une fuite en avant face au désespoir. Ou plutôt, une complaisance morbide envers le désespoir d’autrui. Vicieusement, en nous courbant devant l’oligarchie, nous l’avons adoptée socialement comme « style de vie ». Le pillage oligarchique du désespoir de ceux qui sont pillés est ainsi devenu notre divertissement ! On doit arrêter cette dérive de plus en plus criminelle. C’est pour cela que la culture sera le drapeau de ma campagne présidentielle, en accord avec ce qui a été dit hier, ce qui sera dit aujourd’hui et demain, et tous les jours suivants jusqu’à ce qu’on gagne la bataille de l’esprit. Et beaucoup plus encore après que nous aurons gagné. Si je ne prenais pas cet engagement culturel, je deviendrais fatalement un escroc corrompu, comme tous les autres. Susciter et ennoblir l’esprit des gens est notre stratégie, parce que soit on change pour le meilleur maintenant, soit un enfer terrestre s’ouvrira devant nous. Nous pouvons mourir au combat, mais nous ne renoncerons pas au principe de pensée, notre mission dans l’univers.

Peut-être y laisserons-nous la vie, mais nous ne voulons pas mourir comme les dinosaures.

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Conférence internationale de l’Institut Schiller 2011- Sauver l’humanité de l’abîme


Notes :


[1Comparaison métaphorique avec un test de chimie qui utilise du papier de tournesol pour définir le potentiel hydrogène d’une substance.

[2Lors de la campagne présidentielle de Bill Clinton contre le président sortant George Bush, son conseiller James Carville lui conseilla de fonder sa campagne sur le thème du changement économique, en lançant un « C’est l’économie, stupide ! »