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La Corée du Nord, dernière carte d’un empire au bout du rouleau ?

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S&P—La crise qui se noue actuellement autour de la Corée du Nord, et qui menace à tout moment de devenir hors de contrôle, est l’aboutissement d’un effort de 15 ans, à travers les administrations de Bush Jr et d’Obama, visant à saboter toute possibilité de paix sur la péninsule coréenne. En 1994, Clinton était parvenu à conclure un accord-cadre avec la Corée du Nord, impliquant l’arrêt et le démantèlement de son programme nucléaire militaire en échange d’une aide économique. En 1998, le président sud-coréen Kim Dae-jung mis en place une politique de détente et de coopération économique avec son voisin du nord, baptisée « sunshine policy » (« politique radieuse »). Dès son arrivée au pouvoir en 2001, l’administration Bush a totalement inversé la politique américaine à l’égard de la Corée du Nord, réduisant à néant l’initiative de Kim Dae-jung.

En réalité, les néo-cons et les intérêts financiers de Londres et de Wall Street ne veulent pas d’une solution pacifique ; d’autant plus aujourd’hui, la crise coréenne leur servant de prétexte pour cibler la Chine économiquement et militairement, et pour détourner l’attention de l’imminence du krach financier.

L’Ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley a accusé lundi la Corée du Nord de « vouloir la guerre » et a annoncé que les États-Unis comptaient soumettre au vote du Conseil de sécurité une résolution sanctionnant tout pays ayant des liens commerciaux avec Pyongyang. Dimanche, sur Fox News, le secrétaire américain au Trésor Steve Mnuchin – l’agent de Wall Street au sein de l’administration Trump – a expliqué que « quiconque faisant des affaires avec [la Corée du Nord] sera empêché de commercer avec les États-Unis ». De telles mesures toucheraient avant tout la Chine, qui est le premier partenaire commercial de la Corée du Nord (Beijing représentait en 2015 83 % de ses exportations et 85 % de ses importations), l’Inde et la Russie, mais également... la France, qui est le premier partenaire européen de Pyongyang (ce qu’il faut relativiser, puisque cela ne représente que 0,002 % de nos importations et 0,004 % de nos exportations – source Europe1).

La Russie et la Chine ont tous deux condamné le nouveau test nucléaire nord-coréen, tout en affirmant qu’en refusant de dialoguer avec Pyongyang et de réduire leurs manœuvres militaires dans la région (y compris les systèmes de défense THAAD déployés en Corée du Sud), Washington portait sa part de responsabilité dans cette escalade. « Mon opinion personnelle est que le conflit serait résolu si les États-Unis cessaient de l’alimenter », a affirmé à l’agence russe Tass le Vice-premier ministre russe, Yuri Trutnev. « Chaque fois que la Corée du Nord et la Corée du Sud semblent sur le point de parvenir à un accord faisant retomber les tensions, de nouveaux exercices navals sont immédiatement lancés, avec des plans d’entraînement simulant même une attaque de Pyongyang, ce qui représente une provocation directe », a-t-il ajouté.

En marge du sommet des BRICS, qui se terminait hier en Chine, le président Poutine a déclaré que « [les Nord-coréens] mangeront de l’herbe, mais ils ne changeront pas de politique tant qu’ils ne se sentiront pas en sécurité », et mis en garde contre la surenchère militaire actuelle pouvant conduire à une « catastrophe planétaire ».

La possibilité de sortir de cette crise existe, et l’occasion va notamment se présenter lors du Forum économique oriental de Vladivostok qui s’ouvre aujourd’hui, et où des pourparlers pourront avoir lieu entre le représentant nord-coréen, le président sud-coréen et les représentants des États-Unis, de la Russie, de la Chine de l’Inde.