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Michel Raimbaud : « Tempête sur le Grand Moyen-Orient »

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S&P—Michel Raimbaud a été ambassadeur de France dans le monde arabe, en Afrique et en Amérique latine. Professeur et conférencier en relations internationales, il a également été le directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Il est l’auteur de plusieurs livres dont : Le Soudan dans tous ses États (2012), Tempête sur le Grand Moyen-Orient (2015), Les relations internationales en 80 fiches (2015).

Nous reprenons ici un extrait de son article paru le 7 février par le site de Afrique Asie, un magazine d’analyse politique et d’information, dans lequel l’auteur présente la 2e édition enrichie et remise à jour de son livre « Tempête sur le Grand Moyen-Orient ».

Dans la nouvelle édition de son livre, l’ancien ambassadeur français nous livre son analyse pertinente sur la situation actuelle dans la région du Grand Moyen-Orient.

Cet ouvrage est destiné à tous ceux qui s’intéressent aux peuples arabes et/ou musulmans, à leur histoire et leur avenir. Mettant en évidence la vérité profane et politique des événements actuels et le versant fallacieux de l’appel pseudo-religieux qui les inspire, il vise également un public bien plus large, celui des personnes désireuses de déchiffrer et de démystifier ce vieux monde où l’on sème si facilement la mort et la destruction au nom du Bien, si ce n’est au nom de Dieu.

Il y a deux ans paraissait aux Editions Ellipses « Tempête sur le Grand Moyen-Orient », ce Grand Moyen Orient qui, ayant pris de l’extension au gré des pulsions américaines, s’étend désormais de l’Atlantique à l’Indonésie, sur plus de 50 degrés de latitude. En raison de sa position stratégique aux confins de l’Eurasie autant que par sa richesse en gaz et pétrole, mais également parce qu’elle allie à sa diversité culturelle une certaine unité religieuse et civilisationnelle, cette immense « ceinture verte » islamique détient un potentiel de puissance considérable et constitue un enjeu majeur. De son devenir, mis en question par la tempête actuelle, dépend en bonne partie la physionomie de notre monde de demain : sera-t-il unipolaire, aux ordres de l’Occident comme il l’a été depuis la fin de la guerre froide, ou multipolaire comme le préconisent les émergents ? Telle est la question posée.

Les « révolutions arabes » s’inscrivent dans cette problématique planétaire. La « démocratisation » à la mode Bush n’est évidemment qu’un grossier prétexte pour faciliter la réalisation du rêve des stratèges neo-cons américains : remodeler le Grand Moyen-Orient en y cassant les Etats modernes, notamment les Etats-nations à forte identité, afin de le réduire à un patchwork d’entités confessionnelles ou ethniques, de manière à ce que l’Amérique s’en assure le contrôle stratégique et qu’Israël, pilier essentiel de la doctrine neocon, y garde la prééminence sur tous les plans.

Pourquoi crier au conspirationnisme ? Il s’agit tout simplement d’un grand dessein annoncé urbi et orbi par ses promoteurs depuis des lustres, un dessein qui d’ailleurs a trouvé de nombreux complices dans le monde arabe, notamment dans la mouvance islamiste qui a cru tenir une occasion historique d’imposer sa vision politico-religieuse. D’où l’attelage étrange que nous voyons à l’œuvre, réunissant deux alliés de circonstance (mais non contre-nature) qui peinent à regarder dans la même direction, tant leurs messianismes concurrents, celui de l’occident impérial et celui de l’islam sunnite radical, tirent à hue et à dia, tout en visant des objectifs identiques à court ou moyen terme. Pour les Etats et les peuples plongés dans ce tumulte infernal, mais qui refusent de se soumettre à l’arrogant Occident et à l’option obscurantiste des islamistes fanatiques, il n’est pas d’autre choix que de se joindre au camp de la résistance arabe et/ou musulmane, dont les pays émergents sont les alliés naturels.

En septembre 2014, date à laquelle était bouclée la rédaction de « Tempête sur le Grand Moyen-Orient », il semblait possible d’évoquer, malgré une conjoncture qui à première vue interdisait toute issue prévisible, le début de la fin d’une époque et l’amorce d’un basculement de l’ordre du monde.

Beaucoup de sang a coulé depuis lors, les destructions se poursuivent, les ruines s’accumulent. Cependant, bien qu’ils justifient une remise à jour, les multiples développements survenus ne conduisent pas à mettre en veilleuse l’approche générale d’un monde arabo-musulman, enjeu, théâtre et acteur collectif, au centre de la confrontation planétaire opposant l’Empire Atlantique, « maître du monde » de droit divin, à l’immense bloc eurasien et ses alliés qui disputent au nouveau peuple élu l’hégémonie acquise à la faveur de la chute de l’URSS. Ils s’inscrivent au contraire parfaitement dans le schéma précédemment retenu. (...)

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Cet article a été repris d’un autre site.
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