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Si JP Morgan nous dit que la crise financière est derrière nous...

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La chronique du jour
de Solidarité & Progrès

« C’est l’économie, idiot !  » Le slogan de campagne de Bill Clinton, qui lui avait valu sa victoire en 1992, est tout à fait valable aujourd’hui, face à l’enfumage médiatique : le problème qui s’est manifesté en 2007-2008 n’a pas été résolu et, comme nous l’avons dit ici, le reflux de la menace d’un krach financier est intimement lié au reflux du danger de guerre.

Présent en France à l’occasion du Forum de Paris Europlace, le PDG de la banque JP Morgan Jamie Dimon s’est voulu rassurant dans un entretien au quotidien Les Echosen clamant que le système financier est aujourd’hui plus sûr que lors de la crise de 2008 : « C’est évident, cela n’a strictement rien à voir. (...) Il y a aujourd’hui deux fois plus de fonds propres et trois plus de liquidités dans les banques. Je pense que si l’affaire Lehman devait se reproduire, c’est simple, elle ne ferait pas faillite. »

Pourtant le même Dimon a réservé sa phrase choc dans cette interview au nouveau risque systémique qui inquiète la planète financière : « la plus grande menace pour l’économie est la sortie de la politique monétaire expansionniste actuelle. Jamais dans l’histoire, on a mené une telle politique et jamais à fortiori on a expérimenté la manière dont on sort ! Ça crée une grande incertitude. » En gros, comme un drogué obligé de s’administrer des doses de plus en plus importantes, il avertit ses proches que sa vie serait en danger s’il venait à s’arrêter.

Dix ans après le déclenchement de la crise des subprimes, des signes s’accumulent laissant penser que les États-Unis pourraient à nouveau être l’épicentre d’un krach financier. Le Wall Street Journal du 17 juillet rapporte la faillite colossale de EnerVest, un fond « private equity » du Texas, qui avait massivement emprunté pour investir dans des puits de pétrole et de gaz, à l’époque où les prix montaient. Deux milliards de dollars viennent de s’envoler en fumée, mettant en difficulté ses créanciers, dont d’importants fonds de pensions américains et canadiens, ainsi que la banque Wells Fargo. CNBC remarque que « cette perte de 2 milliards est inhabituelle pour une société de private equity de la taille de EnerVest et soulève des inquiétudes sur la possibilité de voir d’autres fonds similaires faire faillite. » Par ailleurs, Bloomberg News tire la sonnette d’alarme à propos de la bulle des prêts automobile, à travers un article intitulé « Nouvelle flambée Subprime, mêmes vieux péchés : les défauts sur les prêts automobile explosent. » Les défauts de paiement sur ces prêts à 90 jours atteignent les 4 %, sur un total de 1300 milliards de dollars, ce qui représente des proportions comparables au secteur immobilier en 2006.

« Tout va mieux, c’est le moment de mettre en place une dictature financière en Europe ! »

Il n’a échappé à personne que l’arrivée de Macron au pouvoir en France a enchanté l’ensemble de la communauté financière, surtout face aux propos de Bruno Le Maire venu rassurer Wall Street en Hermès, messager du dieu Jupiter. Les dogmatiques de l’ultra-libéralisme et de l’austérité budgétaire sont en joie, se disant que le moment est venu pour l’Europe de franchir un nouveau cap dans le renforcement de l’Union monétaire. Comme le remarque Le Point (11 mai 2017), le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble est d’accord avec le président Macron pour la création d’un Parlement européen de la zone euro et même pour la création d’un poste de Ministre des finances européen. Chantre de « l’ordolibéralisme » et d’une austérité budgétaire féroce, Schäuble est l’homme qui a littéralement saigné la Grèce. De son côté, Angela Merkel s’est elle même dite aussi favorable ces derniers jours à la création d’un budget des pays de la zone euro et à un Ministre de finances européen.

Pourtant, ces mesures vont renforcer l’Union monétaire qui nous a conduit à la crise. Et même le FMI doute de ce régime fort européen. Il doit justement faire part le 20 juillet de sa décision concernant la Grèce, si oui ou non il compte participer au troisième « plan d’aide ». D’après une source anonyme du journal athénien Kathimerini, compte tenu du rapport publié par le FMI sur la soutenabilité de la dette grecque, il se pourrait que le Conseil exécutif du Fond annonce à l’Eurozone qu’à moins d’un allègement de la dette, le FMI décidera de ne pas participer au plan. Le rapport en question, publié en février dernier, montrait que dans tous les cas de figure la Grèce sera incapable de payer sa dette, en qu’en 2030 le service de la dette représentera 20 % du PIB ! Les précédents plans de renflouement, qui avaient déjà été considérés comme intenables par le FMI (qui les a malgré tout validés) car ne faisant que renflouer les banques européennes au détriment du peuple grec, ont fait augmenter la dette grecque de 100 % à 180 % du PIB, entre 2012 et 2016.

Un récent sondage réalisé en Grèce révèle que 48 % des jeunes entre 18 et 35 ans vivent principalement grâce aux aides financières de leurs parents ; 15 % d’entre eux seulement estiment pouvoir trouver un emploi dans les six prochains mois, et 29 % pensent que leur niveau de vie sera pire que celui de leur parents.