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Reconstruction des infrastructures : Trump et FDR, faut pas confondre

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Karel Vereycken
Fondateur de l’Asbl. belge Agora Erasmus.
Rédacteur et directeur de publication du journal Nouvelle Solidarité

À l’annonce de Donald Trump pour une reconstruction des infrastructures américaines, le quotidien belge De Standaard a interviewé Howard Gutman, ancien ambassadeur américain en Belgique.

L’engagement de Trump, s’illusionne le journal :

« Nous rappelle d’emblée le légendaire président Roosevelt qui dans les années 30 avait lancé un programme d’investissement de la même ampleur. Trump essaie de faire d’une pierre deux coups : créer plus d’emplois pour les Américains et en même temps reconstruire les infrastructures du pays. »

Après avoir passé en revue plusieurs cas de conséquences catastrophiques résultant d’infrastructures usées jusqu’à la corde, tels que la rupture des digues de La Nouvelle-Orléans, le black-out provoqué par les pannes du réseau électrique de la Côte Est, l’effondrement d’un pont à Minneapolis ou l’affaire de l’eau polluée sortant du robinet de la municipalité de Flint, Gutman ironise que l’investissement à long terme dans les infrastructures est trop souvent sacrifié au profit du court terme :

« On attend que le plafond d’un tunnel nous tombe sur la tête pour le rénover... »

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Howard Gutman, ancien ambassadeur américain en Belgique. Crédit : photo news

Gutman précise qu’aujourd’hui en plus du manque d’investissement, il y a un autre problème à résoudre : aux États-Unis, il ne reste plus que deux grandes entreprises ayant la taille et la capacité d’entreprendre de tels programmes de grands travaux ! C’est pourquoi ces programmes d’infrastructures coûtent aujourd’hui plus chers aux États-Unis que partout ailleurs dans le monde, que ce soit pour moderniser les ports, rénover les écluses et les barrages, construire des digues ou traiter les marées noires. Gutman rajoute que sous l’administration d’Obama, rien n’a pu se faire parce que l’administration était complètement divisée.

La Société américaine des Ingénieurs (ASE), rapporte le journal, n’a pas raté une occasion pour montrer l’urgence de la reconstruction des infrastructures. Déjà en 2013, l’ASE avait évalué à 3,6 mille milliards de dollars les investissements nécessaires.

Le constater, « c’est la partie facile de l’histoire » répond Gutman. « Trouver l’argent pour le renouvellement l’est moins. » Trump dit qu’il trouvera les mille milliards de dollars nécessairent pour la reconstruction des infrastructures, un montant « bien inférieur à celui estimé par l’ASE ».

Comment Trump fera-t-il pour trouver l’argent alors qu’il veut réduire les impôts et doit faire face à un déficit abyssal ? Comme le détaillent ses deux conseillers dans leurs préconisations, Trump compte sur un effet de levier et espère trouver l’argent dans le secteur privé [via une sorte de Partenariat public privé (PPP)], en contrepartie d’un crédit d’impôt pour les entreprises.

C’est-à-dire que les projets ne verront le jour que là où le secteur privé aura jugé que cela puisse rapporter gros et que le remboursement des investissements sera facturé aux usagers via des péages. « Il reste à voir comment les citoyens américains réagiront à cela… », conclut De Standaard.

Si Trump souhaite reconstruire les infrastructures, il ignore l’abc de la science du crédit hamiltonien. À l’heure actuelle, alors que les grandes banques sont au bord du dépôt de bilan, le schéma envisagé s’avère franchement surréaliste… à moins que Trump tienne sa promesse : celle de réorganiser le système bancaire en imposant une séparation stricte de type Glass-Steagall.