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De quoi le « China bashing » est-il le nom ?

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S&P—Le XIXe Congrès du parti communiste chinois (PCC) a lieu en ce moment-même. Le président Xi Jinping a présenté hier dans son discours sa vision optimiste pour le futur de la Chine et du monde, et le rôle moteur qu’y joueront les Nouvelles routes de la soie, la science et l’innovation pour le développement économique. Occasion que nos chers médias occidentaux n’ont pas manqué pour déverser toute leur bile, usant à la perfection des 50 nuances de cynisme. The Economist, le Wall Street Journal, le Washington Post, Le Figaro, etc, ont cumulé en deux semaines une montagne d’articles tirant le portrait du président Xi en « nouveau dictateur », « nouveau Mao », « nouveau Staline », « Grand inquisiteur », etc. « L’homme le plus puissant du monde – Xi Jinping aurait plus d’influence que Trump. Le monde devrait se méfier », titre The Economist, porte-voix de l’oligarchie financière britannique.

La BBC a publié le 17 octobre un long article intitulé « Les pensées du chef Xi », décrivant l’ascension de Xi Jinping dans le PCC jusqu’à son élection en 2012, puis sa campagne anti-corruption – admettant que des sections du Parti étaient terriblement corrompues, mais affirmant que Xi s’en est servi pour éliminer ses opposants politiques plutôt que la corruption. S’il n’avait pas lancé cette campagne, on l’aurait accusé de complaisance vis-à-vis de la corruption, comme dans un procès en sorcellerie... L’hypocrisie tourne enfin au ridicule quand l’article explique que « tous les téléphones mobiles sont potentiellement sous écoute », ajoutant que même Mao n’avait pas le contrôle sur la population dont Xi dispose. Avez-vous entendu parler d’Édouard Snowden ?, voudrait-on leur demander.

Le cynisme, cache-sexe de la déprime occidentale

Dans son éditorial « Contre-modèle chinois » paru au Figaro le 18 octobre, Arnaud de La Grange y va sans demi-mesure : « Xi a tout verrouillé, le champ politique comme la société. Concentration des pouvoirs, nettoyage implacable des rivaux, étouffement des voix dissonantes... Le cheminement absolutiste est implacable. Le tout cimenté par un regain de l’idéologie, syncrétisme de crypto-maoïsme et de vieilles philosophies chinoises ». Confucius peut aller se rhabiller !

Puis vient l’aveu : « Le président chinois peut même (…) se montrer capable de vision longue, comme celle des routes de la soie, quand les Occidentaux naviguent à vue ». En effet, la réalité est bien celle-ci : empêtrés dans un système en faillite incapable d’offrir un avenir viable à la population, les Occidentaux sont face à la Chine moderne et son initiative « Une ceinture une route » (OBOR) comme des poules hypnotisées devant une craie.

« Avec OBOR  », reconnaît The Economist, « ce sont des centaines de milliards de dollars qui vont être investis à travers le monde, dans des voies ferroviaires, des ports, des centrales d’énergie et autres infrastructures, apportant la prospérité dans de vastes régions du monde. C’est le genre de leadership que l’Amérique n’a plus été capable de montrer depuis l’époque du Plan Marshall d’après-guerre en Europe occidentale (qui était considérablement plus petit) ».

Voir le monde avec les yeux du futur

Dans son message au XIXe Congrès du PCC, Jacques Cheminade rappelle ce que disait le Général de Gaulle : « Il n’est pas exclu que la Chine redevienne au siècle prochain ce qu’elle fut pendant des siècles, la plus grande puissance de l’univers ».

Combien de Gaulle était-il visionnaire ! Khairy Tourk, professeur d’économie à Stuart School of Business de l’Institut de technologie de l’Illinois (IIT), estime que l’initiative OBOR est « le plus grand projet de l’histoire », et va devenir « un moteur de croissance dans le futur exerçant une influence majeure sur l’économie mondiale à long terme ». (source Xinhua)

Tuo Zhen, le porte-parole du PCC, a déclaré lors d’une conférence de presse que « pour la première fois de l’histoire et dans un espace de temps très court, près d’un milliard d’êtres humains a pu entrer dans la modernité. (...) Entre 2013 et 2016, les entreprises chinoises ont investi environ 560 milliards de dollars à l’extérieur de la Chine, apportant ainsi environ 100 milliards en taxes et impôts dans les pays hôtes, et créant des millions d’emplois dans les communautés locales ».

Au cours de son discours, Xi a appelé à accélérer la modernisation de la Chine, avec deux objectifs pour le siècle prochain : 1) faire du pays une société « modérément prospère » d’ici 2020, ce qui implique l’élimination concrète de la pauvreté – le nombre de pauvres en Chine a chuté de 775 millions en 1980 à 46 millions en 2016 ! Il y a ainsi désormais plus de pauvres aux États-Unis. 2) Transformer d’ici 2050 la Chine en « une société forte, démocratique, culturellement développée et en une nation belle et harmonieuse » qui « sera devenue un membre pleinement actif de la communauté des nations ».

C’est sans doute cet esprit optimiste que l’oligarchie financière transatlantique redoute le plus de voir devenir viral en Occident, alors qu’elle pensait s’être débarrassé définitivement de l’élan qui avait animé la période des « Trente Glorieuses », en induisant un pessimisme culturel servant de caution à la dictature financière.

Comme disait Franklin Roosevelt, il n’y a qu’une chose dont on doive avoir peur, c’est de la peur elle-même. Alors, jetons notre cynisme et notre condescendance à la rivière et inspirons-nous de la grande vision de la Chine, c’est-à-dire : redevenons nous-mêmes !