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Corée du Nord, Syrie : les pour-parlers vont bon train

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S&P—Loin des lumières des médias, une intense activité diplomatique se déroule entre les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU – les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne – sur les crises coréenne, libyenne et syrienne.

Une nouvelle résolution renforçant les sanctions contre la Corée du Nord a été votée ce matin par le Conseil de sécurité. Il s’agit d’un compromis obtenu par les Russes et les Chinois, qui ne visera finalement pas personnellement Kim Jong-un, contrairement à ce que souhaitaient au départ les autres membres du Conseil (les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France). « Il est très rare que le Conseil sanctionne un chef d’État », souligne dans Le MondeAndrea Berger, chercheuse à l’Institut Middlebury d’études internationales. « Sanctionner Kim Jong-un aurait été perçu comme une tentative par les Américains de justifier un changement de régime.  »

Le président chinois Xi Jinping a eu vendredi dernier une conversation téléphonique avec le président Macron et lui a signifié combien la Chine considérait la dénucléarisation de la péninsule coréenne comme une étape obligatoire de la résolution du conflit, comme le rapporte l’agence de presse chinoise Xinhua. Il lui a dit que la question de la péninsule coréenne ne pouvait être résolue que par des moyens pacifiques, y compris le dialogue et la négociation. De son côté, Macron a assuré que la France était pleinement engagée pour garantir la paix et la stabilité et qu’elle souhaitait étendre sa coopération avec la Chine.

Le même jour, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue français Jean-Yves Le Drian se sont entretenus à Moscou à propos de la Corée, de la Syrie et de la Libye. Lors de la conférence de presse, Lavrov a déclaré que « tout comme la France, la Russie condamne les provocations faites par le régime nord-coréen en effectuant des tests de missiles balistiques et des essais nucléaires, violant ainsi les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». Il a ajouté qu’ « au-delà des pressions exercées sur le régime nord-coréen pour qu’il cesse ses provocations (…), il est nécessaire que les efforts se poursuivent afin de trouver une solution à long terme  ».

Une rencontre a eu lieu le 6 septembre entre le président Poutine et le président sud-coréen Moon Jae-in, en marge du Forum économique oriental de Vladivostok. Les deux présidents ont présenté leur vision commune ainsi que plusieurs projets concrets impliquant les deux pays dans la transformation de l’extrême-orient russe, tout en créant les conditions d’une sortie de l’escalade avec la Corée du Nord, en lui garantissant et la sécurité et le développement réel du pays et de la région.

En réalité, par cette initiative Poutine ouvre de nouveau la perspective pour mettre en œuvre la « politique radieuse » (« sunshine policy ») initiée en 1998 par le président sud-coréen Kim Dae-jung – une politique de détente et de coopération économique entre la Corée du Nord et la Corée du Sud – et qui avait été bloquée par les administrations Bush et Obama. « J’aimerais dire que la Russie souhaite toujours la mise en œuvre de projets trilatéraux incluant la Corée du Nord », a déclaré Poutine. « Nous pourrions connecter les gazoducs russes à la Corée et intégrer les réseaux d’énergie et les voies ferrées de la Russie, de la République de Corée et de la Corée du Nord. Cela sera non seulement économiquement bénéfique, mais cela contribuera surtout à rétablir la confiance et la stabilité sur la péninsule coréenne ».

Syrie

La situation en Syrie évolue également très vite, pour le plus grand malheur des néo-cons et autres partisans de la politique de changement de régime. Les dernières poches de groupes djihadistes sont en train d’être anéanties. Dimanche, l’armée syrienne a rompu le blocus exercé depuis trois ans par Daech sur la ville de Deir ez-Zor, libérant ainsi l’aéroport militaire et reprenant le contrôle des champs pétroliers.

« Nous considérons qu’il y a des signes de progrès tangibles », a déclaré Sergueï Lavrov à Moscou, lors de la conférence de presse conjointe avec Jean-Yves Le Drian. « Trois zones de désescalade ont été ouvertes : dans le sud-ouest du pays, en Ghouta orientale et dans le nord de la province de Homs. »

Le Drian a quant à lui assuré que la France souhaitait coopérer avec la Russie dans le « groupe de contact » proposé par la France il y a quelques semaines dans l’objectif de préparer l’après-conflit. « La situation en Syrie est compliquée, mais d’importants progrès ont été accomplis », a-t-il dit. « La France a quatre principes de base pour identifier les acteurs susceptibles de porter le processus politique. Dès que toutes les conditions seront remplies, le groupe de contact pourra entrer en jeu pour assurer une résolution de la crise permettant de mettre fin aux souffrances du peuple syrien  » (source : Sputnik). Le Drian a également répété, contrairement à ce qu’il avait déclaré en France il y a quelques jours, que le départ de Bachar el-Assad n’était plus un préalable à la discussion.

La sixième rencontre internationale consacrée à la crise syrienne doit se dérouler à Astana du 13 au 15 septembre ; Lavrov a affirmé qu’un accord devrait y être passé afin de créer une quatrième zone de désescalade à Idleb, dans le nord-ouest du pays.